La Cathédrale Saint-Germain de Rimouski

Tableau de saint Germain d'Auxerre

Le premier colon établi à Rimouski en 1696, Germain Lepage, fils d'Étienne Lepage et de Nicole Berthelot, était originaire de la paroisse Notre-Dame Duenne, aujourd'hui commune d'Ouanne, dans le diocèse d'Auxerre où saint Germain l'Auxerrois était en grande vénération. En 1736, Rimouski avait une église placée sous le patronage de saint Germain d'Auxerre. Le chef de la famille Lepage, Nicolas Lepage de la Faussaie, un des fils du seigneur René Lepage, fit un don de 600 livres à l'église pour l'achat d'un tableau représentant un épisode de la vie du saint en qui il révérait un lien le rattachant à sa Bourgogne lointaine.

Un tableau représentant le saint a donc été commandé en 1736, pour la somme de 328 livres, à l'occasion d'un voyage que fit en France l'abbé de Miniac, sulpicien, vicaire général de Québec. Il a été reçu à Rimouski vers 1740. Il n'est pas signé. Il a été attribué, sans doute à tort, à Vien, puis à Michel Van Loo, puis à Louis de Boulongne qui ont peint des Saints Germain à la médaille. Il pourrait plutôt être une reproduction anonyme d'une oeuvre de K. Audran qui a réalisé des gravures de saint Germain d'Auxerre (1655) semblables au tableau de la Cathédrale de Rimouski. K. Audran (1594-1674) appartient à la célèbre famille des graveurs lyonnais dont plusieurs se sont également adonnés à la peinture. Il est indiqué dans les recueils spéciaux comme auteur d'un saint Germain et d'une sainte Geneviève.

Ce tableau se trouvait donc dans la première église de Rimouski. Avec le temps, il s'est promené de la cathédrale à l'évêché, passant par le musée, avant de reprendre sa place définitive derrière la Sainte-Réserve. On raconte que lors du passage de la flotte anglaise devant Rimouski, en 1759, pendant la guerre de Sept ans, la population le cacha dans les bois où il subit quelques dommages. Il fut restauré en 1790.

Sur le tableau, nous voyons saint Germain d'Auxerre, passant à Nanterre, près de Paris, avec saint Loup, évêque de Troyes, et deux autres clercs: Germain reçoit le voeu de virginité de sainte Geneviève, bergère âgée de dix ans, et lui remet une médaille d'airain timbrée d'une croix, gage de sa consécration à Dieu. Le saint, revêtu des ornements sacerdotaux, mitre en tête, crosse à la main, est représenté debout; Geneviève est agenouillée devant lui. Les trois clercs placés derrière l'évêque, sur la partie droite du tableau, suivent la scène de leurs yeux étonnés. L'heureuse disposition des personnages, la finesse des traits, l'expression des physionomies, paraissent indiquer que ce tableau est l'oeuvre d'un peintre de talent.

Il est à noter que la paroisse et le diocèse de Rimouski sont sous le patronage de SAINT GERMAIN DE PARIS, alors que la toile représente plutôt SAINT GERMAIN D'AUXERRE. La raison de cette confusion est fort simple. Les premiers habitants de Rimouski avaient choisi saint Germain d'Auxerre pour leur patron, Germain Lepage, père du seigneur René Lepage, étant originaire du diocèse d'Auxerre en France. Cela explique l'achat de cette toile. Mais lorsque l'évêque de Québec, Mgr Panet, érigea canoniquement la paroisse de Rimouski en 1829, il lui donna plutôt pour titulaire saint Germain de Paris: il aurait estimé que Germain de Paris (496-576), de modeste origine, bon, pieux, zélé et charitable, convenait mieux aux paroissiens de Rimouski que Germain d'Auxerre (380-448), d'origine très illustre, noble patricien, avocat et farouche chasseur, devenus aussi célèbres l'un que l'autre par leur sainteté et l'éclat de leurs miracles.

D'après :

- Aimé Barrey, Contribution à l'iconographie de Saint-Germain. Auxerre, Imprimerie « l'Universelle », 1939. 7 p. ill.

- Mgr R.-Ph.Sylvain, Saint Germain évêque de Paris, titulaire de la cathédrale et patron du diocèse de Rimouski. Rimouski, Soeurs du Saint-Rosaire, 1932, 255 p. ill. Cf. p. 18, 228-229 et 249.

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