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Fondateur d'un Institut marial (1929-1943)

Voici que je me tiens à la porte et que je frappe: si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi (Apoc 1, 20).

GENÈSE DE L'OEUVRE

Les Fondateurs furent des personnes élues de Dieu pour accomplir, avec d'autres que Dieu leur destinait et qui seraient marqués par eux, une oeuvre particulière.

Monsieur le Curé Alexandre Bouillon, descendant d'un " conducteur de chaloupe", le fils d'un pilote, ne pouvait échapper à l'atavisme. Il avait été marqué par l'appel de l'Immensité, le goût du risque et de l'aventure.

Dans son âme d'apôtre, il a sublimé le métier paternel. Tout jeune, il s'est tenu sur la rive, attendant le passage du Maitre. Comme Jacques et Jean, il a quitté sa goélette et son Père pour devenir pêcheur d'hommes.

Il s'est embauché dans la barque de Pierre. II a connu la haute mer, les vents contraires, les périls de l'Eglise, pendant ses quarante-quatre années de sacerdoce.

L'organisation de sa paroisse étant à point, un jour, il s'est pris à rêver d'une voile dédiée à l'Etoile de la Mer.

On ne peut plus trouver de ménagères sérieuses pour tenir les presbytères. Depuis longtemps, je songe à fonder une communauté qui se donnerait à cette ceuvre à laquelle peu ne pense. Je crois que !'heure de Dieu est venue. J'en demande la permission aujourd'hui même à Monseigneur.

PRÉSENTATION A SON ÉVÊQUE

A Sa Grandeur Monseigneur G. Courchesne, Evêque de Rimouski.

Monseigneur,

je m'occupe, depuis que je suis curé, de gouvernante de presbytère et je constate qu'il est de plus en plus difficile de tomber sur un sujet apte et d'àge requis pour demeurer dans nos maisons.

Vous-même Monseigneur, qui avez charge de notre diocèse, avez dû remarquer plus d'une fois toutes les difficultés que nous rencontrons à trouver une bonne fille et dans plusieurs cas, les misères qui peuvent en résulter, faute d'avoir ce qu'il faudrait.

Ne serait-ce pas entrer dans les vues de la Providence et dans celles des confrères en cherchant un moyen de combler une lacune en établissant une communauté ou congrégation de femmes tertiaires destinées à être servantes dans les presbytères?

Les communautés de servantes, existantes déjà, ne peuvent aller moins de trois dans les presbytères, ce qui empêche les curés de campagne d'avoir recours à leurs services lorsqu'ils ont besoin d'une ou deux servantes au plus.

Des tertiaires pourraient aller deux partout où elles seraient demandées.

Elles porteraient un costume uniforme et déterminé en temps voulu qui les distinguerait des autres et leur rappellerait en même temps qu'elles appartiennent à une congrégation.

Si Votre Grandeur juge que l'essai peut être tenté, je La prie de bien vouloir me permettre de m'occuper de la chose et si je vois chance à réussite, je soumettrai le tout à Votre Grandeur qui décidera ce qu'il y aura à faire.

De Votre Grandeur, le tout dévoué serviteur. A. Bouillon, ptre.

Lac-au-Saumon, le 13 juillet 1929.

La réponse ne tarde pas à venir.

Evêché de Rimouski le 16 juillet 1929

Cher Monsieur Bouillon,

Je ne sais pas ce dont il s'agit, mais Monseigneur vous fait dire qu'il serait très heureux de voir votre projet mis à exécution, avec succès.

Votre tout dévoué en N.S. S.E. Chénard, Ptre Chancelier.

RECHERCHE D'UNE FONDATRICE

Tout à la joie de l'autorisation reçue de son évêque, Monsieur Bouillon se met à la recherche d'une personne possédant les vertus et les qualités nécessaires à la réalisation du plan de Dieu sur son oeuvre.

Malgré les bonnes dispositions et le désir de répondre à son projet, les personnes qualifiées à qui il s'adresse n'apportent qu'une réponse négative. Seule, Mademoiselle Marie Anne Ouellet n'a pas donné de refus formel.

MARIE-ANNE OUELLET

Mademoiselle Ouellet est originaire de Saint-Anaclet. Elle est la sixième d'une famille de seize enfants. Son père. Basile Ouellet, sa mère, Philomène Savoie, furent tous deux des chrétiens exemplaires à la foi profonde. De cette foi, l'âme de leur enfant en reçut une forte empreinte.

A l'âge de quatorze ans, elle devient institutrice dans sa paroisse natale, moyennant un salaire de quarante dollars par année. Institutrice elle le sera durant vingt-six ans.

Au cours de ses années d'enseignement, Mademoiselle Ouellet fit deux essais de vie religieuse: le premier en 1894, chez les Soeurs Grises de Montréal, et le deuxième en 1910, chez les Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire de Rimouski.

La Providence, la réservant pour une oeuvre de son choix, entrave le rêve de celle-ci. La maladie terrasse la pauvre postulante et elle doit retourner dans son foyer. Le 24 juillet 1910, elle écrit dans ses notes intimes: " Vous êtes toujours bon,ô mon Dieu, et admirable dans vos voies. Soyez béni!"

En 1919, sa tâche d'institutrice étant terminée, elle devient gouvernante au presbytère de Sainte-Flavie.

De 1920 à 1929, elle élève la famille de son frère Anaclet éprouvé pour la deuxième fois par la perte de sa femme qui lui laisse dix enfants.

C'est en accomplissant cet inappréciable service qu'à la fin du mois d'août 1929, une lettre lui arrive de M. l'abbé Bouillon, Curé à Lac-au-Saumon, déconcertante et imprévue.

 

A Demoiselle Marie-Anne Ouellet
St-Anaclet

Ma Demoiselle,

Je ne sais pas si vous savez déjà que je m'occupe de fonder une communauté de femmes dont le but serait le service dans les presbytères, tenir des maisons de retraite pour les prêtres retirés, tenir des écoles ménagères, etc... Monseigneur Courchesne souhaite que mon projet réussisse, et il semble y tenir beaucoup; car il tonnait les besoins et la nécessité d'une telle fondation. Le nom de cette future communauté sera: les Soeurs de Notre-Dame, Reine du Clergé, ou tout court: les soeurs de Notre-Dame du Clergé. Le nom est beau et approprié, comme vous voyez!...

Je cherche une fondatrice... Vous sentiriez-vous appelée à être la fondatrice?... Le bon Dieu qui vous a conservée avait un but évidemment, et celui proposé, ne serait-il pas celui-là???

Je sais que vous avez vos vieux parents; mais ne pourriezvous pas régler l'affaire et venir vous consacrer à cette oeuvre?... Je voudrais que celles qui veulent se dévouer puissent venir au mois prochain, septembre (ce qui prolongerait l'épreuve d'un peu plus de six mois) car la prise d'habit n'aurait lieu qu'à la fête de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, en août 1930.

La question du costume serait réglée par les fondatrices: mais il faudrait un habit simple, pas encombrant, et beau tout à la fois, afin d'attirer un peu les jeunes filles par la beauté du costume et du nom...

Il me semble que, vu votre expérience, vous pourriez nous être d'un grand secours dans la fondation de cette oeuvre, qui, je n'en doute pas, est voulue du bon Dieu. Je pense que nous pourrions en trouver d'autres, mais c'est la fondatrice qu'il m'est important de trouver, apte à conduire cette affaire. Vous pourriez vous-même peut-ètre en trouver quelques-unes parmi vos connaissances et amies...

II faudrait avoir quinze ans au moins, avoir l'extrait de l'acte de son baptême, un certificat de confirmation, de moralité et du médecin. J'attends votre réponse.

Pour ce qui est de la famille de votre frère dont vous avez soin, il me semble savoir que maintenant cette famille a de grands enfants, capables de se suffire eux-mêmes...

Je vous prie d'excuser ce bout de papier... Je suis en plein dans l'esprit de pauvreté comme vous voyez...

Votre tout dévoué

A. Bouillon, ptre.

Le 30/8/29.

La réponse ne se fait pas attendre, réponse pleine de sagesse et d'humilité.

Au Révérend Monsieur Alexandre Bouillon, ptre, Curé,
Lac-au-Saumon.

Cher Monsieur le Curé,

Votre demande m'a fort surprise car je n'ai pas entendu parler de votre ceuvre avant la réception de votre lettre - c'est vous dire qu'elle m'a prise au dépourvu. Aussi, je n'ose vous donner un refus formel, mais je ne puis non plus, dans un chose si grave et si importante: " Une fondation nouvelle ", vous donner d'emblée une réponse affirmative.

Voici mes raisons: l'oeuvre est digne d'envie, mais l'oeuvre des presbytères ne me tente pas, les écoles ménagères ne me disent non plus grand chose; le soin des Prêtres retirés malades ou vieillis dans le ministère, oh! oui cela attire mon dévouement, mais l'oeuvre entre toutes qui fait battre mon coeur, c'est celle que j'ai vue en vision ou rêve - je ne puis dire mieux - le 29 septembre 1894, j'avais 22 ans, je devais le jour même recevoir ma réponse de prise d'habit chez les Soeurs Grises de Montréal. Je me trouvais dans une contrée inconnue avec un habit religieux inconnu aussi en face de ruines effrayantes. Un ciel de plomb sur nos têtes, mes compagnes découragées voulaient tout abandonner. Seule, agenouillée je suppliais le ciel d'avoir pitié de la phalange de jeunes enfants, qui tendaient vers moi leurs mains suppliantes, me conjurant d'avoir pitié d'eux. La minute était angoissante: dans ma détresse, je criai au Coeur de mon Jésus d'avoir pitié de nous et redis: " Coeur Sacré de jésus, j'ai confiance en vous."

Oh! alors minute inoubliable! Une large déchirure se fit, une belle croix parut dans le ciel bleu et une voix se fit entendre dont je ne puis dire la suavité: " Pourquoi craindre? Ne savez vous pas que mon coeur veille sur vous. Mon coeur est tout grand ouvert pour vous recevoir. Quand je revins à moi, j'étais à genoux répétant sans cesse: " O mère de bonté, soyez mon refuge dans mes besoins, ma consolation dans mes peines..."

Longtemps après le 21 novembre 1916, je vis encore à per près la même chose, cette fois la voix me répéta plusieurs fois " Je te confie mes prêtres et mes enfants". Puis un prêtre d'un beauté ravissante m'apporta jésus dans l'Ostensoir et me dit " Marche avec Lui tu n'as rien à craindre>.

Tout cela vous le comprenez ne pouvait être que des rêve: mais ils sont restés si vivants dans mon souvenir que ni les fatigues. ni la maladie, ni le temps n'ont pu rien effacer, et j'avou que quand j'ai entendu parler de l'Orphelinat que sa Grandeur veut élever à Estcourt, mon tueur a battu plus fort et plus vit et j'ai prié et je prie chaque jour pour cette ceuvre à laquelle j n'espère pas contribuer de ma pauvre vieille personne, mais qu mon coeur resté jeune désire voir naître, croître et se développe largement.

Pour la vôtre, vous le voyez, jusqu'ici je me sens peu d'attraits, puis il me faudrait la permission de mon Directeur, connaître la volonté divine, étudier la chose à fond afin de n'être pas une pierre d'achoppement à votre oeuvre grandiose. Je va prier pour vous afin que Jésus et Marie vous fassent bien coi naître votre future fondatrice et qu'avant de lancer votre oeum elle soit initiée elle-même, façonnée si je puis dire, afin quel soit apte à diriger les compagnes que le bon Dieu lui enverra car, voyez-vous son embarras pour former les autres si elle-même n'est pas bien imprégnée de l'esprit qu'elle doit implanter dans les autres.

Vous le savez, toute fondation nouvelle comporte de graves conséquences et presque toujours des difficultés presqu'insurmontables. Alors pour lutter avantageusement il nous faut, outre une grâce extraordinaire, un courage que rien n'abat, une persévérance inaltérable. Pour cela, il faut être certain que c'est l'oeuvre de Dieu et que nous soyons imprégnés, si je puis dire, de l'esprit de cette ceuvre et prendre le temps qu'elle s'implante au plus profond du coeur de votre fondatrice, ce qui demandera certainement quelques jours. Pour moi, ouvrir avec quelques compagnes dès la fin de septembre, c'est impossible. Avant de semer, il me faut connaître le terrain.

Pardonnez-moi, si ma réponse n'est pas conforme à vos désirs, vous connaissez ma franchise. J'aime mieux donner mes raisons avant de faire un pas que nous regretterions peut-être amèrement plus tard.

Je demeure toujours votre humble et dévouée en J.M.J.
M. Anne Ouellet

St-Anaclet 1 septembre 1929.

INSISTANCE DE L'ÉVÊQUE

Mademoiselle Ouellet n'a pas donné de refus formel; aussi, L'abbé Bouillon revient-il à la charge.

Mademoiselle Marie-Anne Ouellet
St-Anaclet

Ma Demoiselle,

je viens de recevoir votre lettre, de la lire et de la relire attentivement. Je croyais que votre objection, ou que l'obstacle viendrait de ce que vous avez la garde de la famille de votre frère et le soin de vos vieux parents. Vous ne m'en dites pas un mot, c'est donc que de ce côté, il n'y arien qui empêche, n'est-ce pas?

La fondation de la communauté des Soeurs de Notre-Dame du Clergé me semble voulue par le bon Dieu, puisque Monseigneur l'Evêque souhaite vivement que cette oeuvre prenne corps, se développe et soit bénie du bon Dieu. Monseigneur, plus que tout autre, peut-être à cause des besoins qu'il connaît intimement, voudrait voir cette oeuvre nécessaire s'établir, grandir et prospérer.

Vous remarquerez qu'il y a des communautés pour toutes les ceuvres de charité: et qu'il n'y en a pas pour s'occuper des prêtres, qui sont certainement les enfants privilégiés du divin Maître, du grand Prêtre par excellence. Cette oeuvre a eu son commencement dès l'institution du sacerdoce et la très sainte Vierge en a été la première directrice; mais, malheureusement, elle n'a pas eu d'imitatrice, et l'oeuvre est restée inachevée.

C'est à nous, n'est-ce pas, alors que les misères du temps nous y pressent, de prendre en main la conduite de cette entreprise si bien commencée du temps où les Apôtres étaient sous les soins maternels et empressés de la Mère de leur divin Maître; l'Ecriture ne dit rien, il est vrai, du travail de la bonne Vierge, pour les prêtres de son divin Fils, les Apôtres, mais ne nous est-il pas permis de le supposer, et cela n'est-il pas tout naturel?... De plus, l'Eglise ne nous le laisse-t-elle pas entendre, en invoquant Marie comme Reine du Clergé, comme la Mère du prêtre surtout?

Ce que vous me dites, Mademoiselle, semble m'apprendre que le bon Dieu, si vous en avez la capacité, vous a réservée pour cette oeuvre qui, croyez-moi, est celle qui lui est la plus agréable et qui touche le plus à son charitable Coeur.

Vous faites bien de prier, de consulter, mais suivez bien l'inspiration du ciel. Je vous conseillerais de voir Monseigneur vous-même, de lui parler de la chose, de lui faire part de tout ce que vous savez et entrevoyez, et si le bon Dieu le veut, suivez bien ses conseils qui seront certainement venus de Dieu, puisque vous le savez, dans ces questions surtout, l'évêque le véritable représentant du bon Dieu au milieu de nous, a toutes les grâces d'état pour nous éclairer et nous aider à voir la volonté de la divine Providence sur nous. Si donc votre santé ou les besoins de votre famille ne s'y oppose pas, consultez surtout Monseigneur l'Evêque, et suivez bien ses enseignements.

Je pense que, dès que nous aurons une bonne fondatrice, personne de bon sens, de jugement, et désignée par le bon Dieu, le recrutement se fera facilement.

Si je vous ai parlé du mois de septembre, c'est que, comme vous le supposez sans peine, il y aura bien des choses à prévoir, discuter et juger, et il y aura aussi à recevoir les postulantes, afin que toutes soient entrées pour le 25 janvier, ce qui nous permettra de faire une première prise d'habit à la fête de l'Assomption au mois d'aofit 1930.

(...)J'attends une lettre de vous me disant ce que vous pensez de tout cela et du résultat de votre entrevue avec Monseigneur l'Evêque.

L'oeuvre de ces religieuses sera: la tenue des presbytères, des sacristies, des maisons de retraite pour les prêtres retirés, surtout prier pour le clergé, etc. Nous ajouterons les écoles ménagères, puisque ces religieuses seront spécialisées dans les ouvrages de toutes sortes, elles pourront alors donner plus efficacement des leçons de travaux manuels, et ce sera aussi un moyen de recrutement pour elles.

Je prie pour vous et ayez un souvenir pour moi et pour l'ceuvre que nous commençons.

Votre tout dévoué,

A. Bouillon, Ptre.

Lac-au-Saumon, le 3/9/29.

Mes respects à vos bons vieux parents.

Une impulsion secrète semble diriger l'âme de Monsieur Bouillon, mais il doit aller « au pas de Dieu », attendre les moments de Dieu.

St-Anaclet, 25 sept. 1929

Au Révérend Monsieur A. Bouillon, Ptre, Curé Lac-au-Saumon

Monsieur le Curé,

Depuis ma dernière lettre il est certain que j'ai prié, fait prier, j'ai consulté et même vu sa Grandeur Monseigneur. Ce dernier ne m'a pas seulement conseillée, mais m'a fortement pressée de prendre la direction de votre CEuvre.

Telle que présentée par sa Grandeur, elle est destinée à faire beaucoup de bien, mais, a-t-il ajouté, il faut y aller sagement, ne rien précipiter: pour cela il veut que j'aille vous voir, (sans que personne ne le sache, si possible, en allant voir mon frère à Causapscal) pour connaitre le site, la maison, discuter les avantages et les difficultés. Sans un empêchement imprévu j'y serais allée aujourd'hui. A présent je le pourrai peut-être à la fin de la semaine prochaine.

Pour répondre à vos questions, j'aurai 58 ans le 30 octobre, ma santé comme toujours, sans être Samson, me laisse continuellement vaquer à mes multiples devoirs et puis c'est le bon Dieu qui la donne, de ce côté, je ne m'inquiète pas.

Ma famille: il est certain que si ma vieille mère était au ciel avec la sainte Vierge je serais plus contente. Depuis plus de deux ans que, jour et nuit, elle a besoin d'aide, mais Monseigneur m'a dit, quand ce sera le temps, qu'il écrira lui-même à maman et à ma famille qui ne savent rien encore. II approuve mon silence.

Le plus fort obstacle vient de mon Curé, lui, ne veut pas en entendre parler. Sa Grandeur m'a dit qu'il allait lui en parler et qu'il devait aussi vous écrire. Si j'aimerais l'ouvre? Ahl vous savez bien qu'elle m'est chère et puisqu'elle deviendra oeuvre pour tous les besoins diocésains, l'oeuvre rêvée deviendra réalité. Si le bon Dieu veut que malgré mon indignité j'en sois une collaboratrice, je lui répondrai comme ma bien-aimée Mère du ciel: « Voici l'humble servante du Seigneur. » Pour cela, entendez-vous avec Monseigneur pour vaincre les obstacles.

En attendant, demandons au Saint-Esprit qu'Il verse à flots ses divines lumières afin que tout soit fait selon la volonté et les désirs du Coeur Sacré de Jésus et sous la protection de 1a Reine du Clergé et du grand saint Joseph.

Continuons à prier.

Je demeure votre dévouée en J.M.J.

M. Anne Ouellet

P.S. Cependant si vous trouvez que je suis trop lente à voue arriver et que vous en ayez une autre bonne en vue, je vous autorise à la demander, quoiqu'avec votre oeuvre de coeur, je ne brusquerai rien, j'attendrai l'autorisation de mes Supérieurs. En tout et partout je veux la Volonté Divine. M.A.O.

Etant donné la mouvance du souffle de l'Esprit, les circonstances retardant l'arrivée de la fondatrice n'entravent aucunement la marche du fondateur. Il ne reste pas inactif: il s'occupe de recruter des sujets, répond aux aspirantes. Il fait transformer une partie de la salle paroissiale en logement convenable, il se rend à Québec faire des achats: mobilier, batterie de cuisine et autres.

(...) Vous serez dès le commencement dans votre logis, ce sera mieux ainsi, vous serez plus retirées, et les exercices pré$minaires se feront plus sagement et plus sûrement. Je m'occupe actuellement de jeter les bases des constitutions.

Le 8 octobre 1929, il écrit:

Lac-au-Saumon (Matane)

A Demoiselle Marie-Anne Ouellet
St-Anaclet

Ma Demoiselle.

J'ai votre lettre. Non je n'ai pas cherché d'autre directrice... Je vous attends, si c'est la volonté du bon Dieu, comme vous me l'exprimez, sur votre lettre. II sera assez tôt de venir le 21 novembre ou à peu près...

Actuellement, les travaux se poursuivent... lentement, il est vrai... mais sûrement... pour rendre votre logis acceptable.

Vous ferez bien de voir Monseigneur l'Evéque. C'est lui qui peut vous guider plus sûrement...

Bonne santé et persévérance... Je prie à vos intentions. Des saluts à la famille.

Votre tout dévoué,

A. Bouillon, ptre.

En travaillant à la réalisation de son désir, Monsieur Bouillon demande conseil et rend compte à son évêque de ses activités. Une lettre du 20 novembre 1929, nous le révèle.

(...) La Demoiselle Ouellet n'est pas encore ici. je l'attends demain, mais comme ma réponse à Votre lettre est probablement pressée, je ne veux différer davantage à y faire droit.

Les sujets s'annoncent assez bien; nous en aurons probable ment la demi-douzaine, pour le 8 décembre prochain.

Je vous remercie, Monseigneur, de l'aide efficace que vou: donnez à cette difficile entreprise; mais qui réussira avec l'aidE du bon Dieu, puisque c'est sa volonté qui xn'apparait visible dE plus en plus.

Je demeure toujours, Monseigneur, Votre Grandeur, le toue dévoué serviteur,

A. Bouillon, ptre.

Mademoiselle Ouellet a rencontré Monseigneur Georges Courchesne. Le désir de son évêque est un ordre qui viens d'en haut: «Il veut absolument que je marche. »

Révérend Monsieur A. Bouillon, Ptre, Curé Lac-au-Saumon

Monsieur le Curé,

J'ai vu Sa Grandeur Monseigneur, il veut absolument que j c marche» ne comptant que sur le secours d'En-haut et sur le lumières de mes supérieurs. Alors, il faudra bien m'exécuter. J'~ écrit à ma soeur, qui demeure avec mon frère à la Rivière-Bleu si elle ne pourrait pas venir me remplacer auprès de ma vieill mère. J'attends sa réponse.

(...) Monsieur le Curé, Monseigneur m'avait dit en septembt qu'il écrirait à maman pour lui demander et lui adoucir le sacrifie de mon départ, ce serait une grande consolation pour elle. Si von trouvez la demande convenable me serait-il permis de vous prie de vous entendre avec lui et, s'il le voulait, faire passer cette demande par mon Curé, il me semble que ce serait mieux. Qu'en pensez-vous?

Comme toujours, je me souscris, Monsieur le Curé, votre humble et dévouée en J.M.J.

M. Anne Ouellet

St-Anaclet 21 nov. 1929

Le fondateur ne reste pas insensible aux épreuves de sa digne collaboratrice, les lignes suivantes, adressées à son évêque, le 23 novembre 1929, en font preuve.

J'ai tenu à vous envoyer la teneur de cette lettre, à cause de la demande qu'elle fait à Votre Grandeur et qu'elle me prie de lui adresser. Je suis certain, Monseigneur, qu'un mot de Votre part, à cette bonne vieille mère malade la réconforterait: car dans l'état où elle se trouve, il est évident qu'elle manque de secours naturels pour faire au bon Dieu le sacrifice qu'elle eût fait généreusement, si elle était dans un meilleur état de santé.

Je vous annonçais que nous dépasserions probablement la demi-douzaine depuis, j'ai quelques demandes, et je serais heureux d'offrir à Marie Immaculée, le jour de sa fête, le nombre mystérieux de l'Evangile qui a conquis l'univers et qui s'est multiplié si magnifiquement.

Avec ma reconnaissance pour tout le bien que Vous no faites, Monseigneur, je suis heureux de me souscrire,

De Votre Grandeur, le tout dévoué serviteur

A. Bouillon, ptre.

Précédemment nous avons vu la décision de Mademoiselle Ouellet. Résolue, elle apprend à la famille son prochain départ et le 6 décembre, elle se rend à Lac-au-Saumon.

Monsieur le Curé Bouillon et quatre aspirantes l'attendent au presbytère. Elle arrive par le train de 18 heures. Avec quelle joie et quelle cordialité elle est accueillie.

Après le souper, relate Soeur Antoinette Vallée, on cause aimablement en compagnie du Père Fondateur. La veillée terminée chacune se retire.

Au soir de ce jour, que se passe-t-il dans l'âme du fondateur, qui attend non seulement des sujets pour la formation du premier noyau de son Institut, mais que sonne "l'heure mystérieuse" de Yahweh manifestant sa Volonté?

INSTALLATION

La correspondance échangée entre Monsieur le Curé Bouillon et Mademoiselle Ouellet nous apprend qu'il avait prévu un logement pour la future communauté.

Ce berceau de l'Institut comprenait deux étages divisés en deux parties. Dans la partie nord, il y avait deux classes dirigées par les Révérendes Soeurs du Saint-Rosaire.

La deuxième partie fut réservée aux membres de la Pieuse Association. On avait aménagé une cuisine où l'on prenait les repas; une salle de communauté servant en même temps de dortoir. A l'extrémité une salle de bain. Face à la communauté, trois chambres ouvrant sur le dit appartement. L'une servait de chambre-bureau à la fondatrice, l'autre d'infirmerie et la troisième de dépendance.

Près du corridor de l'entrée, à gauche, un parloir.

Déjà, nous avons vu que M. Bouillon avait acheté des lits, batterie de cuisine, poêle et autres ustensiles. I1 attendait des ouvrières pour installer l'immeuble. C'est à cela que se dévouèrent les demoiselles Vallée et Collin, arrivées quelques jours auparavant. Elles firent si bien que la maison rayonnait d'ordre et de propreté lors de la venue de Mademoiselle Ouellet.

PARTAGE

De ferventes « Orantes » coopèrent à la joie du fondateur. Par leur immolation, en diverses étapes difficiles pour l'Institut, elles ont tendu les mains vers le Seigneur. Notre gratitude à leur endroit ne saurait demeurer silencieuse.

Rimouski, 6 décembre 1929.

Monsieur le Curé A. Bouillon
Lac-au-Saumon

Les petites Servantes de jésus-Marie s'unissent aux allégresses de votre âme sacerdotale à l'occasion de l'ouverture du Noviciat de votre chère petite communauté. Servantes des prêtres de Jésus, comment ne saluerions-nous pas avec une tendresse toute fraternelle les premiers pas de celles que nous aimerons nommer nos petites Soeurs bien-aimées.

Daigne Jésus-Prêtre les visiter dans sa paix, les regarder, les faire croitre, les multiplier. Daigne la Vierge Immaculée les garder toujours sous son manteau.

Nous vous adressons, M. le Curé, un modeste souvenir pour votre communauté. En retour veuillez bénir vos petites servantes et leur Mère heureuse de se dire avec respect,

Votre humble servante en Jésus-Marie, Sr Marie de l'Agnus Dei, S.J.M.

Mère-Servante

Soutenu dans son cheminement vers l'inconnu par l'Autorité diocésaine et la prière « d'orantes », M. Bouillon poursuit son oeuvre.

VERS LE NOVICIAT

Le 7, veille de la fête de l'Immaculée-Conception, à la tombée du jour, M. le Curé Bouillon et les cinq aspirantes se rendent à l'église. Fondateur et fondatrices dans une ferveur unanime confient au Seigneur leur démarche, leurs désirs et leurs aspirations. Ils sont à l'écoute...

Ce coeur à coeur avec Dieu terminé, on se rend au presbytère. Dans un geste paternel le vénéré fondateur remet à chacune un souvenir: crucifix, cadres, reliquaires, lesquels serviront à l'ornementation de la nouvelle demeure.

Et le père fait route avec ses filles spirituelles. Lentement, ils gravissent le coteau. Le père sait intéresser, il a voyagé, il a vécu. Les moments passent vite en une si agréable compagnie. Déjà on est rendu.

On entre, d'un oeil vif et clairvoyant, le père s'enquiert s'il ne manque aucun nécessaire. Il échange encore quelques paroles, bénit les assistantes et se retire.

Prévoyant, l'abbé Bouillon sensibilise ses paroissiens à la fondation de l'oeuvre qu'il projette, les met au courant de sa pauvreté et les invite à lui porter secours.

Pour s'occuper plus activement de la petite communauté, il fait appel à quelques personnes bénévoles: « Les Dames Patronnesses » qui, avec le concours des paroissiens, organisent des parties de cartes, des séances récréatives afin de procurer les subsides nécessaires à la fondation et à la subsistance du futur Institut.

Malgré la dépression qui sévit alors dans le monde, la population de Lac-au-Saumon fut remarquable de charité, de dévouement et de générosité.

Que le Seigneur la bénisse et la lui rende à jamais!

SOUS L'ÉGIDE DE MARIE

Que tous les fidèles adressent avec instance des prières à la Mère de Dieu et à la Mère des hommes, elle qui entoura de ses prières les débuts de l'église ...

Dans l'histoire de la Communauté, dans l'histoire de Lac-au-Saumon, le 8 décembre 1929 reste une date mémorable grâce à un événement particulier. En effet, ce jour-là, fête de l'Immaculée-Conception de la Vierge Marie, prend naissance une nouvelle Congrégation religieuse.

Depuis longtemps le vénéré fondateur l'a préparée dans la prière et le sacrifice. Aujourd'hui le temps est révolu.

Cérémonie du 8 décembre 1929,
à l'occasion de la première entrée au Postulat des Soeurs de
Noire-Dame, Reine da Clergé.

Cérémonie, le matin, à 6.45h, suivie de la messe à 7 hr.
1 - Veni Creator chanté.


2 - L'Officiant s'adresse aux Aspirantes.
D. - Mes Filles, que demandez-vous?
R. - Nous demandons de nous consacrer à Notre-Dame, Reine du Clergé, pour les besoins spirituels et temporels du Clergé, et pour toutes les autres oeuvres de charité que les circonstances exigeront de nous.
D. - Pouvez-vous observer fidèlement les règlements et Constitutions que vous adopterez, et vous montrer toujours les dignes servantes de Marie Immaculée, Reine du Clergé?
R. - Nous le promettons avec la grâce de Dieu et de Marie Immaculée. Reine du Cergé.
Le Célébrant ajoute: Deo Grafias. Lisez votre acte de consécration à votre bonne Mère du ciel.
O Sainte Vierge Marie, Immaculée, Reine du Clergé, pénétrées de respect et d'amour, à la vue de vos grandeurs, de votre beauté sans tache, de la hiérarchie ecclésiastique en particulier, nous vous consacrons nos coeurs, après Jésus, vous en serez la Maîtresse et la Directrice. Nous vous regarderons comme notre mère et protectrice; daignez nous regarder comme vos enfants. Faites-nous sentir les effets de votre grand crédit auprès de Dieu et de votre ardente charité pour nous; obtenez-nous cette fidélité à la grâce, cette union intime avec Dieu, cette profonde humilité de coeur, cette parfaite conformité à sa pure et très sainte volonté, surtout cet amour ardent pour la personne de Jésus-Christ, votre adorable Fils et la grâce d'une bonne et sainte mort. Ainsi-soit-il.
L'Officiant dit:
Ego recipio vos, in societate Dominas Nostrae Reginae Cleri,
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen.


3 - On chante Magnificat.


4 - L'Officiant donne la bénédiction.


5 - Messe et Communion. Action de grâce.
Deo Gratias au déjeuner.

Le 8 déc. (dimanche) 1929

A. Bouillon, ptre.

C'est à l'église paroissiale que les cinq premiers membres de la Pieuse Association de Marie Immaculée, Reine du Clergé, se consacrent à la Très Sainte Vierge: Delles Marie-Anne Ouellet de Saint-Anaclet; Marie-Rose Fournier de Baie-des-Sables: Marie-Yvonne Saint-Laurent de Lac-au-Saumon; Antoinette Vallée de Sainte-Anne-des-Monts (Gaspé); Alvina Collin de Cap-d'Espoir (Gaspé). Elles résident dans le ler étage de la salle paroissiale qui pour la circonstance s'appelle « Le Cénacle ».

Le lendemain, il adresse à son évêque la supplique suivante:

Lac-au-Saumon, Matane.

A Sa Grandeur Monseigneur G. Courchesne,
Evêque de Rimouski. Monseigneur,

Nous venons humblement supplier Votre Grandeur de vouloir bien accepter et reconnaitre « La pieuse Association de Marie Reine du Clergé» composées de femmes qui aux soins spirituels et temporels du Clergé, ainsi qu'aux autres oeuvres de charité selon les exigences du temps.

Notre diocèse, comme beaucoup d'autres aussi, a besoin de ce secours, providentiel, il me semble, et qui arrive en son temps.

Vous priant, Monseigneur de bénir les membres de cette « Pieuse Association » et l'humble fondateur,

je me souscris votre tout dévoué serviteur,

A. Bouillon, ptre.

Le 9/12/29.


Evêché de Rimouski, le 9 déc. 1929

Nous bénissons de tout coeur La pieuse Association de Marie Reine du Clergé et Nous appelons les bénédictions du Bon Dieu sur les personnes qui y entrent. Qu'elles se disent bien que la ferveur de l'institution dépendra largement de la sainteté de vie des fondatrices.

Georges, év. de Rimouski.

CULTE EUCHARISTIQUE

L'Eucharistie nous permet d'approcher le Christ de la façon la plus intime qui soit. Elle est vraiment « le lieu privilégié» où s'exerce la foi reçue au baptême et vécue dans le quotidien D.C., 1972.

Monsieur le Curé Bouillon fut un témoignage rayonnant de vie eucharistique profonde.

Sa révérence pour le Très Saint-Sacrement était si grande qu'elle débordait. Matériellement il ne négligea rien pour le culte et l'embellissement de son église; le sanctuaire revêtait un cachet particuier, le plancher était recouvert d'un tapis rouge, non seulement aux grandes fêtes mais en tout temps de l'année. Des témoins oculaires se demandent pour quel motif? Un jour, interrogé à ce sujet, il répondit: « Les parquets des palais royaux sont toujours recouverts de tapis; Jésus n'est-il pas le Roi du ciel et de la terre? »

Il éprouvait une grande compassion pour les enfants peu doués et s'empressait de les faire communier assez jeunes, disant: « Je suis sûr que Notre-Seigneur va leur faire du bien. »

Pour intensifier la vie spirituelle de ses ouailles, à Saint. Eusèbe, à Lac-au-Saumon, l'une des premières autorisations qu'il demanda fut celle de « l'Heure Sainte» de chaque semaine.

Pour les membres de sa Pieuse Association pouvait-il leur faire un plus précieux don que celui de la Présence Eucharistique? C'est ce qu'attestent les documents ci-joints.

Lac-au-Saumon (Matane)

A Sa Grandeur Monseigneur G. Courchesne, Evêque de Rimouski.

Monseigneur,

Nous avons actuellement cinq membres dans notre « Pieuse Association de Marie Reine du Clergé ». et il doit nous en arriver d'autres dans le mois de janvier. Ces dernières m'écrivent qu'elles n'ont pu se préparer pour le 8 déc.

Celles qui sont ici semblent bien voulantes, et j'espère que tout ira bien.

Ne pourriez-vous pas Monseigneur, me permettre d'ériger un autel dans la salle du parloir (nous ferons le parloir dans un bout du corridor), et d'y célébrer la sainte messe et y mettre le Saint Sacrement. Ce serait une bien grande consolation pour ces bonnes filles si dévouées. De plus, s'il arrivait, le dimanche, qu'elles ne puissent venir aux vêpres je pourrais m'y rend pour leur donner la bénédiction du Saint Sacrement.

Vous concevez facilement, Monseigneur, quel grand bien cela ferait. Elles attendent, et moi de même, la réponse de Votre Grandeur avec grande anxiété.

Je demeure toujours, Monseigneur, De Votre Grandeur, le très humble serviteur.

Le 9/12/29


Evêché de Rimouski, le 9 déc. 1929

Accordé selon la pétition présente.

+Georges, év. de Rimouski.

A cette réponse de Monseigneur s'ajoute cette note:

« Conservez la documentation. Je vous réponds de façon à la simplifier. Prospere procede, mon cher ami. Georges, év. de Rimouski. »

Heureux du succès de sa démarche, le fondateur écrit: « Le 16 décembre, je dis la messe dans la chapelle provisoire des Soeurs de Notre-Dame, Reine du Clergé, et y laisse le saint sacrement. »

Le bonheur de la fondatrice et de ses compagnes ne saurait se décrire. Soeur Ouellet l'énonce ainsi au journal de la Congrégation.

Enfin, nous l'avons notre Jésus! Nos coeurs dans l'allégresse ne trouvent pas de mots assez doux pour exprimer leur bonheur et leur reconnaissance. Ah! si ma plume était plus puissante... mais si ma plume est muette, nos tueurs, eux, ne le sont pas. Ah! bon Jésus, gardez à jamais les coeurs de vos petites servantes, brûlez-les du feu sacré de votre amour.

Que votre Mère Immaculée, Reine du Cénacle, soit toujours notre Mère et modèle. Faites que toujours aussi, comme ce matin, nous chantions: Oh! qu'il est bon, qu'il est bon le bon Dieu!

Ange du ciel proposé à la garde de votre Cénacle, avec nous notre bonheur et notre reconnaissance. Aidez-nous à acquérir les vertus religieuses requises pour remplir notre si belle vocation de Servantes de Marie Reine du Clergé.

VOEUX DE LÉVÊQUE

Le 3 janvier 1930, Monseigneur Georges Courches er, qui a pressé et encouragé Mlle Ouellet à prendre la directif de l'Oeuvre lui écrit:

Je me réjouis de ce que l'Eglise de Rimouski, recueillant ses forces, soit en travail d'une communauté qui glorifiera Notre-Seigneur et sa Sainte Mère, et qui accomplira auprès du prêtre de Jésus-Christ, une mission qui rappellera celle des Saintes femmes de l'Evangile.

Que le bon Dieu bénisse la famille naissante, ses projets, aspirations, comme je le prie de bénir le Curé fondateur et premier groupe de pieuses filles réunies autour de vous.

+Georges, Ev. de Rimouski.


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