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SES ŒUVRES (1905-1929) ~ PARTIE 2
ANIMATION PASTORALE
Poursuivant notre récit, nous découvrons que M. le Curé Bouillon toujours à la recherche de nouveaux développements culturels et autres, exploite un nouvel organisme: le journal. À ce propos, lisons ce qu'il écrit:
Convaincu, comme le disait très bien Léon XIII, que "le bon journal est une mission continuelle dans une paroisse", il organisa un Bulletin Paroissial, imprimé d'abord à l'atelier du Messager du Sacré-Cceur, des RR. PP. Jésuites à Montréal, et dont le premier numéro paraissait le ler mai 1913. Sur réception du premier numéro, Mgr Blais écrivait au Curé: " J'ai reçu premier numéro de votre Bulletin Paroissial, intitulé Le Catholique d'Action. Il a fort belle apparence et est rempli d'excellent choses. J'ai confiance qu'il méritera les encouragements symF thiques de vos bons et fidèles paroissiens du Lac-au-Saumon, ai que des généreux amis d'ailleurs, des meilleures causes de no cher peuple auquel il pourra être aussi adressé honorablement... Un autre témoignage du 19 janvier 1915 est de nature à soutenir le zèle du dévoué Pasteur. Mon cher Alexandre,
je te félicite de ta bonne initiative du bulletin paroissial. Il est certain que ce sera fructueux pour ton troupeau. Voici un petit coup d'épaule. Ave. J. R. Léonard, ptre
Ces deux attestations nous donnent la certitude que 1913, la paroisse de Lac-au-Saumon possédait son " Bulletin paroissial ". Vainement des recherches ont été faite pour retrouver ces exemplaires.
C'est en 1916 que nous retrouvons une série de: " Le Catholique d'action, Bulletin paroissial - St-Edmond Lac-au-Saumon, Comté de Rimouski".
" Faire peu, mais le faire toujours " mis en exergue telle est semble-t-il, la devise de ce bulletin. Dans le numéro de août-septembre 1916, nous lisons:
Le premier octobre prochain, il y aura dix ans que le prêtre réside dans cette paroisse. Dix ans de travail, dix ans d'efforts de tout genre, dix ans de projets menés la plupart à bon terme. Si nous pouvons en juger par les progrès accomplis, l'oeuv la fondation de cette paroisse a été bénie du bon Dieu. Continuons de travailler ensemble, dans l'accord et l'harmonie, comme des hommes vaillants et des chrétiens sincères, et Dieu répandra ses grâces sur nos âmes et ses faveurs sur tous nos travaux et toutes nos entreprises. A. Bouillon, ptre.
Plus tard, le ler octobre 1919, ce bulletin paroissial devenait " La Bonne Nouvelle " et était imprimé à " L'Action Catholique ", à Québec; puis, le 1er novembre suivant, avec une bonne vue du village au frontispice et L'Echo du Lac mis en vedette, il prenait rang parmi les périodiques de son espèce.
L'Echo du Lac nous livre quelques-uns de ses messages. Ne sont-ils pas révélateurs de l'esprit paroissial existant alors, entre le pasteur et ses fidèles?
L'encouragement que nos paroissiens donnent à notre oeuvre nous permet de lui faire subir une amélioration. Val-Brillant est fier à juste titre de sa Voix du Lac. Il nous permettra bien de recueillir les échos de cette voix aimée. La rivière qui passe devant chez nous formant par son élargissement le Lac-au-Saumon, ne baigne-t-elle pas de ses flots, les rives de celle qui se proclame modestement la Reine de la Matapédia? Notre bulletin sera L'Echo du Lac. Or, ce ne sera pas le roi de la vallée! Tout de même ses progrès constants assurent à notre village qu'un jour il pourra peut-être mériter ce titre.
Notre village ne date que de 1906. Et il possède une bonne église bien finie à l'intérieur, un excellent presbytère et un couvent que dirigent avec succès les Révérendes Soeurs du Saint-Rosaire. Plus de 200 enfants y trouvent une sérieuse formation chrétienne.
Dans tous ces édifices un système de chauffage à l'eau chaude nous protège contre les morsures du froid, la lumière électrique projette ses ondes bienfaisantes.
L'eau nous arrive fraîche et pure portée par un aqueduc que notre Conseil a eu la bonne inspiration de faire construire. Deux cent trente-cinq familles se groupent autour de notre clocher, heureuses et à l'aise. Nos cultivateurs suivent attentivement les progrès de l'agriculture et ne négligent rien pour en faire une industrie payante.
De tous ces progrès, notre bulletin se fera " l'écho " charitable, enthousiaste et fier. Puisse l'Echo du Lac que nous ton. dons aujourd'hui vivre et faire aimer ce coin de terre féconde, ces rives poétiques qui forment notre pays natal. " Quodcumque dixerit vobis, tacite. Faites tous ce qu'Il vous dira ".
Au début de cette nouvelle année, il me semble, chers Lecteurs, que je ne puis vous faire un souhait plus salutaire. Oui: la volonté de Dieu, son accomplissement sur cette terre comme au ciel, telle est la condition inévitable de l'accomplissement de nos désirs. O vous que le deuil, la douleur, les revers, les insuccès de toutes sortes affligeront, durant le cours de cette année, embrassez courageusement les vouloirs de la divine Providence et vous trouverez le repos; et vous à qui tout sourira: au milieu de vos joies, bénissez le Seigneur. Vouloir ce que Dieu veut, ne vouloir que ce que Dieu veut, c'est l'unique moyen d'être heureux sur cette pauvre terre.
Que le bon Dieu bénisse vos entreprises, vos familles, vos malades et vos vieillards et vos enfants, et qu'Il vous donne son beau Paradis à la fin de vos jours! A.B. ptre. " Paroles encourageantes - Souhaits ".
On nous écrit: D'abord, c'est une voix amie et autorisée " Vos notes sont tout à fait intéressantes. " Puis un autre Grand et cordial merci pour l'envoi de L'Echo du Lac no 7. Les notes historiques m'ont été un régal! Je vous félicite de mettre sou la presse, les personnes et les choses de votre pays. Et dire qu'ici: " Nous n'avons pas d'histoire ".
Eh! oui, nous avons une histoire: et qui n'a pas la sienne - Il n'y a qu'à regarder autour de soi, scruter les horizons qui s'éloignent prodigieusement à mesure que le colon s'avance dans la forêt, causer avec tous ces braves, pour y découvrir tout un monde de révélations tristes ou gaies: mais consolantes toujours.
L'histoire de nos paroisses, pourquoi ne pas l'écrire? N'estce pas que nous regrettons fortement de n'avoir, sur les lieux qui nous ont vu naître, que des souvenirs de quelques années? Et pourtant, les matériaux n'auraient pas fait défaut, s'il s'était trouvé quelqu'un pour recueillir toutes ces notes envolées maintenant sur l'aile du temps, et, semblables aux feuilles mortes que la brise d'automne emporte, dispersées aux quatre vents.
Mais, " mieux vaut tard que jamais >, dit un proverbe; si, aujourd'hui encore, on s'empressait de ressaisir ces débris épars, n'en ferait-on pas comme un bouquet parfumant notre vie, et qui serait, pour les générations futures, un agréable souvenir!
Je sais que l'idée se propage, grâce au « Bulletin Paroissial »; et c'est là, à mon avis, un grand service que la presse est appelée à rendre à notre pays. Le Directeur de « La Voix du Lac » commence la publication d'un beau et bon travail; d'abord sur toute la Vallée Matapédia, puis ensuite sur la paroisse de Val-Brillant en particulier. Plusieurs autres Bulletins paroissiaux, chacun à sa manière, nous apportent des notes historiques forts intéressantes.
Nous souhaitons que, l'idée se généralisant et s'accentuant davantage, nous voyons nos bibliothèques paroissiales s'enrichir de riches écrins où les jeunes et les vieux iront puiser force, courage et persévérance. A. Bouillon, Prêtre-curé. « A l'oeuvre » Avec sa livraison d'octobre l'Echo du Lac entre dans sa troisième année. Fier de son passé, il recommence, plein d'espoir, son oeuvre d'apostolat dans la paroisse.
En ressuscitant le passé de la paroisse, en encourageant nos écoliers studieux, en consignant les joies et les deuils des nôtres, il a conscience d'apporter un appoint puissant à l'esprit paroissial. Il espère retrouver dans chaque foyer ses nombreux lecteurs. A tous il souhaite que l'année qui recommence s'écoule au sein du bonheur et de la paix pour tous. Et pour qu'il soit ainsi dans vos pensées, vos désirs et vos actions, afin la grâce qui seule, peut faire se réaliser tous les voeux de paix, et de bonheur... vous soit octroyée abondante et efficace.
Le mot d'ordre de l'année qui recommence: à l'oeuvre! À l'oeuvre de la sanctification de vos âmes, d'abord, par la fidélité à la prière, à la messe, à la communion. A l'oeuvre de la sanctification des autres, par la parole et le bon exemple. A l'oeuvre par excellence de la gloire de Dieu, par la générosité dans son saint service, par l'encouragement apporté aux oeuvres paroissiales. A.B. « Vive la forêt. Des arbres! des arbres! encore des arbres!» A vous tous du village et de la paroisse.
Préparez-vous à planter des arbres au printemps. Tracez un plan que vous suivrez à mesure que vous en aurez le loisir. D'abord, il y aura des arbres tout le tour de votre propriété, en suivant le grand chemin et la ligne entre vous et votre voisin. Ensuite, déterminez bien l'endroit où sera un verger tout près de votre maison, à l'endroit le plus avantageux; préparez ce terrain par une culture sarclée! puis, tout à l'entour, une rangée d'arbres qui servira de brise-vent. Des haies vives soit en épinette, soit en cèdres, placées avec goût, auront un magnifique effet.
Si vous êtes embarrassés, venez nous trouver, et nous vous aiderons dans le choix et pour la disposition des arbres à planter. Si vous voulez vous en donner la peine, vous quintuplerez bientôt la valeur de votre propriété.
A l'occasion de la visite pastorale nous visiterons, jugerons, et un prix sera donné à celui qui aura le mieux réussi. Qu'on se le dise A. Bouillon, ptre. HORTICULTEUR - APICULTEUR
« Vous toutes, les oeuvres du Seigneur,
bénissez le Seigneur» (Dan 3, 5). « Montagnes et collines, arbres à fruit, tous les cèdres, bêtes et bétail, reptile, oiseau qui vole » (Ps 148, 9-10).
Le curé Bouillon aurait voulu, pour chaque cultivateur, un jardin d'arbres fruitiers, non loin de la maison qu'il aurait embellie tout en faisant aimer davantage la terre. Souvent il en était question, le cahier des prônes en témoigne: et comme rien n'est si fort que l'exemple, Messire A. Bouillon créa tout près du presbytère, un beau verger de 30 pommiers, 6 cerisiers et 2 pruniers. Puis après bien des correspondances et la visite répétée des employés du Département de l'Horticulture à Québec, il obtint un champ de démonstration, avec outillage complet.
C'est sur ce terrain que se trouve le « Rucher Goutte d'or» qui contient le 15 octobre 1925, 112 ruches d'abeilles noires ou allemandes, alors que le 31 mai 1918, Messire Bouillon débutait avec deux ruches achetées de M. Jacques Verret, apiculteur, de Charlesbourg, près Québec. Ce rucher est le premier établi au Lac-au-Saumon, et même dans la Vallée Matapédia.
Pour confirmer ce que nous venons de relater, rien de plus séant que ces souvenirs de l'une de ses paroissiennes.
M. le Curé Bouillon vivait dans l'ombre mais il savait apprécier le beau, il était artiste dans l'âme, ses oeuvres en font foi. Etant très observateur, rien ne lui passait inaperçu. Que de fois, lors de ses promenades du soir, nous l'avons vu s'arrêter devant un parterre, un arbre, ou autre chose du genre et donner son appréciation.
Les paroissiens qui ont vécu de ce temps se rappellent encore la belle avenue du presbytère, le Calvaire aux abords de l'église, le tout disposé et enjolivé avec grand art. Tant de belles choses malheureusement disparues, mais combien chères à notre souvenir. Il savait découvrir la belle nature et la faire partager aux autres.
Lors d'un voyage qu'il fit en Europe, à son retour, il nous disait: « Pourquoi aller si loin pour voir de si belles choses alors que notre pays est riche en nature.» Et, les messages continuent: Pour vous, mes chers paroissiens.
Je crois vous faire plaisir en vous communiquant cette note que m'envoie un de vos anciens missionnaires, abonné de la première heure à L'Echo du Lac.
Il m'écrit: Vous êtes bien bon de m'inviter à aller verser des larmes de joie dans la petite ville de Lac-au-Saumon, autrefois ma mission chérie.
Dieu place bien les hommes! Avec la grâce de Dieu, vous avez fait merveille et je vous en félicite sincèrement. Et votre Echo du Lac, qui pourra le louer à son mérite!
Vous faites des recherches utiles et agréables pour les plus humbles d'entre nous: les colons, Dieu merci! ont passé les premiers. Continuez donc, cher ami, à faire l'oeuvre du bon Dieu en votre belle paroisse de St-Edmond du Lac-au-Saumon.
Ce bien que nous avons opéré, mes chers Paroissiens, est vôtre; continuez à être l'appui de votre Curé qui ne travaille que dans vos intérêts; et vous verrez votre paroisse grandir dans l'estime de Dieu et des hommes A. Bouillon. ptre. La nouvelle année.
Déjà! Nous venons à peine de la commencer qu'elle est disparue c'est tout comme « Madame se meurt, Madame est morte ». Pourvu que nous ayons bien employé notre temps, nous pouvons espérer; mais, si nous l'avons gaspillé, que sera notre éternité?...
Prenons donc la résolution, si nous avons manqué en quelque chose, d'utiliser sérieusement les jours que la Divine Providence nous ménage: si nous avons fait notre possible, proposons-nous d'être encore plus généreux au service du Seigneur, car ainsi que le dit le poète: « ... le temps de son aile emportera nos traces. Comme l'aile des vents emporte nos soupirs. Et il ne nous restera que de bonnes ceuvres» A.B. La fête de Saint-Joseph.
Comme d'habitude, nous avons tenu à célébrer la belle fête de Saint-Joseph dans l'église de la paroisse. Cette année, nous avons Saint joseph dans l'église de la paroisse. Cette année, nous avons voulu faire davantage, et en faire un jour de communion générale.
Le R.P. Grégoire, supérieur de la communauté des RR.PP. Capucins à Ste-Anne de Restigouche, appelé pour la circonstance, fit d'abord, un sermon fort utile et appréciable qui prépara les consciences à une bonne revue comme aussi à un ferme propos de mener une vie plus chrétienne.
Les confessions furent nombreuses: et les communions davantage. Plus de mille personnes s'approchèrent de la Sainte Table le jour de la fête. Si la saison eût été plus favorable, toute la paroisse y eut passé.
Le jour de la fête, grand messe solennelle, avec sermon prononcé par le R. Père, qui sut mêler l'utile à l'agréable.
Bref, nous avons vécu deux jours bénis. Du haut du ciel, Saint Joseph n'a pas manqué d'intercéder en notre faveur: et, un jour, là-haut, nous verrons les trésors immenses que nous avons acquis, dans ces quelques instants de ferveur A. Bouillon, ptre. L'ORATOIRE SAINT-JOSEPH
A quelques saints il a été donné de nous protéger dans quelques cas particuliers: mais Saint Joseph a le pouvoir de défendre, de soutenir avec une paternelle affection ceux qui recourent à lui dans tout besoin et dans toute affaire. - Auteur inconnu. De même sainte Thérèse assure-t-elle ne lui avoir jamais rien demandé qu'elle ne l'ait obtenu. Telle était aussi la confiance de ma mère qui pouvait à son tour nous assurer que ce grand saint l'avait toujours écoutée favorablement.
L'Oratoire Saint-Joseph de Lac-au-Saumon est un filial hommage de M. le Curé Bouillon et de ses fidèles, au Grand Thaumaturge. Nous laissons au Promoteur de cette initiative, de nous raconter les origines. Lac-au-Saumon (Matane) A Sa Grandeur Monseigneur Léonard, Evêque de St-Germain de Rimouski. Monseigneur,
je viens justement de prendre connaissance de votre lettre écrite le 8 du présent mois, en réponse à celle que vous avez reçue de moi.
L'occasion se présentant, il est bon, il me semble, de vous faire connaitre l'historique de toute l'affaire qui édifie les uns et surprend les autres.
Dès mon arrivée ici, en 1906, les difficultés qu'il fallait maitriser étaient si grandes, que je sentis le besoin d'un Protecteur. Dieu seul, Monseigneur, connait toute l'étendue des épreuves par où il m'a fallu passer; cependant, grâce à l'intercession de St Joseph, tout s'est remis dans l'ordre, à la plus grande gloire de Dieu et au plus grand avantage de la paroisse.
En reconnaissance de tous ces bons secours du Saint Patriarche, j'avais promis d'ériger une petite chapelle qui lui serait dédiée, et que je voulais construire sur un coteau, non loin de l'église, le long de la route qui conduit au IIIe rang. Le temps venu je me disposai à accomplir ma promesse, mais toujours inutilement.
Cet été, la question du cimetière s'est présentée. Comme le déplacement d'un cimetière amène toujours des difficultés plus ou moins grandes selon les circonstances, je prévoyais ici un soulèvement un peu général. Encore une fois, grâce à Dieu et à Saint Joseph, l'affaire a été traitée dans le calme absolu et tout a été réglé à la satisfaction générale.
En achetant le terrain pour le cimetière, j'aperçus, un peu en arrière, un coteau; et l'idée d'y bâtir ma chapelle St-Joseph me fit demander au propriétaire de me vendre le terrain jusqu'au sommet de la colline. Pour aucun prix, il ne voulut déranger son chemin qui passe par là, pour gagner le haut de sa propriété, alléguant qu'il lui serait impossible de le passer ailleurs.
Quelques jours après, je fus tout à coup obsédé par l'idée , que la chapelle St-Joseph devait être sur la colline en arrière du cimetière. N'ayant pas de paix à ce sujet, je me rendis de suite chez le propriétaire que je trouvai dans des dispositions telles qu'il me donna gratuitement tout ce terrain, et diminua de $100.00 le prix demandé en premier lieu pour le terrain du cimetière.
Le dimanche suivant je dis à mes paroissiens: « La question du cimetière est réglée; ce sera le cimetière St-Joseph. Il y aura, sur un coteau, non loin de là, un peu en arrière, une chapelle que je me propose de dédier à St-Joseph, Patron de la bonne mort. Je demande donc à tous les amis de ce Grand Saint, de vouloir bien m'apporter une offrande pour m'aider à la construction de cette chapelle. » J'ai attendu... et... rien. Alors un autre dimanche. j'ai ajouté: « Ceux qui sont gênés peuvent mettre leur offrande dans le tronc qui est près du confessionnal; les autres peuvent m'apporter eux-mêmes, ce qu'ils veulent disposer pour la chapelle St-Joseph. » J'ai encore attendu... et... rien. Un matin, après ma messe, je suis allé ouvrir le tronc, espérant y trouver quelques sous; il était vide... je m'en retournai; en passant devant le Saint-Sacrement je m'attardai quelques minutes, et je dis: « Mon Dieu, il me semble, j'ai fait mon possible pour accomplir ma promesse. Si c'est votre volonté qu'il y ait une chapelle à St-Joseph, je vous demande une chose: c'est d'inspirer à quelques-uns de mes paroissiens de se mettre à la tête du mouvement. Pour moi, je n'y peux plus rien. » Dans l'après-midi, Monsieur Alphonse Landry m'arrive avec une liste qu'il ouvre, en souscrivant lui-même $100.00 pour la chapelle St-Joseph; et me demande la permission de visiter les familles pour recueillir les souscriptions. Pendant que nous causions, un Monsieur Vézina de Rimouski, vient m'apporter $5.00; et les offrandes ont continué depuis; peu à la fois, mais assez régulièrement.
Le dernier jour de juin 1921, les travaux commencèrent; eti le lendemain, premier juillet, nous étions prêts à faire le solage en ciment. Deux ouvriers: Lucien Chevarie et Philippe St. Laurent allèrent à un petit pont non loin de là pour y chercher de l'eau. Ce petit pont, à l'usage du propriétaire du terrain, avait été construit par lui, pour passer un cours d'eau formé par la fonte des neiges du printemps. Le propriétaire assure que l'été, il n'y a jamais d'eau à cet endroit. Dans tous les cas, ces deu= ouvriers allèrent pour y chercher de l'eau, et n'en trouvèrent pas même une goutte pour étancher leur soif. Le propriétaire du terrain voisin assure qu'il n'y avait plus d'eau depuis la fonte des neiges. L'on décida alors d'atteler deux chevaux sur une trame et de charroyer l'eau de l'aqueduc du village. Monsieur Xavier Poitras, voyant que l'on venait chercher l'eau si loin voulut s'asssurer lui-même s'il n'y avait pas d'eau plus près; il vient et examina à son tour toute la coulée, pénétra dans le petit bois, qui ombrage cette coulée pour une longueur de quelques 20 pds, et constata à son tour que tout était sec.
Le lendemain, 2 juillet, un ouvrier, poussé par la soif et craignant de se servir de l'eau de la tonne parce qu'elle avait mauvais goût, voulut se rendre sur le haut de la terre, dans le bois, pour y trouver une eau plus potable; à sa grande surprise, près du susdit petit pont, il trouva de l'eau qui a toujours continué depuis à être en abondance. Il n'a plu que le 12 juillet; et nous avions une sécheresse depuis la fin d'avril. Toutes les sources d'eau ici étaient taries; et les gens se lamentaient.
Comme nous étions à construire une chapelle à St-Joseph, les gens appelèrent cette source: « Source St-Joseph » et la dévotion se fit tellement grande que la renommée, portée sur les ailes des vents se répandit bien vite et bien loin. Quelque temps après, je rencontrai Messire Sam. Langis; et après lui avoir raconté les faits, je lui ai demandé ce qu'il y avait à faire; il m'a répondu qu'il n'y avait qu'à laisser faire les gens; et que le bon Dieu prouverait ce qu'il désire en cette circonstance.
Pour empêcher les gens d'aller prier à cette source, je plaçai, non loin de là, en attendant notre chapelle, une petite statue de St-Joseph; et c'est depuis qu'il y a été laissé des béquilles (six), 4 guérisons constatées dont deux que j'ai vues avant et après, et des lunettes (quatre) et des bandages, etc.
Une femme de St-Quentin, N.B., m'écrit me demandant une médaille de St-Joseph et de recevoir le nom de son enfant qu'elle veut consacrer à St-Joseph; voici pourquoi me dit-elle: J'ai un enfant de 29 mois qui ne pouvait marcher; j'ai eu le bonheur d'avoir de l'eau de la Source St-Joseph de chez vous, j'en ai fait prendre à mon enfant, je l'ai lavé avec cette eau et une heure après il s'est mis à marcher et il marche depuis. D'autres m'écrivent des témoignages de reconnaissances à St-Joseph. Je ne veux pas être trop long, Monseigneur et je m'arrête.
De tout ceci, je ne sais que dire. Pour ma part, à tous ceux qui viennent ici (et ils sont nombreux, c'est extraordinaire cette dévotion qui s'est développée toute seule) je leur dis d'aller d'abord au pied du Saint-Sacrement: et d'y prier Notre-Seigneur présent là pour tous nos besoins; puis, s'ils le veulent, d'aller en pèlerinage, prier St-Joseph au pied de sa statue...
Le premier mercredi est célébré ici d'une manière solennelle et il y vient des étrangers; c'est une communion qui me retient jusqu'à une heure avancée dans la matinée.
Je m'occupe d'avoir les témoignages de ceux qui ont constaté l'absence d'eau et ceux qui ont trouvé l'eau, puis celui de ceux qui se disent: privilégiés de St-Joseph.
Pour ce qui est de la bénédiction solennelle, en effet, Monseigneur, votre idée doit être sage; dans tous les cas, je soumets le tout à votre volonté. Pour moi, je crois y voir l'oeuvre de Dieu; mais il peut être prudent à l'Autorité d'attendre encore un Peu avant de poser un acte officiel.
Cependant, afin de pouvoir dire la messe dans cette chapelle, nous pourrions faire une bénédiction privée, lorsque Votre Grandeur aura envoyé Son Délégué pour étudier la question.
En votre absence, Monseigneur l'Administrateur pourra-t-il me permettre cette bénédiction et d'y célébrer la messe? si non, s'il vous plaît me le dire afin que je me hâte de régler le tout avant votre départ pour Rome. Veuillez me croire, Monseigneur, votre tout dévoué serviteur, A. Bouillon, ptre, Curé. Le 11 sept. 1921. Le « Pauvre de Yahweh » doit cheminer dans l'attente... Le document ci-joint le prouve. CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE
Joseph-Romuald Léonard, par la gràce de Dieu et du Siège Apostolique, Evêque de Saint-Germain de Rimouski
A tous ceux qui les présentes verront, savoir faisons que: vu le rapport du Révérend Messire J: D. Morin, curé de Cau, sapscal, vicaire forain, en date du 20 septembre 1924, déclarant que l'Oratoire de la Confrérie de Saint-Joseph, Patron de la Bonne Mort, situé dans la paroisse de Saint-Edmond-de-Lac-au-Saumon, son autel, ses ornements, ses linges et tout ce qui doit servir à la célébration des Saints Mystères sont tout à fait conve. nables et liturgiques;
En conséquence, par les présentes, Nous permettons que dans le susdit oratoire de la Confrérie de Saint-Joseph, la messe soit célébrée cinq fois dans l'année, suivant la teneur de Notre Décret du 16 juillet 1924 et les prescriptions des Canons 1195 et 1196 du Code du Droit Canonique.
Donnée à Saint-Germain de Rimouski, sous Notre Seing, le sceau du diocèse et le contre-seing de Notre Chancelier, le vingtdeuxième jour de septembre de l'année mil neuf cent vingt-quatre. Signé: Jos-Romuald, Ev. de Rimouski. par Monseigneur S.E. Chénard, prêtre, chancelier. BÉNÉDICTION
Tout étant prêt, le mercredi ler octobre 1924, M. le Curé A. Bouillon, bénit la chapelle, comme en témoigne l'acte suivant: « Le mercredi premier octobre mil neuf cent vingt-quatre, à 7 heures du matin, avant la première messe célébrée ce jour-là dans la chapelle de Saint-Joseph, Nous, soussigné, curé de Saint-Edmond-de-Lac-au-Saumon, étant dûment autorisé par le décret de Monseigneur l'Evêque, en date du 16 juillet dernier, reconnaissant la chapelle Saint-Joseph comme oratoire semi-public, avons béni avec les solennités prescrites selon la formule du Rituel Romain, la chapelle Saint-Joseph, érigée sur le lot de terre No 33, du deuxième rang du canton Humqui, en arrière du cimetière de la paroisse, construite en bois et payée avec les aumônes des fidèles et des pèlerins qui viennent implorer le secours du Saint Patriarche. Etaient présents un grand nombre de fidèles dont quelques-uns ont signé avec Nous. Lecture faite. Fait à Saint-Edmond-de-Lac-au-Saumon, les jour et an que dessus. A signé: A. Bouillon, prêtre, curé. Ont signé: Emile Michaud, Ludger Barr, Philippe Saint-Laurent».
Les Révérends Pères du Saint-Esprit, successeurs de M. le Curé Bouillon à la Cure de Lac-au-Saumon, veillent à l'entretien du dit Oratoire et continuent au cours de la belle saison, la célébration du Sacrifice Eucharistique, gage de bénédictions sur toute la paroisse.
Malheuresement avec les mutations de notre époque, depuis les années 1945, 1950, l'eau de la "Source Saint-Joseph" est maintenant tarie. JUBILÉ SACERDOTAL Sacerdos alter Christus (1899-1924) Pour mieux me rappeler ce grand jour, ô Seigneur, Dont vingt-cinq ans - déjà - revint l'anniversaire, J'ai vidé mon esprit des pensers de la terre, Et refermé sur moi la porte de mon coeur.. Silence bienfaisant! Minute de ferveur Où, le front incliné sur votre Coeur de Père, J'évoque, un peu tremblant, et revis, solitaire, L'heure qui me fit prêtre... et, comme Vous, Sauveur! Sauveur? moi qui n'ai rien... Et pourtant, c'est le rôle Assumé par ceux-là qui portent sur l'épaule, Autres Christs, à l'autel, l'emblème de la croix; Qui disent sur le pain la parole puissante, Et font l'oblation sans cesse renaissante Du sang pur de l'Agneau qui s'immole à leur voix! Ces sentiments si bien exprimés par l'auteur furent à n'en pas douter, ceux du héros de ce jour.
Au milieu de multiples travaux, la vie, telle une rivière, s'écoule rapidement. Ving-cinq ans d'ordination sacerdotale, vingt-cinq ans de vie consacrée à la gloire de Dieu, au service de son Peuple, quelle moisson et quelle richesse pour l'Éternelle Patrie!
Son âme exulte de bonheur! Il le traduit en ces termes: « L'année 1924 fut une année de joie, d'avancement ». BÉNÉDICTION DE L'ORGUE
Son église, Temple de Dieu, l'une des plus belles de la « Vallée » , il ne songe qu'à l'embellir. Profitant de la circonstance, les paroissiens la dotent d'un magnifique instrument lequel rehaussera les offices liturgiques. Laissons M. le Curé Bouillon nous relater les détails de cette cérémonie.
Mais parlons donc du fameux orgue, le sujet de si longs entretiens. Parti des ateliers Casavant et Frères, de St-Hyacinthe, le 31 janvier 1924, il était à la gare du Lac-au-Saumon, le 2 du du mois suivant; puis, sous l'habile travail des messieurs Louis Jalbert, de Québec, et Armand Bergeron de St-Hyacinthe, le 15 février, tout était prêt, et à l'heure d'adoration, ce jour-là, sous la touche un peu craintive de l'organiste H. Lane, il faisait entendre ses premiers sons. Il avait coûté $5,740 y compris la taxe fédérale.
II est inutile de vanter la souplesse et l'ampleur du son de cet instrument; car les orgues Casavant ont une réputation qui a franchi les mers. La bénédiction eut lieu dimanche soir, à 7 heures, le 25 mai 1924. à l'occasion de la visite pastorale de Monseigneur Léonard. L'église débordait de fidèles. Au choeur l'on remarquait: les RR.PP. Desmarais. O.M.I. et St-Georges, O.M.I., de Mont-Joli, qui accompagnaient l'Evêque dans sa visite, ainsi que son secrétaire: Messire E.-H. Martineau; puis Messires J.-D. Morin, curé de Causapscal, Chs Lavoie, procureur à l'évêché de Rimouski, J. Ross, curé de Ste-Florence, et A. Bouillon, curé de la paroisse.
Le R.P. Edmond Lemieux, O.M.I., venu pour la circonstance, fit le sermon après lequel eut lieu la bénédiction. Le Prédicateur eut aussi un mot à l'adresse du curé A. Bouillon, dont on célébrait ce jour-là, le 25ème anniversaire de son ordination sacerdotale. Après tout ce "ce fla fla ", un acte fut ainsi rédigé et signé: "Le vingt-cinq mai mil neuf cent vingt-quatre, Nous, soussigné, avons béni suivant la formule du Rituel Romain l'orgue de cette église paroissiale, à l'occasion de la visite pastorale en cette paroisse et du 25eme anniversaire de l'ordination sacerdotale de Monsieur le Curé". A signé: Jos.-Romuald, Ev. de Rimouski.
Ont signé: J. Ross, curé de Ste-Florence, J: D. Morin, curé de Causapscal, J.-R. Desmarais, O.M.I., Saint-Georges, O.M.I., E.-H. Martineau, prêtre, J.-Edmond Lemieux, O.M.I., A. Bouillon, prêtre, curé.
Après la bénédiction de l'orgue, il y eut présentation d'adresse et une bourse bien garnie au Curé Bouillon, à l'occasion du 25ième anniversaire de son ordination sacerdotale le 27 mai 1899-1924.
Les Révérendes Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire et leurs élèves de Lac-au-Saumon, de même que les religieuses de la Maison mère de Rimouski, offrirent au vénéré Pasteur leurs hommages et leurs félicitations. A preuve ce remerciement, en date du 30 mai 1924. Mes Révérendes Soeurs,
je vous remercie du beau cadeau que vous m'avez fait l'occasion de mon 25ème. Que le bon Dieu vous en récompense, en biens de toutes sortes. Votre tout dévoué, A. Bouillon, ptre.
Terminons en rappelant le souvenir d'une plantation d'arbres dans l'avenue du presbytère, au printemps de 1924. D'abord, 680 épinettes en haie de chaque côté de l'allée; puis des érables à sucre, entre lesquelles: des lilas, des hydrangés, des boules de neige et des rosiers, le tout agrémenté de «mats» au sommet desquels flotte le drapeau national. Louez Dieu en son sanctuaire, louez-le au firmament de sa puissance, louez-le en ses hauts faits, louez-le en toute sa grandeur! Louez-le par l'éclat du cor, louez-le par la harpe et la cithare, louez-le par la danse et le tambour, louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes! Que tout ce qui respire loue Yahvé! Ps 150. AU PAYS DU CHRIST
Avec le début de l'année 1925, s'ouvre « l'Année Sainte» laquelle marque un Jubilé, une canonisation: celle de la bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus, le 17 mai.
Ces faits mémorables rassemblent à Rome un grand ambre de pèlerins. Des divers pays on profite de cette occasion on pour visiter ces lieux riches de bénédictions et de souvenirs. M. le Curé Bouillon est du nombre et il nous donne quelques détails de son voyage.
Un voyage en pays d'outre-mer n'est pas banal encore que plusieurs l'entreprennent par le temps qui court... Voir la France, la a Doulce France», patrie de nos ancêtres; aller à Rome, se prosterner sur la tombe de saint Pierre, le Prince des ApBtres et le premier Vicaire de Jésus-Christ sur cette terre, s'incliner sous la main bénissante du Pape, le successeur de Pierre, parcourir ensuite cet immense Reliquaire qu'est la Ville Eternelle, n ést-ce pas le premier et principal désir de tout catholique. Et puis, tous ceux qui croient à l'Evangile, qui vénèrent le passé, qu admirent l'Orient, ne sentent-ils pas ce besoin du coeur d'un voyage au x Pays du Christ n? Heureux les mortels qui un jour peuvent toucher de leurs lèvres frémissantes le plus saint des berceaux et le plus glorieux des tombeaux!
C'est le 24 janvier 1925, que le curé A. Bouillon s'embarque New-York, sur le « Devonian» bateau de la ligne «White Star Dominion », pour se rendre en Europe et en Palestine. Au cours de son voyage il adresse une carte à sa soeur, Mme Félix Côté de Saint-Anaclet: Lourdes, le 20 fév. 1925. Ma chère soeur,
Je suis à Lourdes. Quel beau pays et quelle richesse dans la basilique. J'ai visité Paris et une partie de la France. En quittant Lourdes, j'irai en Belgique et en Normandie etc. II tout probable que j'aille en Terre Sainte le 31 mars.
Ici, c'est le printemps en France, le blé est levé et il y a fleurs aux arbres et dans les jardins. Des saluts à tous. Ton frère, A. Bouillon.
A son retour, le dimanche 5 juillet de la même année à la gare du chemin de fer de Lac-au-Saumon, un grand nombre de paroissiens accourus à sa rencontre l'accompagna à l'église où une adresse lui fut lue par le Maire du village, M. Ernest Deschênes, Dans sa réponse, Monsieur le Curé exprima le souhait de voie quelques-uns de ses paroissiens entreprendre un jour le
même voyage et le faire aussi heureusement . PARUTION DE SON VOLUME Faisant allusion aux Notes Historiques de la Paroisse, M. le Curé Bouillon écrivait en 1922:
... Il n'y a là, à la vérité, aucun fait remarquable, rien de saillant, rien qui frappe l'imagination; on
reconnaîtra cependant qu'ils ne sont pas dénués d'intérêt. S'il est vrai qu'une paroisse. est une famille agrandie, ce sont des souvenirs de famille: à ce titre ils doivent vous être précieux.
Il faut d'autant plus se hâter de les consigner par écrit, qu'à raison même de leur peu d'importance historique, ils seront plus difficilement retenus par la mémoire: il suit de là qu'attendre pour les recueillir qu'aient disparu ceux qui en furent les acteurs ou les témoins, serait s'exposer à en trouver un grand nombre engloutis à tout jamais dans l'oubli.
La monographie de la paroisse fut publiée en 1926, par M. le Curé Alexandre Bouillon. Elle s'intitule: « Au Grand Jour ou Les Evolutions d'une Paroisse Canadienne, Saint-Edmond-du-Lac-Saumon » .
Ce volume de 312 pages fut imprimé aux éditions Vulliez, Joigny-Yonne ( France ) , sous la direction de Thellier de Poncheville. Il contient un chapitre très émouvant sur les Acadiens des Iles-de-la-Madeleine arrivant dans la Vallée de Matapédia.
Déjà, nous avons lu quelques appréciations dans l'Echo du Lac. Ces témoignages parlent par eux-mêmes. Il ne nous reste qu'à souligner combien l'auteur sut rester fidèle à sa règle de "prendre des notes", et cela jusqu'à la fin, puisque dernières « notes historiques » qu'il a colligées datent de mai 1943. Pour conclure ce chapitre nous vous livrons le message qu'il lègue « Aux générations futures ».
Ces notes, je les ai recueillies et compilées pour vous qui, un jour, voudrez soulever un coin du voile qui vous cache les commencements de votre paroisse. Vous y verrez le dévouement des premiers colons, vos devanciers dans le labeur et la peine. Tous ces exemples vous seront salutaires et vous feront vous souvenir, en même temps, du premier curé de Saint-Edmond-du-Lac-au Saumon, qui lui aussi, a aimé sa paroisse et s'est dévoué à son service. Lac-au-Saumon, le 1er décembre 1925. A. Bouillon, ptre, curé. LAC-A-PITRE, (SAINT-ALEXANDRE-DES-LACS)
Tout en exerçant son ministère à la paroisse de Lac-au-Saumon, M. le Curé Bouillon, pasteur vigilant et zélé, a l'oeil ouvert sur les besoins du Peuple de Dieu. Se rendant compte qu'à quelques milles de sa paroisse, des gens ont aussi besoin du prêtre, il intercède en leur faveur dès 1910. A Sa Grandeur Monseigneur A.A. Blais, Evêque de Saint-Germain de Rimouski. Monseigneur et Vénéré Père en J.-C.,
La mission du Lac-à-Pitre que nous cherchons à dévelo et qui est desservie par le Curé de la paroisse du Lac-au-Sa aurait besoin d'une attention particulière. Déjà nous avons à y faire installer une scierie, une famille nouvelle venue Saint-Jean-l'Evangéliste, nous est arrivée la semaine dernière, et une dizaine s'annonce comme devant venir au printemps. Aussitôt que la neige sera disparue, nous devons construire une où nous pourrons célébrer la sainte messe avec la permission de Votre Grandeur.
En attendant, Monseigneur, ne pourrions-nous pas une durant le temps de Pâques aller célébrer la messe, y donner la sainte communion. Il y a la maison de Monsieur Michaud qui est très propre et très convenable. De Votre Grandeur, Monseigneur, je suis le tout dévoué fils en N.-S. A. Bouillon, ptre, Curé Lac-au-Saumon, le 11 février 1910. La réponse de l'Ordinaire du lieu ne se fait pas attendre: dès le lendemain elle arrive. Rimouski, le 22 février 1910 Au Révérend Monsieur À. Bouillon Curé à Saint-Edmond du Lac-au-Saumon Mon cher Monsieur,
je reçois votre communication d'hier, à propos des soins qu'il serait opportun de donner à la colonie naissante du Lac-à-Pitre. Je souhaite donc de tout coeur bénédiction, progrès et prospérité à cette colonie dont vous avez la sollicitude.
A titre d'encouragement et à raison de la distance que les fidèles ont à parcourir pour se rendre à votre église, si peu nombreux qu'ils soient encore, je veux bien permettre que les Saints Mystères puissent être célébrés au milieu d'eux. Pour cela, vous apporterez tout ce qui est nécessaire, selon les prescriptions de la liturgie sacrée, et vous choisirez la maison la plus convenable à tous égards. A cette occasion, vous prêcherez, enseignerez le catéchisme, entendrez les confessions, administrerez les sacrements, visiterez les malades et les familles en autant qu'il sera utile. Dans ces dispositions, je demeure, mon cher Monsieur, votre tout dévoué en N.-S. +André-Albert. Ev. de Saint-Germain de Rimouski. HIER
Pour avoir un aperçu de cette colonie, reportons-nous au dictionnaire historique et géographique des paroisses et municipalités de la province de Québec, par Hormidas Magnan. Nous y lisons aux pages 689 et 690:
Cette mission, qui a d'abord porté les noms de «Notre-Dame-des-Champs » et de « Lac-à-Pitre », a été érigée canoniquement le 16 décembre 1922. Elle est desservie par le curé de Saint-Edmond-du-Lac-au-Saumon. Son territoire comprend les rangs I, II et III du canton de Blais et les rangs II, III et IV du canton de Lepage.
La chapelle est construite sur le lot 22 du rang I du canton de Blais, à 3 milles de la station de Lac-au-Saumon, sur le parcours du chemin de fer Canadien National.
Le canton de Blais, érigé le 23 septembre 1919, a été dénommé d'après Mgr André-Albert Blais, 2ème évêque de Rimouski.
Le canton de Lepage a été érigé le 21 décembre 1874. Son nom rappelle la mémoire du premier seigneur de Rimouski, René Lepage.
Cette mission a été érigée en 1922 sous le nom de Tharcisius, premier martyr de l'Eucharistie, parce que cette année que l'on faisait les grands préparatifs du premier Congrès Eucharistique Provincial qui fut tenu à Québec en 1923.
Le nom de « Lac-à-Pitre » viendrait d'un nommé Peter Glasgow qui s'établit sur les bords de ce lac bien avant 1855.
La colonie de Saint-Tharcisius ne s'est vraiment organisée pour le culte qu'en 1924. Une école nouvellement construite lui servait de chapelle. Voici le procès-verbal de la bénédiction de cette école, tel qu'il apparait aux registres de la paroisse:
Le huit de décembre mil neuf cent vingt-quatre de N Seigneur, nous soussigné, curé de Saint-Edmond-du-Lac-aumon avons béni, avec les solennités prescrites une école construite sur le lot de terre No 25, du troisième rang Lepage, N.O., portant le No 1. Cette école en bois a été construite par Monsieur Edouard Morneau, ouvrier de la Mission de Saint-Tharcisius, a coûté environ $2,500.00 et est la première école construites dans les limites de cette Mission. Cette école servira aussi de chapelle en attendant celle qui sera construite plus tard, au centre de la mission, et la première messe a été une messe chantée par Messire A. Bouillon, ptre, curé de Saint-Edmond-du-Lac-au-Saumon et Missionnaire à Saint-Tharcisius, mardi à 7 h., le 9 décembre 1924. 25 communions à cette messe. Signé: A. Bouillon, Ptre, Miss. Le même jour, bénédiction d'un Chemin de la Croix:
Le huit du mois de décembre de l'an mil neuf cent vin quatre de Notre-Seigneur, nous soussigné, curé de Saint-Edmond du-Lac-au-Saumon, étant dûment autorisé par l'Ordinaire, avons béni avec les solennités prescrites, un chemin de croix d l'école-chapelle No 1, construite sur le lot de terre No 25, du troisième rang Lepage, N.-O., pour la mission de Saint-Tharcisius. Signé: A. Bouillon, Ptre, Miss.
Le 11 décembre 1924, Mlle Alphéda St-Laurent commence la classe dans l'école-chapelle. C'est la première école dans la mission. Elle reçoit $25.00 par mois. AUJOURD'HUI
Comme on le voit, cette mission en était à son troisième nom en 1922 un quatrième, « Saint-Alexandre », lui sera signé par Mgr Georges Courchesne en 1928. Voici commtent fut introduit ce dernier vocable. En 1926, ayant à faire un remaniement du territoire de la misssion qu'il avait mise sous le patronage de saint Tharcisius quatre ans plus tôt, Mgr joseph-Romuald Léonard en transféra le centre religieux, y compris son titulaire, dans la partie nord du canton de Blais, direction d'Amqui.
La colonie du « Lac-à-Pitre » ne fut pas détruite pour autant, elle continua de demeurer sous la dépendance de la paroisse de Lac-au-Saumon. Désireux de la remettre au plus tôt sous le patronage d'un saint, M. le curé Bouillon crut devoir proposer à Mgr Courchesne de l'appeler « Sainte-Philomène ». « Il conviendrait, disait-il, de placer dans le voisinage de Saint-Vianney cette Sainte pour laquelle le Curé d'Ars avait une si grande prédilection ».
Mais Monseigneur Courchesne avait aussi sa proposition à faire et elle devait l'emporter sur celle de Monsieur curé:
Que diriez-vous, lui disait-il le 7 juillet 1928, si je proposais pour la mission que vous desservez, le patronage de Saint Alexandre? Si vous hésitez à votre tour, j'ajouterais comme raison personnelle que c'est le nom de feu mon père en même temps que le vôtre, et je suis sûr que vous ne me refuseriez pas le plaisir d'associer cette double paternité pour mettre tout le monde d'accord sur ce premier point. Georges, évêque de Rimouski
Le choix du nouveau titulaire était donc à la fois le témoignage d'une touchante délicatesse de l'évêque envers son subordonné et la reconnaissance de son inlassable dévouement.
M. l'abbé Bouillon s'est dépensé pendant trente-trois ans pour le bien de cette mission. Les anciens se rappellent que généralement au prône du premier dimanche du mois, il faisait cet appel: « J'irai à la mission du Lac Pitre cet après midi, si on vient me chercher ».
On répondait à l'invitation et le lendemain, il y avait célébration eucharistique, instruction, visite aux malades et Monsieur le Curé revenait à sa paroisse de Lac-au-Saumon. DEMAIN
M. le Curé Bouillon étant décédé en juin 1943, il n'eut pas le bonheur de voir s'élever dans sa mission la chapelle dont il fait mention en 1924. C'est son successeur à la cure de Lac-au-Saumon, le R.P. Joseph Roy, des Pères du Saint Esprit, qui fera construire cette chapelle en 1947. Décorée déjà du nom d'église, elle sera bénie par Mgr Courchesne, en même temps qu'une nouvelle école, le 6 octobre 1948. L'acte de cette bénédiction fait partie du rapport de la visite pastorale que l'évêque a inscrit lui-même dans le registre paroissial :
A l'occasion de la visite pastorale au Lac-au-Saumon, j'ai fait à la mission de S.-Alexandre du Lac Pitre la bénédiction de l'église récemment construite. L'extérieur a le cachet des églises rurales du nord de l'Europe et sied à notre région. Le plan est beau. L'intérieur sans colonne est un vaisseau de belle venue. J'y ai trouvé toute la population réunie. La Confirmation donnée à vingt-huit garçons et à vingt-huit filles, la prédication a rappelé l'enseignement du Sauveur sur la rigueur qu'il faut garder à sa conscience si l'on veut ne pas opposer à la grâce les obstacles qui viennent de la violation des vertus naturelles: justice, honnêteté, propreté morale. Que l'on se tienne en état de monter la garde autour de la Présence réelle, et de dresser vers le Ciel des mains pures. La prédication a recommandé encore le respect de l'enfance et l'horreur du scandale. (...)
Les enfants ont bonne mine et la physionomie des gens, sous ce soleil d'octobre qui fait les choses avec tant de splendeur, nous a présenté l'un des auditoires les plus édifiants. Georges Courchesne, archev. de Rimouski.
Etaient présents: M. l'abbé Eudore Desbiens, vicaire forain et curé de Causapscal, les RR.PP. Adolphe Poisson, supérieur, et maure des novices. Daniel Barnabé, curé, Eugène Andlauer, l'aumônier du Cénacle, Casimir LeGallo, joseph Laliberté, Lucien Belec, et l'abbé Edouard Courcy, séminariste et cérémoniaire. L'inspecteur Chabot survenu avec l'abbé Roussel, vicaire au Val-Brillant, a assisté avec les RR.PP. à la bénédiction de l'école donnée après la bénédiction du S. Sacrement. G.C.
Vingt-quatre ans d'attente se sont écoulés pour édifier au Seigneur-Dieu, ce nouveau temple. Le missionnaire fondateur ne disait-il pas: « Il faut savoir attendre l'heure de la Providence, laissons-la faire »...
Les Révérends Pères du Saint-Esprit continuèrent de desservir la mission jusqu'au 23 août 1951. A cette date, M. l'abbé Aubin Fougères, fils de l'un des pionniers de Lac-au-Saumon, M. Samuel Fougères, et deuxième enfant de la paroisse à recevoir les ordres sacrés, est nommé premier desservant résidant.
Lui succédèrent à cette charge le 29 août 1955, M. l'abbé Jean-Marc Desrosiers; le 1er octobre 1960, M. l'abbé Yvon D'Astous. C'est sous son pastorat que le 28 janvier 1965, son Excellence Monseigneur Charles-Eugène Parent, 2ième Archevêque de Rimouski, érigea canoniquement cette nouvelle paroisse sous le nom de « Saint-Alexandre-des-Lacs ».
Le 15 août 1969, M. l'abbé Yvon D'Astous quitte paroisse, il est remplacé par M. l'abbé Maurice Gagnon. 10 août 1970, M. l'abbé Marius Lepage lui succède. Cette paroisse compte présentement quatre cents âmes.
Pour conclure ces notes historiques de Saint-Alexandre-des-Lacs, nous ne trouvons rien de plus adéquat que cet extrait de Documentation Pastorale du 21 août 1969, de Monseigneur Philippe Saintonge, Vicaire général du diocèse de Rimouski. Cet article illustre magnifiquement la vie sacerdotale des prêtres de la région rimouskoise au service du Peuple de Dieu.
(...) Chaque moment de l'histoire diocésaine a eu sa physionomie propre. C'est toujours la même rivière qui déroule son cours mais les paysages sont différents: ici l'eau coule paisiblement; plus loin la rivière est devenue cascade bruyante: ailleurs elle s'élargit et devient détendue et sereine.
A la manière de la rivière, notre ministère, à nous prêtres, est fondamentalement toujours le même, mais l'accent a pu être mis sur des fins particulières à différents moments de la vie diocésaine.
Nos premiers prêtres du diocèse ont mené une vie de missionnaires ambulants. Plus tard, ils devinrent, pour les besoins de l'époque, des organisateurs de paroisse, des bâtisseurs d'église, des promoteurs de l'agriculture, de la coopération, des Caisses Populaires, etc. A d'autres moments, on a consacré des ressources très grandes pour faire surgir des écoles, et promouvoir l'éducation.
A travers ces tâches diverses, on était quand même conscient d'accomplir une mission d'église et de répondre aux besoins des chrétiens et de l'Eglise.
Ce regard rapide sur le passé m'invite à faire deux réflexions: la vie sacerdotale a toujours demandé un effort d'adaptation; si ces adaptations n'ont pas toujours été aussi rapides que cvelles qui s'imposent à nous depuis Vatican II, elles ont quand même coûté de l'effort à chacun.
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