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Sur la route montante ~ partie I

Je connais ta tribulation et ta pauvreté, mais tu es riche. Ne crains rien de ce que tu auras à souffrir.
Sois fidèle jusqu'à ta mort et je te donnerai la couronne de la vie (Apoc 1, 9-10).

INCENDIE DE L'ÉGLISE

Croire, c'est mourir aux vues de notre esprit naturel en acquérant le regard de Dieu; espérer, c'est mourir aux espoirs fondés sur nos possibilités propres, en recevant la certitude d'un Avènement divin; aimer, c'est mourir aux exclusivismes de notre coeur, en partageant jusqu'à la miséricorde du Père céleste. En toutes circonstances, joyeuses ou pénibles, Dieu nous appelle à du dépassement, à la résurrection de son Fils. Il nous dit: " Eveille-toi, toi qui dors; lève-toi d'entre les morts, et sur toi luira le Christ" (Eph 5, 14).

La paroisse de Lac-au-Saumon se préparait, dans la joie et l'allégresse, à célébrer le jubilé d'argent de sa fondation. Grâce à la collaboration des paroissiens, les préparatifs allaient bon train lorsqu'un événement subit vint entraver le projet.

Le 5 mai 1932, fête de l'Ascension du Seigneur, fête célébrée avec la solennité d'alors, lorsque les derniers accords de l'orgue enveloppèrent la voûte de douces harmonies, nul ne se doutait que le lendemain, le 6 serait porteur d'un pénible message.

Oui, en effet, vers les neuf heures du matin, M. le Curé Bouillon vit s'écrouler dans les flammes, en l'espace d'une heure, sa belle église, la richesse des ornements et de la statuaire qui en faisait l'un des plus beaux temples du diocèse.

 

Temple qui avait coûté de nombreux sacrifices! Epreuve terrassante pour un homme dans la soixantaine dont la vie avait été débordante d'activités.

On juge de l'arbre à ses fruits. La résonance de l'instrument donne la richesse de sa valeur. La documentation suivante nous fait découvrir la richesse de cette âme sacerdotale, face à l'épreuve.

Lac-au-Saumon (Matane)

A Son Excellence Monseigneur Courchesne,
Evêque de Rimouski.

Monseigneur,

Je reçois votre bonne lettre réconfortante et salutaire, et je vous en suis tout reconnaissant.

Oui, notre église et tout son contenu (nous n'avons pas même eu le temps de sauver les Saintes Espèces) sont en cendre... C'est une épreuve que le bon Dieu nous envoie et nous nous soumettons à sa sainte volonté.

Après 25 ans de travail, voilà que nous nous trouvons comme aux premiers jours... j'espère cependant que nous n'aurons pas perdu le peu de mérite d'avoir travaillé pour la plus grande gloire du bon Dieu.

Heureusement que nous n'avions pas de dettes. Il nous restait encore à peu près $2,000.00 dû, mais nous avions encore $4,000.00 de répartition à collecter. Nous avons $24,000.00 d'assurances. Nous rebâtirons: et voici mon intention. Je ne veux pas m'assujettir à l'ennui d'une grosse dette à solder, surtout par ces temps difficiles et mystérieux. Nous commencerons par un soubassement à l'épreuve du feu cependant. Je pense que pour $30, à $35,000.00 nous pourrons construire ainsi. Plus tard, le curé verra à continuer la bâtisse.

En attendant, nous dirons les dimanches et Fêtes une messe chez les SS. Serv. de Notre-Dame, et 3 dans les classes (salle de 50 x 25), du couvent des SS. du S. Rosaire. Avec ces trois messes chez les SS. du S. Rosaire, en partageant la population, nous pourrons asseoir autant de personnes que dans notre ancienne église.

Je veux hâter la construction afin d'avoir le logis pour l'hiver. L'architecte Marchand de Québec, viendra me voir dés lundi, le 9 et nous étudierons la chose; puis dimanche le 15 nous passerons les résolutions de Fabrique, et dès que le plan sera fait, je vous le communiquerai pour approbation, afin de commencer en juin si possible.

Encore une fois, merci Monseigneur de vos encouragements et veuillez me croire,

Votre tout dévoué,

A. Bouillon, ptre

Le 7/5/32.

Soeur Marie de Sainte-Rose-de-Viterbe, religieuse des Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire, alors missionnaire à Lac-au-Saumon, nous livre de précieux souvenirs.

Son dévouement était inlassable, son oubli de soi sans pareil

Je dirai que nous fûmes non seulement édifiées mais vivement touchées quand, chaque dimanche, alors que son ministère lui apportait un surcroît de travail; oui, vivement émues de le voir se déplacer pour venir nous donner la Sainte Communion au couvent. Nous avons essayé de lui faire comprendre que c'était trop pour lui, que c'était à nous de nous rendre à l'église; mais non, il resta ferme et chaque dimanche, de grand matin, il était au couvent pour nous donner le " Pain des Forts".

Mais, c'est quand le feu vint détruire son église et ensevelir dans les cendres tous ses trésors personnels apportés de Rome: vases sacrés, splendides reliquaires, ornements liturgiques, que sais-je? Oui, c'est alors qu'il laissa voir jusqu'où allait sa soumission et résignation au bon vouloir divin.

Le soir de cette inoubliable et terrible tragédie, Sr Supérieure et moi, nous nous rendîmes au presbytère, il était normal d'aller lui présenter nos hommages et de lui témoigner notre cordiale sympathie. A ses yeux perlaient des larmes, d'une voix entrecoupée, il nous dit: " Mes Soeurs, c'est une bien lourde épreuve alors que nous venions de finir de payer notre église mais le doigt de Dieu est là... C'est sa sainte volonté. Il s'agit de se résigner. Nous ne serons pas abandonnés, le bon Dieu reste avec nous... Un jour viendra où notre église se relèvera de ses ruines ".

Nous le quittâmes bien émues et très édifiées... Quelle somme de courage il lui faut pour parler ainsi au soir d'un si terrible jour. C'est ainsi que nous exprimions notre admiration.

Dans la suite, que de fois nous eûmes l'occasion d'admirer son esprit de pauvreté et son détachement des choses terrestres. II n'avait plus rien, c'est entendu... Le feu avait tout ravagé: vases sacrés, vêtements et lingerie liturgiques, etc., etc... Du peu qu'on lui offrait, toujours il se montrait satisfait. Il ne savait trop que faire pour nous témoigner sa profonde et paternelle gratitude.Je résume en disant que Monsieur l'abbé Bouillon était un prêtre modèle, il marchait sur les traces du curé d'Ars... Il état! un saint.

Ces édifiants témoignages parlent d'eux-mêmes. Rien à ajouter sauf que la vie continue le déroulement de son parchemin jusqu'au jour où Dieu mettant le point final, tout cessera. Pour Monsieur Bouillon, l'heure n'est pas encore sonnée!

Il continue de vaquer à ses occupations. Les chapelles provisoires de sa paroisse sont organisées. Insensiblement, sur cette première mission de curé de campagne, s'en greffe une autre: celle de fondateur. Soutenu par l'appui de la fondatrice, Mère Marie de S.-Joseph-de-l'Eucharistie, il poursuit son oeuvre.

Au cours de l'été il dirige la construction d'une annexe au " cénacle ". Ses filles spirituelles sont très à l'étroit et les recrues augmentent. Son coeur tout dévoué ne craint ni les fatigues, ni les épreuves pour leur assurer la survie. Aussi est-il heureux de leur prêter le 3° étage du presbytère ainsi que le prouvent ces notes:

Depuis quelques nuits les SS. Serv. de Notre-Dame, couchent au grenier du presbytère. Elles ont dû céder le haut de la Salle paroissiale, pour une chapelle temporaire, où elles avaient leur dortoir.

Lundi, le 15 août 1932, service, (le premier dans le haut de la Salle paroissiale) service du Rév. Messire Ls-Ph. Canuel, prêtre retiré chez les RR.SS. Servantes de N.-Dame Reine du Clergé, décédé le 12 vers 9 hres du matin, à 63 ans, 7 mois, 13 jours.

" Mes yeux sont toujours fixés vers le Seigneur; c'est lui qui dégagera mes pieds du filet. Regarde-moi, aie pitié de moi, car je suis solitaire et malheureux" (Ps 24, 15-16) .

BOULEVERSANT MESSAGE

" Sur la pierre méprisée par les maçons, Dieu a fondé son oeuvre " (Ps 117, 22-23) .

Avec l'incendie de l'église, M. le Curé Bouillon entre dans une nouvelle phase de sa vie. A ce moment tout semble se liguer contre lui. Sa fondation, pour laquelle il a consacré le meilleur de lui-même, lui apporte de nouveaux soucis. Son âme apparaît ployant sous le poids.

Avril 1933 le voit en retraite à Rimouski. Dans ses notes nous lisons:

18 avril 1933 - Monseigneur fit l'instruction de 10 hres an. Il parle des deux morts subites: celle de M. Chs Lavoie, et celle du Chanoine Fortunat Charron. Il fait la louange de ces deux, bons prêtres disparus. Pourrait-il en dire autant de moi? - Peu ï importe l'éloge funèbre ne change pas son éternité! Nous seront fixés pour toujours et nous ne valons que ce que vaut notre âme aux yeux du bon Dieu - ici-bas le mépris, pourvu que là-haut soit la gloire! Cependant que notre conduite excelle aux yeux de tous, afin d'amener tous nos frères à l'amour de Jésus-Christ mais, si malgré tout le bon Dieu veut que je sois méconnu, délaies et méprisé - Fiat! - Pourvu que je l'aime et qu'il m'aime. Peu m'importe le reste.

19 avril 1933 - Mon Dieu, je viens de faire ma confession, il me semble que j'y ai été franchement et avec amour pour vous - J'ai confiance en votre miséricorde et j'éprouve le sentiment que je suis prêt! J'accepte la mort dans le temps et le lieu que vous avez décrétés pour moi et je mourrai par amour pour vous ô mon Dieu, dans les bras de ma bonne Mère Marie Immaculée, Reine du Clergé, conduit par S. Joseph, le patron de la bonne mort et le modèle des prêtres mourants.

... Le pauvre est démuni; il se sent faible devant les autres, incapable de défendre ce qu'il possède, sa réputation, ceux qui lui sont chers; on le néglige, on le compte pour rien, on le charge; ses proches même s'écartent de lui et ne le comprennent plus. A la longue son énergie faiblit, il n'ose plus agir ni même parler, il ne souhaite plus que de passer inaperçue.

Nous voici à l'heure du bouleversant tressage. Depuis le début, la fondation des Servantes de Notre-Dame, Reine du Clergé, comme plus d'une fondation d'ailleurs, apparaît une énigme.

Précédemment nous avons lu les permissions demandées, les autorisations accordées, les encouragements de Monseigneur Georges Courchesne. Aujourd'hui, il s'interroge au sujet de cette future Congrégation.

De plus, faut-il le dire, des confrères charitables ne sont pas tous de l'avis de Monsieur Bouillon. Plusieurs, hélas le critiquent et lui retirent leur part de collaboration à l'heure où il en aurait besoin.

Or, le 8 septembre 1933, en la fête de la Nativité de Marie, Monseigneur venu présider la cérémonie fait connaître un changement d'objectif pour la Pieuse Association. Dans l'homélie il énonce son projet: séculariser le futur Institut pour en constituer un groupe de généreuses personnes toutes destinées à des oeuvres diocésaines quelconques, à l'action féminine plus spécialement.

Dans les Manuscrits de la fondatrice, nous retrouvons à ce sujet d'intéressants détails.

Vous avez fait votre retraite au pied de la Croix: en ce jour de la Nativité de la Sainte Vierge, vous vous attendiez à de grandes joies, mais comme les douleurs accompagnent les joies, vous aussi le 15, fête des Douleurs, vous les partagerez en reprenant vos habits séculiers. Priez!

Cette nouvelle n'étant parvenue à notre Père fondateur que le 7 pendant la veillée, trop tard pour qu'il puisse la porter à la communauté, de la première à la dernière, nous en étions ignorantes. C'est pourquoi elle fut une surprise si douloureuse.

Quand le matin du 8, je rencontrai Sa Grandeur accompagné de notre Père et de quelques prêtres, à l'entrée du vestibule, au pied de l'escalier conduisant à la chapelle temporaire, salle paroissiale, en attendant la future église, je vis bien l'air triste notre Père, et Monseigneur sans un salut encore moins un sourire me dire une peu brusquement: a Vous avez voulu nous jouer un mauvais tour? > Comprenant qu'il parlait ou faisait allusion à mes dernières crises d'angine... je répondis: « J'essaie de le réparer ». Le coeur serré, mais confiante, malgré ma grande faiblesse, je montai tranquillement l'escalier. de

Après l'office, au baiser de paix une nouvelle professe me dit: « Mère, qu'allons-nous faire?» Je répondis: c'est tout réglé, nous ferons la volonté du bon Dieu .

... Le 15 passa, octobre arriva, aucune nouvelle de la sécularisation. Cependant mon coeur pressentait les grands événements, et nous, nous prions avec confiance nos grands protecteurs: le Saint-Esprit et Saint Joseph.

Les événements auxquels la fondatrice fait allusion ce sont les Membres du Clergé consultés qui étudieront si l'Association doit demeurer simplement laïque ou devenir une Congrégation religieuse.

Entre-temps pour répondre au désir de l'Ordinaire, désir exprimé au fondateur, la fondatrice demande des renseignements au Foyer de Québec. Quelques jours plus tard, elle reçoit la réponse suivante:

Bien chère Soeur,

Me rendre à la demande de Son Excellence Monseigneur Courchesne et à la vôtre serait mon désir, mais c'est un problème et je n'en vois pas la solution.

Par écrit, il m'est impossible de vous donner des renseignements qui vous soient utiles.

Il est regrettable que vous ne puissiez venir à Québec, en conversant, peut-être en viendrons-nous à quelques conclusions pratiques, quoique je ne saurais le promettre.

Comme vous le dites, l'incognito que nous devons rigoureusement garder. deviendrait impossible dans un village.

Prions, et espérons que le bon Dieu daignera éclairer cette importante question afin qu'elle soit résolue pour sa gloire et à votre satisfaction.

Veuillez croire, ma chère Soeur, à mon sincère regret de ne pouvoir vous donner une réponse plus favorable, et agréez, l'expression de mes sentiments respectueux.

C. R.

Devant cette alternative, combien fut éloquent le silence du fondateur, combien fut admirable son héroïque détachement, combien fut confiante et abandonnée sa prière au Père des Cieux!... « ayant présenté sa supplication à celui qui pouvait le sauver de la mort, il fut exaucé » (He 5,7).

La réunion eut lieu et elle fut en faveur de la création d'un Institut religieux. Le 21 octobre, Monseigneur fit demander M. le Curé Bouillon et les documents nous révèlent que le 30 octobre 1933, une nouvelle pétition fut envoyée à la Sacrée Congrégation des Religieux.

En guise de conclusion nous empruntons au Père Voillaume, cette prière qu'il adresse à son fondateur: le Père de Foucauld. Cette prière exprime on ne peut mieux les sentiments filiaux des filles spirituelles de M. le Curé Bouillon: les Servantes de Notre-Dame, Reine du Clergé.

Dieu seul sait ce que vous a coûté chacune de nos âmes, chacune de nos vocations, à vous qui êtes notre Père (...) Nous ne nous doutons pas à quel point nous sommes vraiment vos filles, car, sans vous, nous ne serions pas ici, et vous êtes sans doute à l'origine de l'amitié que jésus nous témoigne.

JUBILE D'OR AU COUVENT DE SAINT-ANACLET

Vous publierez le jubilé,
Est-il écrit au Lévitique;
Et, devant le peuple assemblé,
Vous ferez fête magnifique (Lév 25, 10).

Le 8 octobre 1933, la paroisse de Saint-Anaclet est en liesse. Il y a cinquante ans les religieuses de Notre-Dame du Saint-Rosaire de Rimouski, venaient prendre la direction de l'école paroissiale.

A cette occasion une invitation avait été lancée aux anciens élèves de venir célébrer la « Noce d'Or » de leur Alma Mater.

Monsieur le Curé Bouillon, élève de 1883-1888, fut invité à prononcer l'homélie de la fête.

Monseigneur, mes Frères,

Magnificat anima mea Dominum.

Parmi les fêtes auxquelles vous pouvez être conviés, je n'en sais guère de plus charmantes que celle qui nous rassemble aujourd'hui; et vous y êtes venus avec une bonne grâce et un empressement qui ne peuvent manquer de réjouir profondément les organisatrices de ce cinquantenaire.

II y a en effet dans un jubilé d'or, autre chose que des compliments et des chants. C'est une véritable fête qui a ses joies, ses émotions, ses leçons et ses encouragements, une fête qui jette, au milieu des jours sombres dont la vie est pleine, un gai rayon de soleil.

Un Jubilé d'or de Couvent, c'est la fête de tous ceux qui sont passés par cette maison bénie; de tous ces écoliers et écolières d'hier et d'aujourd'hui qui ont bénéficié et bénéficièrent du dévouement de leurs maîtresses. C'est la fête des familles. Vous n'avez rien M. F. de plus cher que vos enfants, qui sont votre vivante image, et si vous faites pour eux, de grand coeur, les sacrifices que je sais, si vous dites souvent, en pensant à eux, au milieu de vos dures fatigues: « Je veux, coûte que coûte, qu'ils soient bien élevés, et qu'ils aient non seulement l'instruction qui convient à leur âge, mais encore l'éducation qui forme leur coeur à toutes les vertus chrétiennes ». N'est-ce pas pour vous une joie bien douce de les voir grandir peu à peu, et d'années en années prendre la parure et l'ornement de vertus et de grâce qui font le charme de la jeunesse?

C'est un grand pas de fait, non seulement dans la voie du progrès, mais dans celle de la moralité et de la prospérité publique, que l'on commence à comprendre combien il est important de former dès le berceau l'esprit et le coeur des enfants. Les conséquences d'une mauvaise éducation sont si graves, pour eux, pour la famille, pour la société, qu'on ne peut ni excuser ni expliquer la coupable incurie de certains parents à cet égard.

C'est la fête des maîtresses à qui vous avez confié l'éducation de vos enfants.

L'éducation de l'enfance n'est pas, M. F., une profession vulgaire; c'est une carrière toute de sacrifice et de dévouement.

Pour s'y consacrer, il faut un motif plus fort et plus pur que celui qui est le mobile des entreprises ordinaires de la vie, il faut des convictions profondément religieuses, un coeur de mère, un courage viril et une abnégation sans bornes. Il faut tout cela, pour donner à vos enfants une éducation maternelle et chrétienne, la seule qui soit appropriée à leurs besoins.

Oui, M. F., l'éducation des enfants doit être une éducation maternelle. Pour les institutrices, mettre cette vérité en oubli, c'est s'écarter du but de leur mission.

Depuis que les hommes vivent en société, ils ont fait bien des progrès dans les arts. Pour les apprécier à leur juste valeur, il faudrait comparer nos oeuvres avec les oeuvres des peuples qui nous ont précédés.

Comment sommes-nous arrivés à ce degré de perfection? C'est en cherchant à ravir à la nature ses secrets, c'est en cherchant à l'imiter.

L'éducation des enfants est aussi un art dont la nature est le modèle. La meilleure institutrice est celle qui sait le mieux se conformer à la nature. Qu'elle étudie ce qu'une mère de famille fait pour ses enfants, la manière dont elle le fait, c'est là le type, le véritable modèle dont elle ne doit jamais s'écarter, si elle prétend à quelques succès. Non, je ne crains pas de le dire, il n'y a de bonne éducation pour les enfants que celle qui lui est donnée par sa mère, ou celle qui n'est qu'un reflet de l'éducation maternelle, car c'est la seule éducation basée sur la nature.

Il ne faut pas nous en étonner, M. F., la Providence a tout réglé ici-bas avec ordre et sagesse, pour le plus grand avantage de ses créatures. Tout arrive à sa fin par des moyens dignes de Dieu.

Qu'elle est la sève qui convient le mieux au fruit suspendu dans nos vergers pour en développer la douce saveur? N'est-ce pas celle de l'arbre sur lequel il s'est épanoui en fleur adorante? Qu'il y reste jusqu'à sa maturité, et il y trouvera avec abondance la nourriture qui lui est propre.

Dieu a fait de la mère de famille un trésor inépuisable pour ses jeunes enfants. Elle les nourrit du plus pur de sa substance: une partie de sa vie devient leur vie. Et bienl ce n'est point tout; ce n'est pas encore assez.

La nourriture matérielle ne suffit point à ceux à qui elle a donné le jour, car ils sont doués non seulement d'un corps, mais surtout d'une àme immortelle. A cette âme, il faut un aliment: cet aliment, c'est la connaissance et l'amour. Le coeur d'une mère en est abondamment pourvu. Si parfois le premier manque, le second y supplée. Qui dira les prodiges d'affection et de patience que Dieu a mis dans le coeur d'une mère? Qui racontera ces soins minutieux dont elle environne son jeune enfant.

Douée d'un admirable instinct, elle sait prévenir ses besoins et ses douleurs. Résistant aux charmes du sommeil, son oeil veille avec amour sur le berceau où il repose.

Elle aide son faible pied à marcher: elle apprend à sa jeune bouche les mots de père, de mère, de Dieu, de frère et de sueur. Comme Dieu faisait à l'égard du premier homme, elle lui enseigne les noms de toute créature.

Puisqu'il en est ainsi, vous allez me dire, M. F., pourquoi la mère de famille ne conserve-t-elle pas toujours ce précieux dépôt que la Providence lui a confié? Lui est-il permis de se décharger sur autrui d'une fonction si douce et si noble? A cela, je répondrai:

Quand une mère de famille est dans une position telle, qu'elle peut elle-méme donner à ses enfants l'éducation qui leur convient, elle aurait tort de se décharger sur autrui de cette obligation sacrée. Mais, dans l'état actuel de notre société, il en est rarement ainsi; alors, il faut céder aux exigences et aux nécessités de la vie. Mais alors aussi, il faut qu'elle use de son discernement de mère, afin de pouvoir rencontrer un coeur dévoué, une affection sans bornes, pour remplacer son coeur et son affection. Je n'hésite point à le dire, mère de famille, cet autre vous-même, vous l'avez trouvé dans le dévouement des RR. SS. de N.D. du S. Rosaire. Oui, ces âmes généreuses et dévouées ont renoncé aux biens de ce monde, aux jouissances de la terre, aux consolations de la famille, pour vouer à vos enfants une pieuse, vive et touchante affection. Elles sont leurs mères: vos enfants sont leurs propres enfants. Tout en les instruisant, elles dirigent leurs premiers pas dans les sentiers de la vertu.

Elles étudient avec une tendre sollicitude, les caractères, les aptitudes, les inclinations diverses de leurs jeunes élèves. Elles développent les sentiments nobles et généreux. Elles entretiennent une émulation bien différente de cette rivalité inquiète et chagrine qui divise et qui devient le germe de passions étroites et funestes. Si elles voient poindre dans les jeunes âmes qui lui sont confiées l'égoïsme, l'insensibilité pour les maux d'autrui, les prétentions mesquines d'un amour-propre naissant, elles savent lutter avec discernement et prudence, contre ces ennemis qui acquierraient des forces indomptables, s'ils n'avaient devant eux un adversaire qui ne leur laisse point un moment de repos. Qu'elles sont heureuses, lorsque leurs travaux et leurs veilles sont couronnés de succès!

D'autres se réjouissent du bien qu'ils ont acquis, des honneurs qui leur sont rendus: ces infatigables institutrices de la jeunesse ne sont heureuses que du bien qu'elles font à vos enfants et à vous-mêmes. Oui, l'éducation qui est donnée à vos enfants est la seule éducation qui leur convienne, car c'est une éducation toute maternelle.

C'est de plus une éducation chrétienne. Il est une vérité que les intelligences les moins cultivées peuvent comprendre, c'est que la religion est la condition nécessaire du bonheur des familles et des sociétés.

Il en est une autre, non moins incontestable, c'est que la femme exerce une grande influence sur la famille et sur la société.

La famille est une petite société où il y a commandement et obéissance, pouvoir et subordination. Si le commandement est sévère et absolu; si d'un autre côté l'obéissance est relâchée, les membres de la famille sont dans des rapports forcés.

C'est la religion, M. F., qui investit le pouvoir paternel de son caractère propre; c'est elle qui lui fait unir la douceur à la gravité, lui fait comprendre la sainteté et l'importance de ses obligations. Elle sanctifie l'obéissance, car, non contente de seconder la nature, en prescrivant aux enfants d'aimer leurs parents, elle les leur représente comme les images de Dieu sur terre. Ainsi elle leur inculque un amour mêlé de respect.

Si la sévérité du commandement est tempérée par l'affection, l'affection fait disparaître ce que l'obéissance a de pénible.

Il faudrait un autre pinceau que le mien pour vous faire le tableau de la famille chrétienne. Aucun bonheur n'est comparable à son bonheur; là, règne l'ordre, là, tout est à sa place. Là, des intelligences libres observent sans efforts les relations fondées sur la nature et sur la volonté divine.

Faites disparaître de la famille la douce influence de la religion chrétienne, et vous verrez combien elle était un élément nécessaire à son bonheur. Le père devient un maître sans entrailles, le fils un esclave révolté. Au sein d'une pareille famille se développent les germes funestes des mauvais exemples, des scandales et des crimes. C'est une terre de désolation et de ruines.

L'influence de la femme chrétienne préviendra ces malheurs.

Au père de famille sont réservés les travaux pénibles, les tracas des affaires; à la femme est dévolue la noble tâche d'épier, dans ses jeunes enfants, les premières lueurs de l'intelligence, pour les diriger vers ce qui est bon, vrai et juste; de découvrir le premier germe de la vertu, pour l'échauffer doucement sur son sein maternel, le développer, et lui faire produire des fruits abondants.

Elle leur enseigne qu'il y a au ciel un père commun, et que tous les hommes sont ses enfants; qu'ils sont tous frères, et qu'à ce titre ils se doivent aimer et secourir. Elle les prépare à la vie, en leur donnant l'exemple du dévouement et du sacrifice. Elle leur montre la mystérieuse et efficace intervention de Dieu dans les choses d'ici-bas; elle leur parle de sa justice, qui punit les méchants et récompense les bons; de sa miséricorde, qui convie le pécheur au pardon. Ainsi, elle donne le premier aliment à un des instincts les plus profonds de notre coeur, à l'instinct religieux.

Il est facile de comprendre, M. F., quel trésor c'est non seulement pour la famille, mais pour la société, que des enfants élevés dans de tels principes.

C'est enfin la fête de toute la paroisse et de tous les amis de l'éducation, et puis pourquoi pas la fête de toute l'église. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi? Pourquoi l'église n'aurait-elle pas le droit de se réjouir et de partager votre légitime allégresse, M. F.? L'Église qui parfois et en certains tristes pays, pauvre, dépouillée, n'ayant que la voix de sa prière et les aumônes des fidèles soutient, pour l'éducation chrétienne de ses enfants, une lutte inégale qui fait la honte de ces pays dit civilisés.

M. F., vous saisissez facilement le sens élevé de cette fête où l'Egüse vous présente ces 1000 élèves, parmi lesquels, nous comptons: 6 prêtres, 3 ecclésiastiques, 4 religieux, 33 religieuses. 9 professions libérales, 5 cours classiques (sans profession); 12 étudiants actuels au séminaire, 65 maîtresses religieuses, 200 brevets d'enseignements et un grand nombre d'industriels, de commerçants, et mères de famille et jeunes filles, sortis du couvent des SS. du S. Rosaire à S. Anaclet et où elle tressaille avec plus de joie encore que cette Romaine qui disait, en montrant ses fils: u Voilà mes joyaux!> Oui, M. F. si l'Église aime si tendrement ses enfants, si pour eux, elle les comble de tant de bienfaits, si pour eux, elle donnerait jusqu'à la dernière goutte de son sang, soyez-lui pieusement fidèles, et dans l'élan de votre âme, alors qu'ailleurs elle est traitée en ennemie, enlacez-la de vos deux bras pour lui dire au moins ce que dit un jour un enfant qui voyait pleurer sa mère: « O maman, vous pleurez, laissez-moi boire vos larmes et ramener le sourire dans vos yeux! »

Monseigneur, en ce jour heureux du cinquantième anniversaire de la fondation du couvent de S. Anaclet, la venue de Votre Excellence pour en rehausser l'éclat est un événement heureux qui restera longtemps gravé dans le coeur de tous.

La vue du premier pasteur réjouit toujours le coeur des vrais chrétiens; elle excite l'allégresse, réveille la piété, et ranime la foi.

Tels sont, Monseigneur, j'en suis sûr, les sentiments qui animent cette paroisse. Elle voit en vous le successeur des apôtres, l'héritier des saints et pieux Pontifes qui ont planté l'étendard du Christianisme dans ce diocèse et elle s'applaudit de l'insigne honneur que vous lui faites aujourd'hui, en lui donnant la douce joie de contempler les traits de celui qui continue si dignement les aeuvres établies par ses prédécesseurs.

Ce n'est pas à moi, Monseigneur, de faire l'éloge des fidèles qui se pressent autour de vous. Cependant, par la joie franche et sincère, par l'enthousiasme vrai que votre présence excite en eux, vous pouvez juger des dispositions religieuses qui animent cette paroisse. Nous savons que c'est faire tressaillir votre coeur d'Evèque que de vous dire: la religion et ses saintes lois exercent leur bénigne influence sur les paroisses de votre diocèse: et MM. les Curés peuvent se dire que leur devoir fidèlement accompli peut y être pour quelque chose, nos maisons d'éducation tenues par de si dévoués maîtres et maîtresses, par les RR.SS. du S. Rosaire en particulier, secondent sûrement la grâce du bon Dieu qui opère par tous ces moyens.

M. F., j'ai fini, j'ai peut-être abusé de votre patience, pardonnez-moi, c'est la deuxième fois qu'il m'est donné de vous voir ainsi tous réunis dans l'église de mon baptême et de ma première messe, et de vous adresser la parole. D'abord, il y a 33 ans, à la première messe de l'un des vôtres, élève comme moi de votre bon couvent des SS. du S. Rosaire, et cette fois-ci. Je n'ai pu résister à la prière faite avec une insistance toute maternelle. Je demande au bon Dieu de récompenser toutes nos anciennes et futures maîtresses du S. Rosaire, et pour vous, M. F., j'implore le jubilé éternel, où nous pourrons louer et aimer le bon Dieu sans fin et la bénédiction de Monseigneur. Amen.

CONSTRUCTION D'UN SOUBASSEMENT

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front, ceux qui marchent, pensifs, épris d'un but sublime, ayant devant les yeux, sans cesse nuit et jour, ou quelque saint labeur ou quelque grand amour, ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins... (V. Hugo).

Le pasteur qui s'est donné pour sa paroisse depuis M début de sa fondation, n'aura de cesse qu'elle soit réorganisée pour les offices liturgiques.

Dieu seul tonnait les sacrifices et les soucis qu'apportèrent au zélé Curé Bouillon, les années 1932-1935. Même s'il n'eut pas à parcourir le long trajet de 1906 pour l'Offrande du Saint Sacrifice, il n'en restait pas moins qu'il avait vieilli, que ses forces avaient diminué. S'il portait sa croix en silence attendant que sonnat l'heure de la Providence, il ressentait profondément le contre-coup du manque d'unité dans le rassemblement de ses paroissiens.

Dans l'une de ses lettres à l'Ordinaire, en date du 7 mai 1932, au lendemain de l'incendie de l'église, n'avait-il pas écrit: « Je veux hâter la construction afin d'avoir le logis pour l'hiver? » Ce projet était resté à l'état silencieux. Par les présentes, nous verrons que c'est seulement en 1935 que s'effectuera la réalisation de ce plan.

A Son Excellence Monseigneur Courchesne,
Evêque de Rimouski.

Excellence,

L'humble requête de la majorité des habitants francs-tenanciers de la paroisse de S.-Edmond du Lac-au-Saumon, au comté de Matapédia, district de Rimouski, lesquels représentent très respectueusement à Votre Excellence:

Que le 6 mai 1932, l'église de la dite paroisse a été incendiée;

Que depuis cette date, les offices religieux se font dans une salle trop petite pour contenir la population, ce qui amène la nécessité de dire quatre messes les dimanches et les jours de fête d'obligation, ce qui gêne fort la population et empêche l'union paroissiale, et lui fait sentir vivement le pressant besoin d'en avoir une nouvelle:

C'est pourquoi vos suppliants prient Votre Excellence de leur permettre de construire un soubassement en matières incombustibles et de continuer plus tard l'église aussi en matières incombustibles.

Ce soubassement serait du coût approximatif de $19,000.00, pas plus. C'est pourquoi vos suppliants prient Votre Excellence de leur permettre de construire d'abord un soubassement, en tel lieu qu'elle voudra bien désigner, et sur telles dimensions qu'il lu! plaira de déterminer. Et vos suppliants ne cesseront de prier.

A. Bouillon, ptre, curé.

Lac-au-Saumon, le 6 février 1935

A cette requête répond le décret suivant:

GEORGES COURCHESNE
Par la grâce de Dieu et du Siège Apostolique,
Evêque de Saint-Germain de Rimouski

A tous ceux qui les présentes verront, savoir faisons que:

Vu le procès-verbal, en date du 4 mars 1935, d'une assemblée présidée par le Très Révérend Monsieur J: D. Morin, vicaire forain et curé de la paroisse Saint-Jacques de Causapscal, par Nous député dans la paroisse de Saint-Edmond-du-Lac-au-Saumon, comté de Matapédia, district de Rimouski, pour ce qui concerne la construction d'un soubassement devant servir d'église provisoire, en attendant l'exécution du plan complet qui comporte la construction d'une église au-dessus de ce soubassement, en conformité d'une requête, en date du 6 février 1935, à Nous présentée à cet effet par la majorité des habitants francs-tenanciers de la dite paroisse:

Nous étant assuré que notre dit député a fidèlement observé, dans l'exécution de la commission que Nous lui avons donné au sujet de la dite construction, les formalités prescrites en pareil cas par les lois ecclésiastiques et civiles;

En conséquence, Nous avons permis et Nous permettons qû il soit construit dans la dite paroisse de Saint-Edmond du Lac-au-Saumon, un soubassement en matériaux incombustibles dont le coût ne devra pas dépasser la somme de dix-neuf mine piastres ($19,000.00), et de plus Nous avons réglé et règlons ce qui suit:

Le dit soubassement aura environ cent soixante-douze pieds de longueur, cinquante-cinq pieds de largeur et onze pieds de hauteur.

Copie du plan du dit soubassement et de la future église devra être transmis à l'évêché pour y être conservé.

Sera Notre présent décret lu et publié au prône de la messe paroissiale de la dite paroisse de Saint-Edmond-du-Lac-au-Saumon, le premier dimanche après sa réception, et conservé aux archives de l'église paroissiale.

Donné à Saint-Germain de Rimouski, sous Notre seing, le sceau du diocèse et le contre-seing du chancelier diocésain, le vingt-septième jour du mois de mars de l'année mil neuf cent trente-cinq.

Signé: Georges. Ev. de S: Germain de Rimouski; par Monseigneur Edouard Chénard, Ptre. Chancelier .

Le 21 mai 1935, sous la direction de Monsieur Georges Dubé, Entrepreneur de Rimouski, les travaux commencèrent et le 20 octobre de la même année, M. le Curé Bouillon avait la joie d'y célébrer la première messe.

A l'occasion de la visite pastorale de Mgr Georges Courehesne, évêque de Saint-Germain de Rimouski, le 28 mai 1936, eut lieu la bénédiction, en présence des paroissiens réunis et de nombreux prêtres.

De nouveau, Monsieur Bouillon avait fidèlement accompli sa mission et avec Paul Claudel, ne pouvons-nous redire cette strophe de la Messe là-bas:

Il y a un homme qui a reçu sa tâche le matin et qui ne fait plus qu'un avec elle!

Médecin, poète, soldat, laboureur et bâtisseur de maisons.

Il offre à Dieu, entouré de cette oeuvre de toutes parts sous lui peu à peu qui s'exhausse comme un autel,

Une chose qui porte son nom.

SUPPLIQUE AU SAINT PÈRE

Au milieu de ses activités pastorales, le Fondateur ne se désintéresse nullement de sa petite communauté. La pétition suivante présentée à Rome, par Monseigneur Georges Courchesne, en témoigne.

24 septembre 1935

Très Saint Père,

L'humble soussigné, évêque de Saint-Germain en Amérique (Rimouski, Canada), soumet respectueusement à Votre Sainteté qu'en mars 1931 il reçut de la S.C. des Religieux la lettre suivante:

Quum Excellentia Tua Rev. ma, litteris sub die 9 februari 1930 datis, facultatem petierit novum Institutum Sororum fundandi, cuius titulus vulgo Servantes de Notre-Dame Reine du Clergé, hxc S. Congregatio re mature perpensa, in Congressu diei 7 februari 1931, rescribendum censuit prout rescribit:

Dilata ad opportunius tempus; nam numerus asseclarum non sat magnus est, et Institutum ipsum haud sufficienter usque adhue dedit stabilitatis et firmitatis argumenta.

Haec a me, officii mei debito, communicanda erant cum E.T. ut interesse habentibus faveat significare, dum omnia Tibi a Domino adprecans, me profiteor.

Datum Romae, die 7 martii 1931.
Traduction: Votre Excellence, par une lettre datée du 9 février 930, a demandé la « faculté » de fonder un nouvel Institut de Religieuses lu nom de: Servantes de Notre-Dame Reine du Clergé. Cette Sacrée congrégation, après mûre réflexion, à sa réunion du 7 février 1931, a ugé devoir répondre à la vôtre ce qui suit: «Concession reportée à un temps plus opportun; le nombre des adeptes n'est pas assez grand, et l'Institut lui-même n'a pas suffisamment fourni jusqu'à présent d'argument stable et ferme». Il est de mon office de communiquer cette réponse à Votre Excellence qui voudra bien la signifier aux intéressés. C'est de tout coeur que je prie le Seigneur pour qu'il vous comble de ses bénédictions. Signé: Vinc. La Puma, Secr.

Deux ans plus tard, le 30 octobre 1933, j'avais l'honneur d'écrire à la S.C. des Religieux la lettre suivante:

Depuis ces deux ans (que j'ai reçu de V.S. la lettre dilatoire qui précède), la pieuse association a continué de se recruter et de se former dans la ferveur et le travail préparatoire à son ceuvre: sanctification de ses membres par la réparation des péchés des âmes consacrées à Dieu, par la fidélité aux commandements de Dieu et de l'Eglise et la pratique des conseils évangéliques; poursuite de cette fin par une vie de labeur au service des ministres de l'autel: tenue et service des presbytères (où les prêtres mènent la vie commune, selon l'usage de ce pays), soin des sacristies, surtout dans les pays de missions pauvres; ceuvre des catéchismes, enseignement ménager, oeuvre des classes dans les paroisses dépourvues de ressources; orphelinats, hôpitaux provisoires en temps d'épidémie.

Déjà trente-cinq vierges vivent de la vie commune, sous une règle destinée à les former à ces ceuvres, et quinze autres attendent leur admission. La pieuse association attend que Votre Sainteté lui ait permis de se constituer en religion proprement dite pour se porter à l'appel de Nos Seigneurs Charlebois et Turquetil, Vicaires apostoliques du Keewatin et de la Baie d'Hudson, qui comptent parmi nos missions du nord les plus pénibles et les plus méritoires. Elles sont également prêtes à se rendre en Afrique à l'appel d'un autre évêque missionnaire Oblat, au Basutoland. Les Oblats du Mont-Joli et les Clercs de Saint-Viateur de Sully, dans mon diocèse, se disent très satisfaits des services, de l'esprit et de la piété de ces pieuses filles qui sont à leur service depuis deux ans.

Les prédicateurs de retraite qui les ont exhortées et le visiteur canonique que j'ai prié de les examiner avec soin, m'assurent qu'il y a chez le curé fondateur (l'abbé Alexandre Bouillon) et chez les dirigeantes de la pieuse association des Servantes de Notre-Dame, Reine du Clergé une vie intérieure éclairée et fervente et chez leurs dirigées un grand esprit d'obéissance, et, comme disposition propre à aider le prêtre dans les oeuvres auxiliaires de l'Action catholique féminine, un zèle ardent mais sans illusions. De sorte que l'humble soussigné croit apercevoir des signes de la volonté du bon Dieu dans le projet de fondation religieuse qui lui a été soumis et qu'il dépose aux pieds de Votre Sainteté, croyant que l'association présente maintenant les garanties de stabilité et de fermeté qui lui manquaient encore en 1931.

A genoux aux pieds du Très Saint Père, l'évêque de Rimouski demande donc qu'il lui soit permis d'ériger en communauté religieuse à voeux simples la pieuse association des Servantes de Notre-Dame Reine du Clergé, présentement groupée au Lac-au-Saumon, dans le diocèse de Rimouski. Veuille Votre Sainteté, etc.

Très Saint Père, depuis 1933, où la lettre qui précède A été écrite, la pieuse association mentionnée continue auprès de moi ses infantes cependant que le recrutement soigneux des sujets se poursuit. Ce recrutement serait plus rapide si j'avais le bonheur d'obtenir de Votre Sainteté la permission de l'ériger en Institut religieux à voeux simples. Il y a toutefois quarante-six vierges réunies qui prient, travaillent, rendent service dans cinq mission chez les religieux, et qui reçoivent, de tous ceux qui les connaissent à l'oeuvre, les témoignages les plus propres à m'encourager dans cette troisième instance auprès de Votre Sainteté.

Prosterné donc à Vos pieds, Très Saint Père, je renouvelle ma demande et je prie Votre Sainteté de me bénir,

Georges Courchesne, év. de Rimouski

APPROBATION CANONIQUE

La vie communautaire au « Cénacle p se poursuit dans le calme, la prière, la charité ardente des soeurs. La Congrégation avance avec ses joies et ses croix. Un événement bien remarquable, l'approbation canonique, vient consolider l'Oeuvre du Fondateur. La formation d'un Institut religieux n'est pas l'affaire de quelques mois ou de quelques années, mais un travail de longue haleine et de persévérance.

Durant les six premières années de la fondation, la majeure partie des soeurs n'étaient encore que des novices et postulantes. La formation des professes elles-mêmes ne ouvaient être considérée comme parvenue à son terme. En effet, les coutumes et usages, qui sont l'expression de l'esprit ü'un Institut, ne peuvent se fixer que peu à peu, et devenir règlements qu'après avoir subi l'épreuve du temps.

En attendant cette heureuse et nécessaire maturité, la Fondatrice devait être la « règle vivante » qui dirige les unes et les autres dans une voie unique.

Tout en ne formant qu'une seule Communauté, sans postulat, sans noviciat, quelques-unes tentent l'expérience du service dans les presbytères et maisons de religieux. Rien de canoniquement constitué, au sens juridique du mot.

Quelle ne fut pas la joie du Fondateur, joie discrète mais réelle et profonde, lorsqu'il apprit l'heureuse nouvelle de la reconnaissance canonique de sa fondation?

Voici comment il l'exprime:

14 février 1936 - Visite de Monseigneur Georges Courschesne arrivé par le train de 6 hrs du soir. Il se rend de suite chez les SS. Servantes de Notre-Dame du Clergé, rassemble les Soeurs dans la chapelle de la communauté et leur lit le Décret les constituant communauté diocésaine et leur permettant de faire des voeux. La joie est complète.

Evêché de Rimouski
Georges Courchesne, évêque de Saint-Germain de Rimouski


A Nos très chères filles
les Tertiaires de Notre-Dame Reine du Clergé Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur

A tous ceux qui verront les présentes. Nous faisons savoir que vu:


1 - Les requêtes du soussigné évêque de Saint-Germain de Rimouski à la Sacrée Congrégation des Religieux, en date du 9 février 1930, du 30 octobre 1933 et du 24 septembre 1935, à l'effet d'obtenir l'autorisation d'ériger en Institut religieux à voeux simples, sous le nom de Servantes de Notre-Dame Reine Clergé, la pieuse association instituée par M. l'abbé Alexandre Bouillon, curé de Saint-Edmond du Lac-au-Saumon, comté dt Matapédia, sous le nom et avec les privilèges de Tertiaires de Notre-Dame Reine du Clergé;

2 - la requête, en date du 29 mai 1930, présentée par la directrice de la dite pieuse association et ses compagnes au Saint: Siège, à l'effet d'obtenir le droit d'être érigées en communauté religieuse à voeux simples pour leur sanctification personnelle et pour le service spirituel et temporel du clergé;

3 - l'autorisation accordée par le Saint-Siège dans un rescrit de la Sacrée Congrégation des Religieux en date du 25 janvier 1936 à l'évêque de Saint-Germain de Rimouski déclarant que « Rien ne s'oppose à ce que, conformément au Canon 492, un nouvel Institut de droit diocésain soit fondé avec le titre de Servantes de Notre-Dame Reine du Clergé ».

4 - l'utilité de la dite association déjà reconnue par les services qu'elle a rendus et rend encore aux maisons de religieux et de prêtres qui dirigent les paroisses;

En conséquence, Nous avons érigé, et, par les présentes, Nous érigeons la pieuse association des Tertiaires de Notre-Dame Reine du Clergé en Institut religieux à voeux simples sous le titre de Soeurs Servantes de Notre-Dame Reine du Clergé, enjoignant au nouvel Institut de Nous présenter ses Constitutions aussitôt que possible pour être approuvées par Nous.

Nous rappelons à l'Institut des Soeurs Servantes de Marie Reine du Clergé que le but premier et général de sa fondation est la sanctification de ses membres par l'observance des trois voeux de religion et l'observance de ses constitutions; que son but secondaire sera de se dévouer au service des religieux et des prêtres dans l'entretien des presbytères et des sacristies et dans l'aide que les Soeurs pourront donner à l'enseignement du caté. chisme dans les diverses missions; de même que dans le soin des malades dans les hôpitaux qu'on voudra leur confier provisoirement ou de façon définitive, le tout selon leurs constitutions, les règles du Droit canonique, la pratique reconnue par la Sacrée Congrégation des Religieux et l autorisation qu'elles devront obtenir de l'autorité diocésaine.

Donné à Rimouski, le quatorzième jour de février de l'an de grâce mil neuf cent trente-six.

Georges, év. de St-Germain de Rimouski.

Cette lecture terminée, Monseigneur invite les membres du nouvel Institut à la reconnaissance, à une grande ouverture et disponibilité au service de l'Eglise.

L'Eglise n'a pas été longue à nous accorder ce que nous demandions. Remerciez votre Père fondateur qui s'est occupé de vous ayez aussi un pieux souvenir pour le porteur de votre décret.

Elargissez vos âmes pour semer autour de vous la paix et la joie par vos sacrifices, votre bon exemple et vos paroles édifiantes. Il faut que vous preniez part aux intérêts de l'Église: que vous soyez tristes avec elle et que vous vous réjouissiez de ses joies.

Dans une famille, n'est-ce pas les serviteurs qui prennent le plus d'intérêt pour leur Maître qui sont aimés le plus? Il en est ainsi dans la grande famille religieuse. Ce sont les âmes qui partagent le plus avec elle, qui plaisent davantage au Coeur de Jésus.

Il bénit la communauté et fait chanter le Magnificat!

A la nouvelle de cette approbation, quelques prêtres et communautés religieuses unissent leurs actions de grâces au Vénéré fondateur pour remercier le Tout-Puissant de cette insigne faveur. S'ajoutent d'elles-mêmes des félicitations bien méritées à l'adresse de celui qui a beaucoup peiné.

Le 24 février 1936

Cher Monsieur Bouillon,

J'apprends par la voix des journaux l'heureuse nouvelle de la reconnaissance officielle par l'Église de votre chère Congrégation des Servantes de Marie Reine du Clergé.

Souffrez qu'à titre d'ancien confrère de séminaire et d'ami de toujours, je vienne vous en exprimer ma joie et vous offrir, à cette occasion, mes plus sincères félicitations.

Le but que désirent poursuivre vos religieuses est des plus nobles et des plus apostoliques. De plus, l'idéal qu'elles ambitionnent d'aller à l'étranger pour se dévouer et se donner à la grande cause des âmes en fait tout de suite des missionnaires émérites. Dans ce mouvement vers les missions qui s'accentue d! plus en plus chez nous, elles trouveront vite de quoi satisfaire ces désirs élevés d'apostolat et figureront bien, - j'en ai la douce espérance, à côté de leurs soeurs aînées dans le grand travail d'évangélisation.

Quant à vous, je ne vous apprends rien, vous n'êtes pas à la fin de vos peines. Mais tout cela ne doit pas vous effrayer. La foi et la confiance en Dieu qui vous ont guidé si bien jusqu'à date, sauront encore vous tenir et vous soutenir dans votre tâche.

Je prie Notre Seigneur et sa sainte Mère, la Reine du Clergé, de bénir votre travail et de le couronner de succès pour leur gloire et pour le bien des âmes.

Me recommandant instamment, avec mon pauvre diocèse, à vos saintes prières, ainsi qu'à celles de vos bonnes religieuses,

je vous prie de me croire, cher Monsieur Bouillon, votre toujours bien fraternel en Notre-Seigneur et sa sainte Mère,

L.-J. Arthur Melançon, év. de Gravelbourg

DÉTACHEMENT

Par le don de l'Esprit, l'homme parvient, dans la foi, à contempler et à goûter le mystère de la volonté divine (Ecclé 17, 7-8).

Mystère de la volonté divine? Oui, tous ces détacher ments que nous apporte le quotidien de la vie. Sous son enveloppe se cache le « mystère de Dieu» que seule la foi nous découvre.

Au cours de sa vie sacerdotale, M. le curé Bouillon l'a expérimenté, l'a vécu et le vit encore.

Déjà il a pris part aux diverses épreuves de la Congrégation qu'il a fondée, qu'il se garde bien de nommer: MA Congrégation mais VOTRE communauté. Petit à petit il se détache de cet honneur lequel est sans aucun doute le sien. Il arrive que des personnes, nées pour de nobles actions, demeurent dans l'ombre, une fois leur travail accompli. « Ce qui sur terre semble un déclin est au ciel l'avènement de ta vie », écrit Karl Rahner . Pour Monsieur Bouillon, c'est l'heure du détachement.

LE CHANOINE JOSEPH PERRON

Dans ses notes personnelles la fondatrice relate l'arrivée de cet hôte distingué.

Monsieur le Chanoine Joseph Perron arriva au Cénacle le 27 septembre 1937, muni d'une lettre authentiquée par Monseigneur Courchesne, lui octroyant plein pouvoir tant spirituel que temporel sur notre jeune communauté à peine sortie du berceau.

Notre Père Fondateur, qui perdait toute autorité sur sa fondation dut en être beaucoup affecté, mais sa grande vénération, sa sincère obéissance et sa profonde humilité ne laissèrent rien paraître. Il se retira tranquillement sous prétexte de travail plus pressant dans sa paroisse. En silence je l'admirais, car je pressentais de grandes souffrances minant sa santé déjà précaire.

Un jour de mars 1939, M. le Chanoine me fit venir à son bureau et me demanda un changement qui ne relevait pas de moi, mais du Père fondateur. Un peu rudement, il me répondit: «Mais vous savez bien que votre Père fondateur n'existe plus pour vous. Monseigneur m'a donné toute autorité spirituelle et matérielle sur la communauté. Alors, obéissez.»

- Pardon, Monsieur le Chanoine, mais je ne le puis, ma conscience ne me le permet pas. Si notre Saint Père le Pape était ici, il m'approuverait. Il me dirait:

- Oui, ma fille, vous avez raison. Seul, le fondateur reçoit du ciel les lumières et les grâces nécessaires pour bien diriger son oeuvre. C'est donc à lui que je dois aller. Et j'y allai.

C'est là que je constatai le ravage des grandes souffrance endurées par notre cher Père Fondateur, et je compris sans peine le fléchissement de sa santé. J'en fus très impressionnée.

Sans un mot de Monseigneur l'avertissant de cette décision, notre Père l'apprit brutalement par M. le Chanoine lui-même, quelques jours après son installation à notre cher petit Cénacle endeuillé malgré notre ignorance des faits (...).

Notre bon Père fut très heureux de me voir, et apprit avec une sainte joie que ses filles avaient toujours une grande confiance en lui et le considéraient comme leur seul et vrai Père. Je ne pua m'empêcher de lui dire:

- Mon Père, comment se fait-il que malgré cette grande souffrance, cette terrible épreuve, toujours avec la même bonté, votre aimable bienveillance, vous visitez si souvent Monsieur le Chanoine, je dirais chaque soir?

- Je vais selon mon devoir visiter mon confrère voisin et plus âgé que moi, et, presque toujours seul.

Mon Dieu, que de grandeur d'âme dans cette simple réponse: mon devoir. Quelle leçon!

Dans sa foi profonde, le fondateur a contemplé et goûté le mystère de la volonté divine malgré les renoncements qu'il recelait et... il s'est dépassé!

En quittant le Cénacle en 1940, le Chanoine joseph Perron se retira à l'Hospice des Soeurs de la Charité de Rimouski. Le Révérend Père Eugène Andlauer, C.S.Sp., aumônier en 1941, lui rendant un jour visite, celui-ci se contenta de lui dire simplement:

Ah! petit Père, soignez bien ces soeurs-là. Voilà ce que j'ai fait: j'ai été l'avocat du diable, j'ai déconseillé tant que j'ai pu Marie-Anne Ouellet lui disant de laisser ça, de ne pas s'en mêler et... c'était l'oeuvre de Dieu, on a vu que le doigt de Dieu était là!

LES OBLATS DE MARIE IMMACULÉE

Dès l'origine de sa Congrégation, le fondateur dans l'une de ses lettres à Monseigneur Courchesne suggérait: « un religieux si nécessaire, comme aumônier».

La première Congrégation à laquelle s'adressa l'Ordinaire fut celle des Oblats de la paroisse Notre-Dame de Lourdes du Mont-Joli.

Voici en quels termes s'exprime Son Excellence Monseigneur Joseph Bonhomme, alors Curé de cette paroisse.

A la fin de 1929, S.E. Mgr Courchesne, évêque de Rimouski s'amène, un soir vers neuf heures. Je voyais qu'il était préoccupé de quelque problème, comme les évêques en ont toujours.

A bout portant il me pointe du doigt en me disant: « Vous ne pouvez pas me refuser ce que je vais vous demander. (Il riait de tout son coeur). Ecoutez-moi bien, me dit-il. Je pensais qu'il s'agissait d'une affaire paroissiale. Je répondis: « Excellence, si je le puis je le ferai volontiers.» Il reprit: « Vous savez que nous avons une nouvelle fondation au Lac-au-Saumon? » - « Oui, j'en ai entendu parler par le fondateur même. » - « Alors vous allez vous charger de cet Institut. Vous êtes religieux, vous avez de l'expérience et vous avez la confiance de votre Congrégation. C'est ce qu'il faut pour cette oeuvre. »

Je me suis mis à rire presqu'aux éclats. Je lui dis bien posément: « Excellence, il me faudrait d'abord l'autorisation de mes supérieurs majeurs et je suis sûr que je ne l'aurai jamais. Puis je ne me sens aucune aptitude et encore mois de vertu pour produire à bonne fin cette oeuvre que vous voulez me confier.» Nous avons parlé d'autres choses et il est parti sans espoir...

Et Monseigneur d'ajouter:

Le vrai co-fondateur fut le R.P. Azarie Ménard. Je puis vous dire en toute sûreté que c'est lui qui a sauvé votre Congrégation au moment le plus critique de son existence.

Dans sa profonde humilité, S.E. Monseigneur Joseph Bonhomme écrit:

C'est parce que j'ai refusé la tâche que tout a si bien réussi.

Les Servantes de Notre-Dame, Reine du Clergé ne sauraient taire la gratitude dont elles sont redevables aux Oblat de Marie-Immaculée, pour leur discrète intervention à certaines heures difficiles de l'histoire, de même que pour leur dévouement à l'endroit des religieuses en service dans leurs maisons.

Du vivant du fondateur ses filles spirituelles oeuvrent dans cinq de leurs communautés dont deux au Canada et trois aux Etats-Unis.

Les noms du Cardinal Jean-Marie Rodrigue Villeneuve, O.M.I. et du Père Azarie Ménard, O.M.I. sont inscrits à jamais dans les Mémoires de l'Institut. Entrés dans la Maison du Père, pour leurs travaux émérites, ils ont reçu leur récompense.


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