Sélection de textes sur le Jubilé (suite)

(Mise à jour du 31-12-1999)    (Mise à jour du 07-02-2000)
(Mise à jour du 21-02-2000)     (Mise à jour du 04-03-2000)
(Mise à jour du 03-05-2000)    (Mise à jour du 03-07-2000)
(Mise à jour du 24-07-2000)    (Mise à jour du 05-10-2000)
(Mise à jour du 15-11-2000)


(31-12-1999)

32. LE SYMBOLISME DE LA PORTE SAINTE

Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1999, le pape Jean-Paul II inaugurera le grand Jubilé de l'An 2000 en ouvrant la porte sainte de la basilique Saint-Pierre du Vatican. Quelques heures plus tard, le même rite sera célébré dans la basilique Saint-Jean-de-Latran et dans celle de Sainte-Marie-Majeure. Le mardi 18 janvier 2000, ce sera au tour de la quatrième basilique patriarcale, Saint-Paul-hors-les-Murs, d'ouvrir sa porte sainte. [...] Il est intéressant de noter que, le rite d'ouverture de la porte sainte étant propre à la basilique vaticane et aux basiliques patriarcales de Rome, les Églises particulières partout répandues dans le monde sont invitées à inaugurer l'année du Jubilé en organisant un pèlerinage vers la cathédrale, en mettant en valeur le Livre des Évangiles et en faisant la lecture de quelques paragraphes de la Bulle Incarnationis Mysterium. Ainsi sera soulignée la solidarité qui doit exister entre toutes les Églises et tous les fidèles qui inaugureront l'année jubilaire. [...] Le symbolisme de la porte sainte doit d'abord être saisi à partir de la parole de Jésus qui a déclaré être lui-même «la porte des brebis», (Jn 10, 7). Il est la porte parce l'Esprit a reposé sur lui et parce qu'il a tracé, dans sa pâque, le chemin qui conduit à une vie abondante et au salut. Passer par la porte qu'il «est», c'est à la fois professer sa foi en lui, communier à son être et accueillir son enseignement comme un chemin de liberté. C'est aussi s'engager à vivre de cet enseignement, au point de consentir à un sort semblable à celui de cet Homme qui a déclaré que c'est en donnant sa vie qu'on pouvait accéder à la Vie. (J.-Y. Garneau, Le symbole de la «porte sainte», Prêtre et Pasteur 1999, 606-609).

33. UNE ÈRE DE PAIX

Dieu aime tous les hommes et toutes les femmes de la terre et il leur donne l'espérance d'une ère nouvelle, d'une ère de paix. Son amour, révélé en plénitude dans son Fils qui s'est fait chair, est le fondement de la paix universelle. Accueilli au plus profond du cœur, il réconcilie chacun avec Dieu et avec lui-même, il renouvelle les rapports des hommes entre eux et il suscite la soif de fraternité qui est capable d'éloigner la tentation de la violence et de la guerre. Le grand Jubilé est inséparablement lié à ce message d'amour et de réconciliation, qui traduit les aspirations les plus profondes de l'humanité de notre temps. (Jean-Paul II, Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix, 1er janvier 2000, no 1)

34. JÉSUS, DON DE LA PAIX

Paix sur la terre aux hommes, que Dieu aime! » Dans le contexte du grand Jubilé, les chrétiens du monde entier sont appelés à faire solennellement mémoire de l'Incarnation. En écoutant de nouveau l'Annonce des anges dans le ciel de Bethléem (cf. Lc 2,14), ils en font mémoire en prenant conscience que Jésus « est notre paix » (Ep 2,14), qu'il est le don de la paix pour tous les hommes. Ses premières paroles aux disciples après la Résurrection ont été: « Paix à vous » (Jn 20,19.21.26). Il est venu pour unir ce qui était divisé, pour détruire le péché et la haine, réveillant dans l'humanité la vocation à l'unité et à la fraternité. C'est pourquoi il est « le principe et le modèle de cette humanité rénovée, pénétrée d'amour fraternel, de sincérité, d'esprit pacifique, à laquelle tous aspirent » (Vatican II, Ad gentes, 8). (Jean-Paul II, Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix, 1er janvier 2000, no 19)

      


(07-02-2000)

35. ESPOIR D'UN NOUVEAU COMMENCEMENT

Dans la Bible, le Jubilé était un temps pendant lequel toute la communauté était appelée à faire des efforts pour restaurer, dans les relations humaines, l'harmonie originelle que Dieu avait donnée à sa création et que le péché de l'homme a blessée. C'était le moment de se rappeler que le monde que nous partageons n'est pas à nous, mais est un don de l'amour de Dieu. En tant qu'êtres humains, nous sommes seulement les serviteurs du plan de Dieu. Durant le Jubilé, les charges qui oppriment et mettent à l'écart les membres les plus faibles de la communauté doivent être ôtées, afin que tous puissent partager l'espoir d'un nouveau commencement, dans l'harmonie, selon le dessein de Dieu. (Jean-Paul II, message au groupe «Jubilee 2000 Debt Campaign», 23-09-1999)

36. RÉDUCTION DE LA DETTE DES PAYS PAUVRES

Le jubilé chrétien se réfère toujours plus consciemment aux valeurs sociales du jubilé biblique qu'il veut interpréter et proposer à nouveau dans le contexte du monde actuel, en réfléchissant sur les exigences du bien commun et sur la destination universelle des biens de la terre. C'est précisément dans cette perspective que j'ai proposé, dans Tertio millennio adveniente, que le Jubilé soit vécu comme « un moment favorable pour penser, entre autres, à une réduction importante, sinon à un effacement total, de la dette internationale qui pèse sur le destin de nombreuses nations » (Tertio Millenio Adveniente, 51). (Jean-Paul II, audience du 03-11-1999)

37. POSER DES GESTES DE BONNE VOLONTÉ

Cette perspective de solidarité, que j'ai eu l'occasion d'indiquer dans Centesimus annus (cf. n. 35), est devenue encore plus urgente dans la situation mondiale de ces dernières années. Le Jubilé peut constituer une occasion propice de faire des gestes de bonne volonté : que les pays les plus riches donnent des signes de confiance quant au redressement économique des nations les plus pauvres ; que ceux qui opèrent sur le marché sachent que, dans le vertigineux processus de globalisation économique, il n'est pas possible de se sauver tout seuls. Que le geste de bonne volonté qui consiste à remettre les dettes ou au moins à les réduire, soit le signe d'une manière nouvelle de considérer la richesse en fonction du bien commun. (Jean-Paul II, audience du 03-11-1999)

38. L'ÉGLISE DEMANDE PARDON

La reconnaissance des implications communautaires du péché pousse l'Église à demander pardon pour les fautes « historiques » de ses enfants. La précieuse occasion que constitue le Jubilé de l'An 2000 nous y invite : dans le sillage des enseignements de Vatican II, il veut inaugurer une page nouvelle de l'histoire, dans le dépassement des obstacles qui divisent encore entre eux les êtres humains et, en particulier, les chrétiens. [...] [Le] Jubilé attire l'attention sur certains types de péché présents et passés pour lesquels il faut tout particulièrement invoquer la miséricorde du Père. Je pense tout d'abord à la douloureuse réalité de la division entre chrétiens. Les déchirements du passé - non sans fautes, certainement, de part et d'autre - demeurent un scandale devant le monde. Un second acte de repentir concerne le consentement donné à des méthodes d'intolérance et même de violence dans le service de la vérité (cf. Tertio Millenio Adveniente, 35). Même si beaucoup agirent de bonne foi, il ne fut certainement pas évangélique de penser que la vérité devait être imposée par la force. Il y a ensuite le manque de discernement, chez un bon nombre de chrétiens, face à des situations de violation des droits humains fondamentaux. La demande de pardon concerne tout ce qui a été omis ou passé sous silence par faiblesse ou erreur d'évaluation, tout ce qui a été fait ou dit de manière indécise ou peu appropriée. (Jean-Paul II, audience du 01-09-1999)

      

(21-02-2000)

39. CARÊME 2000 ET JUBILÉ

La célébration du Carême, temps de conversion et de réconciliation, prend cette année un caractère tout à fait particulier, parce qu'elle s'inscrit dans le grand Jubilé de l'An 2000. Le temps du Carême représente en effet le point culminant de ce chemin de conversion et de réconciliation que le Jubilé, année de grâce du Seigneur, propose à tous les croyants pour renouveler leur adhésion au Christ et pour annoncer avec une ardeur renouvelée son mystère de salut au cours du nouveau millénaire. Le Carême aide les chrétiens à pénétrer plus profondément ce «mystère tenu caché depuis toujours» (Ep 3, 9): il les conduit à s'examiner à la lumière de la Parole du Dieu vivant et il leur demande de renoncer à leur égoïsme pour accueillir l'action salvifique du Saint Esprit. (Message de Jean-Paul II pour le Carême 2000, 1)

40. OUVERTURE À LA MISÉRICORDE DU PÈRE

Le Jubilé est le temps de grâce où nous sommes invités à nous ouvrir de manière particulière à la miséricorde du Père qui, dans le Fils, s'est penché sur l'homme, et à la réconciliation don immense du Christ. Cette année doit donc devenir pour les chrétiens, et aussi pour les hommes de bonne volonté, un moment favorable pour faire l'expérience de la force régénérante de l'amour de Dieu, qui pardonne et qui réconcilie. Dieu offre sa miséricorde à quiconque veut l'accueillir, même s'il en est éloigné et s'il doute. À l'homme d'aujourd'hui, las de tant de médiocrité et de fausses illusions, est ainsi offerte la possibilité de s'engager sur la voie d'une vie en plénitude. Dans ce contexte, le Carême de l'Année Sainte 2000 constitue par excellence «le moment favorable, le jour du salut» (2 Co 6, 2), l'occasion particulièrement propice pour «se laisser réconcilier avec Dieu» (2 Co 5, 20). (Message de Jean-Paul II pour le Carême 2000, 4)

41. PÈLERINAGE ET RÉCONCILIATION

Pendant l'Année Sainte, l'Église offre différentes occasions de réconciliation personnelle et communautaire. Chaque diocèse a désigné des lieux spéciaux où les croyants peuvent se rendre pour faire l'expérience d'une présence particulière de Dieu, en reconnaissant à sa lumière son propre péché, et pour s'engager, grâce au sacrement de la Réconciliation, sur un nouveau chemin de vie. Le pèlerinage en Terre Sainte et à Rome, lieux privilégiés de rencontre avec Dieu, prend un relief particulier, en raison du rôle singulier que ces lieux ont eu dans l'histoire du salut. Comment ne pas se mettre en route, au moins spirituellement, vers la Terre qui, il y a deux mille ans, a vu le passage du Seigneur? (Message de Jean-Paul II pour le Carême 2000, 4)

42. RENOUVELER SA FOI

La grâce du Jubilé pousse avant tout à renouveler la foi personnelle. Elle consiste à adhérer à l'annonce du mystère pascal, à travers lequel le croyant reconnaît que, dans le Christ mort et ressuscité, le salut lui est donné; il lui fait quotidiennement don de sa propre vie; il accueille ce que le Seigneur dispose pour lui, dans la certitude que Dieu l'aime. La foi est le «oui» de l'homme à Dieu, son «Amen». (Message de Jean-Paul II pour le Carême 2000, 5)

43. RENOUVELER SON ESPÉRANCE

Par la grâce du Jubilé, le Seigneur nous invite aussi à raviver notre espérance. Dans le Christ en effet, le temps lui-même est racheté et il s'ouvre sur une perspective de joie sans fin et de pleine communion avec Dieu. Le temps du chrétien est caractérisé par l'attente des noces éternelles, anticipées chaque jour dans le banquet eucharistique. Le regard tourné vers elles, «l'Esprit et l'Épouse disent: "Viens!"» (Ap 22, 17), nourrissant l'espérance qui soustrait le temps à la simple répétition et lui attribue un sens authentique. Par la vertu d'espérance, le chrétien témoigne que, au-delà de tout mal et de toute limite, l'histoire porte en elle un germe de bien que le Seigneur développera en plénitude. Il regarde donc le nouveau millénaire sans crainte et il fait face aux défis et aux attentes de l'avenir, avec la certitude confiante qui naît de la foi en la promesse du Seigneur. (Message de Jean-Paul II pour le Carême 2000, 5)

44. RENOUVELER SA CHARITÉ

Enfin, par le Jubilé, le Seigneur nous demande de raviver notre charité. Le Royaume que le Christ manifestera dans sa plénitude à la fin des temps est déjà présent là où les hommes vivent selon la volonté de Dieu. L'Église est appelée à manifester la communion, la paix et la charité qui la caractérisent. Dans cette mission, la communauté chrétienne sait que la foi sans les oeuvres est morte (Jc 2, 17). Ainsi, par la charité, le chrétien rend visible l'amour de Dieu pour les hommes, révélé dans le Christ, et il manifeste sa présence dans le monde «jusqu'à la fin des temps». Pour le chrétien, la charité n'est pas seulement un geste ou un idéal; elle est, pour ainsi dire, le prolongement de la présence du Christ qui se donne lui-même. (Message de Jean-Paul II pour le Carême 2000, 5)

45. L'ATTENTION AUX PAUVRES

En cette année jubilaire, notre charité est appelée, de façon particulière, à manifester l'amour du Christ à nos frères qui manquent du nécessaire pour vivre, à ceux qui sont victimes de la faim, de la violence et de l'injustice. Tel est le moyen de mettre en pratique les exigences de libération et de fraternité déjà présentes dans l'écriture Sainte que la célébration de l'Année Sainte propose à nouveau. [...] Comment pouvons-nous demander la grâce du Jubilé si nous sommes insensibles aux nécessités des pauvres, si nous ne nous engageons pas à garantir à tous les moyens nécessaires pour vivre dignement? (Message de Jean-Paul II pour le Carême 2000, 5)

46. REDÉCOUVRIR SA VOCATION

Face à la grave crise des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée qui affecte certaines régions du monde, il faut, surtout en ce Jubilé de l'An 2000, faire en sorte que chaque prêtre, chaque personne consacrée redécouvre la beauté de sa vocation et en donne un témoignage aux autres. Que chaque croyant devienne éducateur de vocations, sans avoir peur de proposer des choix radicaux; que chaque communauté comprenne que l'Eucharistie est son centre et qu'elle a besoin de ministres du Sacrifice eucharistique; que tout le peuple de Dieu élève vers le Maître de la moisson une prière toujours plus intense et fervente, pour qu'il envoie des ouvriers à sa moisson et que chaque fidèle confie cette prière à l'intercession de Celle [la Vierge Marie] qui est la Mère du Prêtre éternel. (Message de Jean-Paul II pour la journée mondiale de prières pour les vocations, 14 mai 2000, 4)

      

(04-03-2000)

47. TEMPS DE GRÂCE POUR LES FAMILLES

Prions pour que le grand Jubilé, qui vient tout juste de commencer, soit réellement une occasion de grâce et de rédemption pour toutes les familles du monde. Que la lumière de l'Incarnation du Verbe les aide à mieux comprendre et réaliser leur vocation originelle, le projet que le Dieu de la vie a sur elles, pour qu'elles deviennent une vivante image de son amour. Le Jubilé offrira ainsi l'occasion d'un temps de conversion et de pardon réciproque à l'intérieur de chaque famille. Il sera un temps propice pour renforcer les relations d'affection dans chaque famille et pour recomposer toute cellule familiale divisée. Que chaque famille chrétienne prenne toujours plus conscience de sa haute mission dans l'Église et dans le monde! Il est nécessaire aujourd'hui de prendre soin particulièrement de toutes les familles, spécialement des plus pauvres et des plus troublées; il faut encourager l'accueil de la vie naissante, car tout enfant qui vient au monde est un don et une espérance pour tous. [...] Que le grand Jubilé de l'An 2000 soit pour toutes les familles une occasion d'ouvrir avec courage les portes au Christ, unique Rédempteur de l'homme. (Jean-Paul II, audience du 29-12-1999)

      

(03-05-2000)

48. PARDON, RÉCONCILIATION ET ESPÉRANCE

L'Année Sainte est un temps de purification : l'Église est sainte, car le Christ est son Chef et son Époux, l'Esprit est son âme vivifiante, la Vierge Marie et les Saints en sont la manifestation la plus authentique. Cependant, les fils de l'Église connaissent l'expérience du péché, dont les ombres se reflètent sur elle, obscurcissant sa beauté. Pour cela, l'Église ne cesse d'implorer le pardon de Dieu pour les péchés de ses membres. [...] Alors que nous demandons pardon, nous pardonnons. C'est ce que nous disons chaque jour en récitant la prière qui nous a été enseignée par Jésus : « Notre Père,... remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs » (Mt 6, 12). [...] Du pardon jaillit la réconciliation. [...] Pardonnés et disposés à pardonner, les chrétiens entrent dans le troisième millénaire comme des témoins plus crédibles de l'espérance. Après des siècles marqués par les violences et les destructions et après ce dernier siècle, ô combien dramatique, l'Église offre à l'humanité, en chemin sur le seuil du troisième millénaire, l'Évangile du pardon et de la réconciliation comme présupposé pour édifier une paix authentique. Être témoins d'espérance ! (Jean-Paul II, Angélus du 12-03-2000)

49. SOURCE D'ÉNERGIES RENOUVELÉES

La Porte jubilaire est ouverte pour tous ! Qu'il y entre, celui qui expérimente qu'il est oppressé par sa faute et qui se reconnaît pauvre en mérites ; qu'il y entre celui qui ressent qu'il est comme une poussière que le vent disperse ; qu'il vienne, celui qui est faible, celui qui est découragé, pour puiser une vigueur renouvelée dans le Coeur du Christ ! (Jean-Paul II, audience du 08-03-2000, 2)

50. SOLIDARITÉ ET PARTAGE

L'abstinence et le jeûne doivent donc s'accompagner de gestes de solidarité envers ceux qui souffrent et traversent des moments difficiles. La pénitence se fait ainsi partage avec ceux qui sont exclus et dans le besoin. C'est là aussi l'esprit du grand Jubilé, qui appelle tous les croyants à manifester d'une manière concrète l'amour du Christ pour les frères qui sont privés du nécessaire, pour les victimes de la faim, de la violence et de l'injustice. J'ai écrit à ce propos dans mon Message de Carême : « Comment pouvons-nous demander la grâce du Jubilé si nous sommes insensibles aux nécessités des pauvres, si nous ne nous engageons pas à garantir à tous les moyens nécessaires pour vivre dignement ? » (n. 5). (Jean-Paul II, audience du 08-03-2000, 3)

      

(03-07-2000)

51. PURIFICATION DE LA MÉMOIRE

L'Année jubilaire constitue pour l'Église une occasion privilégiée pour raviver et célébrer sa foi dans le Christ: à la lumière de l'Incarnation, elle tente de repenser avec gratitude aux innombrables fruits de sainteté qui ont mûri en son sein au cours de ces deux millénaires. Cela ne la dispense pourtant pas de revenir sur les nombreuses incohérences qui ont marqué le comportement de ses enfants, jetant une ombre sur l'annonce de l'Évangile. C'est pour cela que, parmi les signes du Jubilé, le Souverain Pontife a inclus celui de la purification de la mémoire, demandant à tous un acte de courage et d'humilité pour reconnaître ses propres manquements et les déficiences de tous ceux qui ont porté et portent le nom de chrétiens (cf. Incarnationis mysterium, 11). (Card. Angelo Sodano, La Documentation Catholique 2225, 7 mai 2000, p. 422.)

52. DIGNITÉ DU TRAVAIL

En dirigeant notre regard vers le mystère de l'Incarnation, l'Année jubilaire nous invite à réfléchir avec une intensité particulière sur la vie cachée de Jésus à Nazareth. Ce fut là qu'il passa la plus grande partie de son existence terrestre. Par son travail silencieux dans l'atelier de Joseph, Jésus a donné la plus haute démonstration de la dignité du travail. [...] Le Fils de Dieu n'a pas dédaigné le statut de charpentier, et il n'a pas voulu se dispenser de la condition normale de tout homme. «L'éloquence de la vie du Christ est sans équivoque: il appartient au monde du travail; il apprécie et il respecte le travail de l'homme; on peut même dire davantage: il regarde avec amour ce travail ainsi que ses diverses expressions, voyant en chacune d'elle une manière particulière de manifester la ressemblance de l'homme avec Dieu Créateur et Père» (Encyclique Laborem exercens, 26). (Jean-Paul II, Homélie pour la célébration du Jubilé des travailleurs, 1er mai 2000, no 2)

53. VALEUR DU TRAVAIL

L'Année jubilaire nous appelle donc à une redécouverte du sens et de la valeur du travail. Elle invite de plus à faire face aux déséquilibres économiques et sociaux qui existent dans le monde du travail, en rétablissant la juste hiérarchie des valeurs avec, à la toute première place, la dignité de l'homme et de la femme qui travaillent, leur liberté, leur responsabilité et leur participation. Par ailleurs, elle incite à guérir les situations d'injustice, en sauvegardant les cultures propres de chaque peuple et les divers modèles de développement. Je ne peux pas, en ce moment, ne pas exprimer ma solidarité à tous ceux qui souffrent à cause du manque de travail, d'un salaire insuffisant, du manque de moyens matériels. Je pense aux populations qui sont contraintes à vivre dans une pauvreté qui offense leur dignité, les empêchant de partager les biens de la terre et les obligeant à se nourrir de ce qui tombe de la table des riches (cf. Incarnationis mysterium, 12). S'efforcer de guérir ces situations est une oeuvre de justice et de paix. (Jean-Paul II, Homélie pour la célébration du Jubilé des travailleurs, 1er mai 2000, no 3)

      

(24-07-2000)

54. VERTU DU TRAVAIL

Il est particulièrement opportun qu'en cette année jubilaire, pour mieux affermir sa mission au service de l'Évangile dans la société, chaque travailleur chrétien puisse donc se faire toujours plus proche du Christ, Rédempteur de l'homme et Seigneur de l'Histoire, recevant de lui les grâces nécessaires à son oeuvre humaine. Dans cet esprit, la participation à l'Eucharistie rappelle la mission spécifique de l'homme au sein de la création rachetée; c'est reliée au sacrifice du Christ que l'action de l'homme prend sa pleine dimension, car tout chrétien est invité à offrir à Dieu, comme le dit la prière de l'offertoire, le «fruit de la terre et du travail des hommes», pour recevoir de son Sauveur le pain de la vie éternelle. Par leur travail, les hommes ont pour mission de bâtir un monde juste et fraternel, où les travailleurs se voient reconnaître la place et la dignité auxquelles ils ont droit. En prenant soin de la création, ils préservent et développent les biens de la terre. De ce fait, le travail les tourne vers Dieu, dont ils prolongent l'oeuvre créatrice (cf. Encyclique Laborem exercens, 25), et ils contribuent à la réalisation du plan divin dans l'histoire (cf. Vatican II, Gaudium et spes, 34). Le travail tourne aussi l'homme vers ses frères par la mise en pratique de l'amour du prochain et par la possibilité, pour l'ensemble de la société, de bénéficier des produits du labeur de chacun. (Jean-Paul II, lettre au Mouvement mondial des travailleurs chrétiens, 07-05-2000, nos 1-2)

55. TEMPS DE SOLIDARITÉ

L'année jubilaire est particulièrement opportune pour réfléchir à de nouvelles formes de solidarité politique, économique et sociale à tous les échelons de la société. La culture des travailleurs, malgré tous les obstacles, doit rester une culture solidaire: dans le quotidien de la vie de travail, dans les quartiers, auprès des jeunes. Plus que jamais, c'est par votre charité et votre sens de la justice qu'une telle solidarité pourra s'instaurer, s'affermir et porter du fruit. (Jean-Paul II, lettre au Mouvement mondial des travailleurs chrétiens, 07-05-2000, no 5)

56. FÊTE MISSIONNAIRE

Le Jubilé est également la fête missionnaire par excellence, parce qu'il rappelle l'anniversaire de la naissance de la Mission dans le temps, comme une continuation des «missions» du Fils et de l'Esprit à l'intérieur de Dieu-Trine. En effet, la mission ne se termine pas avec la vie de Jésus-Christ sur cette terre. Au contraire, avec lui, elle ne fait que commencer. Avant de monter aux cieux, il a donné l'ordre à son Église de continuer la mission: «Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jean 20, 21). Il ne s'agit pas d'une simple invitation facultative, mais d'un envoi solennel par la force de son autorité: «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc dans toutes les nations et faites des disciples. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde» (Matthieu 28, 19-20). Tous les peuples, jusqu'à la fin du monde! La mission de l'Église n'est pas limitée à une période ou à un continent. Ce n'est pas une mission purement nôtre, humaine; elle ne dépend pas de nos seules forces. La mission de l'Église est oeuvre de l'Esprit. «Vous aurez la force de l'Esprit Saint et vous serez mes témoins... jusqu'aux extrémités de la terre» (Actes 1, 8). (Jozef Tomko, discours aux Oeuvres Pontificales Missionnaires, 08-05-2000, no 1)

57. LE JUBILÉ ET L'ARGENT

Pour vivre pleinement le Jubilé, les catholiques peuvent-ils se désintéresser des campagnes pour «l'annulation de la dette», pour un commerce plus équitable et plus solidaire, pour une moralisation plus sérieuse des flux financiers incontrôlés qui gravitent tout autour de notre planète? Dans les débats actuels concernant le pouvoir de l'argent, la bulle financière, la Bourse sur Internet, le choix des investissements, les chrétiens ne peuvent pas rester les bras croisés ni être absents du débat laissant à d'autres le soin de prendre des initiatives pour que les pauvres ne soient ni les victimes ni les otages d'un système sans alternative! La gestion de nos biens personnels en fonction des exigences de l'Évangile nous rendra plus créatifs dans notre participation à la gestion des biens collectifs... Dans notre société, «tout s'achète et se vend et se pèse et s'emporte» (Péguy). Et pourtant l'argent n'est pas tout et ne peut pas tout. Que de réalités capitales, dans la vie de l'homme, que le marché et l'argent ne sont pas en mesure d'accorder: la joie de comprendre et de connaître, la joie d'admirer, la joie d'aimer et d'être aimé, le respect du gratuit et du contemplatif, de l'apparemment inefficace, le sens du partage et de la solidarité! Quelles sont nos priorités? «Là où est ton trésor, là aussi est ton coeur» (Matthieu 6, 21). (Déclaration du Conseil National de la Solidarité des évêques de France, Pentecôte 2000, no 7)

      

(05-10-2000)

58. JUBILÉ PERSONNEL ET COMMUNAUTAIRE

Le Jubilé est une grande expérience spirituelle, personnelle et communautaire. C'est au coeur du Jubilé que l'on doit situer la rencontre intérieure du croyant avec le Dieu miséricordieux qui, dans le Christ, unique Sauveur de tout homme et de tout l'homme, lui ouvre ses bras paternels. Mais le Jubilé est aussi une rencontre communautaire entre croyants appelés à diffuser le message du Christ dans les diverses réalités du monde qui, aujourd'hui, grâce au développement des technologies modernes, est devenu toujours plus inter-communiquant. La nature et la technologie sont les deux domaines principaux où l'homme contemporain ressent qu'il peut exprimer ses potentialités en suivant le commandement du Créateur qui a confié l'univers à ses mains industrieuses. Et le Jubilé veut inciter les croyants, purifiés par la rencontre avec le Seigneur, à acquérir un enthousiasme nouveau pour accomplir leur mission dans le monde. (Jean-Paul II, Journée mondiale du tourisme, 29-07-2000, no 2)

59. UNE RENCONTRE DE DIEU>

Par le Jubilé, l'Église proclame que, il y a 2000 ans, Dieu est venu en personne parler de lui-même à l'homme et lui montrer la route sur laquelle il est possible de le trouver. L'initiative divine d'alors continue à développer son efficacité aujourd'hui encore, permettant à l'homme de toute époque, et donc aussi à nos contemporains, de faire une expérience personnelle de la présence du Christ dans son histoire. L'espace où se réalise cette rencontre est avant tout la célébration des sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie. Dans ces sacrements, en effet, c'est la vie tout entière qui trouve sa signification et son orientation, dans la lumière qui émane de la foi. (Jean-Paul II, Journée mondiale du tourisme, 29-07-2000, no 4)

60. UNE OCCASION DE SOLIDARITÉ

Par son appel à la conversion intérieure et à la réconciliation avec les frères, le Jubilé invite les croyants et les hommes de bonne volonté à instaurer un ordre social fondé sur la miséricorde, la justice et la paix. Il incite à prendre conscience des responsabilités que nous avons tous à l'égard de la nature et des situations de misère et d'exploitation dans lesquelles se trouvent malheureusement tant de personnes et de nombreux pays du monde. Le message du Jubilé pousse ainsi [...] à avoir des yeux capables de «voir» la réalité, sans s'arrêter à l'aspect superficiel des choses, spécialement quand on a l'occasion de visiter des lieux et de rencontrer des situations où les gens vivent dans des situations humaines précaires, où l'aspiration à un développement équitable est sérieusement menacée par des facteurs de déséquilibre du milieu naturel et par des injustices structurelles. (Jean-Paul II, Journée mondiale du tourisme, 29-07-2000, no 5)

61. DEVENIR MISSIONNAIRE

Le Jubilé est un temps fort pour opérer une vérification et une purification intérieures, mais également pour retrouver le caractère missionnaire qui est inscrit dans le mystère même du Christ et de l'Église. Celui qui croit que le Christ Seigneur est le chemin, la vérité et la vie, celui qui sait que l'Église est son prolongement dans l'histoire, celui qui fait l'expérience personnelle de tout cela ne peut manquer de devenir, en vertu de cela même, un ardent missionnaire. (JEAN PAUL II, Jubilé des diacres permanents, 19-02-2000, no 2)

      

(15-11-2000)

62. L'ÉPIPHANIE ET LA «FIN» DU JUBILÉ.

Cette célébration clôture le Grand Jubilé de l'an 2000. Pourtant, l'Épiphanie est le 7 janvier 2001. Jean-Paul II a prévu cette date pour deux raisons. Nous sommes tout d'abord à la fin du temps liturgique de Noël (normalement, c'est le Baptême du Seigneur qui termine le cycte de Noël; mais cette année, les caprices du calendrier liturgique font que le baptême est célébré lendemain, lundi). Étant donné que les fêtes du temps de Noël concernent la venue de notre Seigneur, il convient que le Jubilé se termine à la fin de ce cycle, c'est-à-dire à l'Épiphanie. Mais plus encore, la fête de l'Épiphanie est très significative en cette fin de Jubilé. Elle permet de révéler la «fin» ultime de cette année de grâce: le salut de Dieu est donné à tous les peuples de la terre. L'Emmanuel n'est pas venu que pour un peuple, ni même pour les gens d'une seule époque. Il est l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin. En terminant par l'Épiphanie, le Jubilé célèbre l'action salutaire du Père, du Fils et de l'Esprit, hier, aujourd'hui et demain, pour toutes les nations. Le Jubilé englobe tout car le Christ nous a tous rachetés. La fin du jubilé n'est pas une «fin» en soi... elle est un nouveau souffle pour l'Église et le monde contemporain. (Vie liturgique 317, p. 8)

      



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