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Dispositions pastorales sur le sacrement de la réconciliation avec absolution collective
DOCUMENT OBSOLÈTE
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AVIS : L'absolution collective n'est plus autorisée dans le diocèse de Rimouski depuis Pâques 2009.
PRÉSENTATION
Chers confrères,
Voilà déjà neuf ans que s'est établie dans le diocèse la pratique des célébrations communautaires de la réconciliation avec
absolution collective.
Déjà en 1978, le Conseil de Pastorale avait fait une évaluation de cette démarche qui visait à la fois à retrouver la
dimension communautaire du geste pénitentiel et à lui restituer tout son contenu théologique et pastoral. Nous voulions
surtout que la rencontre personnelle avec un prêtre reprenne toute sa signification en dehors des «concours de
confessions».
Récemment, notre Conseil du presbytérium et notre Conseil diocésain de Pastorale ont repris la même réflexion. On a fait
ressortir les acquis des dernières années tout en soulignant le danger croissant de la routine, du tout-fait d'avance et des
transformations de mentalités encore à réaliser.
On a également fait remarquer que les normes de 1973 ont été parfois mises en oubli ou même en veilleuse.
En tout cas, les enjeux pour la vie et la croissance de notre Eglise diocésaine sont énormes. Nous pourrions, demain
comme hier, nous réveiller avec une démarche (même si elle est communautaire) qui peu à peu aura été vidée de son
contenu et promise à la désaffection.
Deux aspects de catéchèse me paraissent essentiels pour l'avenir:
a) Il n'y a pas de véritable rénovation de ce sacrement si l'on ne se ressource pas à la Parole de Dieu: cette Parole nous
rappelle le geste miséricordieux de Dieu et l'urgence d'accueillir Son amour. Comme dans le «voir-juger-agir» de l'Action
catholique, sous l'éclairage de la Bible, le pénitent se regarde avec les yeux de Dieu et trouve en ce regard le chemin du
repentir et de la conversion.
C'est pourquoi toute démarche pénitentielle doit se faire à partir d'une réflexion sur la Parole de Dieu, ainsi que le demande
le nouveau Rituel (Bulletin national de Liturgie, nos 53-54, 1976, et nos 70-72, 1979). On ne saurait minimiser
l'importance de cette constante référence à la Bible. Elle nous rappelle sans cesse que «Dieu nous a réconciliés avec Lui
par le Christ» (2 Co 5, 18).
Une réflexion sur la Parole de Dieu, cela va de soi, exclut une démarche pénitentielle rapide en même temps qu'elle appelle
une patiente éducation du Peuple de Dieu et un réaménagement valable du lieu de la réconciliation privée.
b) Le rappel d'une rencontre ultérieure avec un prêtre à la suite d'une absolution reçue sans l'aveu des fautes n'est pas
seulement une simple prescription canonique. Il est vrai que ce rappel est exigé par les normes en vigueur, mais il s'inspire
surtout d'une volonté d'assurer, comme pour tous les autres sacrements, une rencontre plus personnelle avec le Christ et
une évaluation plus objective de son cheminement personnel.
«Cette précision a entraîné chez certains une incertitude: "Mais alors, suis-je pardonné tout de suite ou seulement après?"
La réponse officielle est nette; c'est: tout de suite. Il ne saurait être question de voir là une absolution provisoire. Mais si je
suis en situation de péché grave, je ne peux pas me payer de mots; il faut que je prenne des décisions éclairées par un
dialogue, il faut que je trouve aide, et c'est pour cela qu'il m'est demandé d'aller trouver un prêtre.» (Notes de pastorale
liturgique, no 126).
Cette démarche personnelle prend le relais de la démarche communautaire et redonne au rite individuel toute sa dimension
de conversion et de rencontre où Dieu accueille et fait grandir.
Toutes les normes publiées par Monseigneur Louis Lévesque en 1973 visaient ce renouveau du sacrement de la
réconciliation.
À la lumière des expériences et face à certains abus, j'ai cru devoir reprendre ces directives en les amendant au besoin.
Cette révision m'a paru nécessaire si nous voulons ensemble aller plus loin. Vous trouverez en annexe ce texte révisé. Je
suis assuré que vous accueillerez ces normes dans un esprit de fidélité au ministère de la réconciliation que Dieu nous a
confié (2 Co 5, 18). Ce service, nous devons aussi l'accomplir en vérité face au Peuple de Dieu auprès de qui «au nom du
Christ nous sommes en ambassade» (2 Co 5, 20).
Je profite de l'occasion pour vous offrir à tous et à chacun de Joyeuses Pâques dans le Christ Ressuscité.
Bien fraternellement en Notre seigneur,
+ Gilles Ouellet, archevêque de Rimouski
Le 18 mars 1982
DOCUMENT OFFICIEL
DISPOSITIONS PASTORALES SUR LE SACREMENT DE LA RÉCONCILIATION
1. UNE EXIGENCE PASTORALE FONDAMENTALE:
Le retour à Dieu et le salut en Jésus-Christ.
L'homme d'aujourd'hui, comblé par la société de consommation où il baigne et fier de ses réalisations techniques, a
peut-être plus de difficulté que jadis à admettre qu'il doit attendre d'un Autre le salut et la réconciliation. Si nos chrétiens et
nous-mêmes perdons conscience du besoin de salut, ce sont les assises mêmes de notre travail pastoral et religieux qui
s'effondrent, car le salut apporté par le Christ est au coeur même du Message évangélique. «Si nous disons "Nous n'avons
pas de péché", nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous» (1 Jn 1, 8).
2. REVALORISER LE SACREMENT DE LA RÉCONCILIATION
Dans l'économie de ce salut apporté par le Christ, l'Église-sacrement dispose d'un instrument privilégié pour assurer la
réconciliation du pécheur avec son Dieu en même temps qu'avec la communauté de ses frères: c'est le sacrement de la
Réconciliation.
L'histoire démontre que les formes de ce sacrement ont profondément évolué depuis la primitive Eglise. Aujourd'hui
comme hier, la confession privée de ses fautes faite à un prêtre qui manifeste l'accueil du Seigneur dans la réconciliation
avec l'Église se reste «l'unique moyen ordinaire»(1) d'accéder au sacrement de la Réconciliation.
Tous nos efforts pastoraux en cette matière doivent tendre à revaloriser la démarche pénitentielle. Revaloriser veut dire:
a) percevoir le sens du retour à Dieu dans la joie;
b) comprendre que toute confession sincère appelle une conversion;
c) évaluer les aspects sociaux et communautaires de tout péché, même le plus intime;
d) mesurer le manque d'amour du pécheur face à l'Amour du Seigneur qui offre sans cesse son pardon et prévient
même par Sa grâce le repentir du pénitent.
3. LES SIGNES DES TEMPS
a) Désaffection pour le sacrement de la Réconciliation: C'est un aphorisme de dire que «l'on se confesse moins et que l'on
communie davantage». Ceci doit interroger tout pasteur: que se passe-t-il? N'est-ce pas un signe des temps?
Répondre que «les gens ont perdu le sens de Dieu et du péché» reste une explication bien incomplète. Plusieurs parmi nous
n'auraient-ils pas plutôt réalisé que le sacrement, dans sa forme actuelle, s'était peu à peu vide, sans qu'on le réalise, de son
contenu essentiel? D'autres, des jeunes surtout, ne seraient-ils pas plus sensibles aux relations interpersonnelles, souhaitant
de façon confuse pouvoir vivre au coeur de la communauté une pénitence qui soit une manifestation plus vitale d'accueil du
Seigneur et de réconciliation avec leurs frères?
b) Attention apportée aux personnes: On parle beaucoup «d'humanisation», «d'attention à la personne», etc. C'est un autre
signe des temps. Ceci rend la confession privée plus nécessaire et plus urgente qu'auparavant, à condition qu'elle
redevienne une vraie démarche pénitentielle, c'est-à-dire un geste personnel de conversion et d'engagement dans les
perspectives d'une ouverture de conscience et d'un réel souci de progrès spirituel. «Il y a là un devoir exigé par le très
grand bien que retirent les âmes, comme le montre l'expérience des siècles, de la confession individuelle bien faite et de son
ministère bien accompli» (2).
4. CONDITIONS REQUISES POUR DONNER L'ABSOLUTION COLLECTIVE
Voici les conditions requises pour donner une absolution collective à l'intérieur d'une célébration communautaire de la
Réconciliation. Ces conditions sont de rigueur.
a) l'absolution collective ne doit se donner que dans les temps forts de vie chrétienne que constituent le temps de l'Avent et
le temps du Carême. Elle ne doit plus se donner durant le triduum pascal. Pour toute autre occasion, il sera nécessaire
d'obtenir au préalable l'autorisation de l' Ordinaire; (3)
b) l'absolution collective ne peut se donner que lorsque, vu le nombre de pénitents, il n'y a pas suffisamment de confesseurs
disponibles pour entendre comme il faut la confession de chacun dans les limites de temps convenables permettant
l'accueil nécessaire à toute bonne confession et la possibilité d'un dialogue avec le pénitent, ainsi que le prévoit le Rituel;
c) l'absolution collective ne doit se donner qu'à l'intérieur d'une célébration communautaire de la Réconciliation, dans les
paroisses, les dessertes et, en certaines occasions, dans les écoles secondaires, le Cégep et 1'Université. Jamais avant les
messes ni à l'intérieur des messes de petits groupes; (4)
d) l'absolution collective ne doit en aucune façon être donnée dans les écoles élémentaires sans la permission de l'
Ordinaire. Les jeunes de ces écoles sont mieux préparés qu'auparavant à une démarche pénitentielle personnelle;
e) l'absolution collective doit être précédée d'une bonne catéchèse sur le mystère du salut, le sens de l'accueil, du pardon,
de la conversion et de la réconciliation;
f) il faut insister en tout temps sur la pratique de la confession privée dans le sens décrit plus haut. C'est à juste titre et en
réponse à une véritable nécessité pastorale à longue échéance qu'il nous faut à nouveau insister sur la nécessité de la
pénitence privée: toute revalorisation du sacrement de la Réconciliation doit trouver son aboutissement et son terme dans
un geste privé, personnel, bien fait et porteur de fruits spirituels; (5)
5. DISPOSITIONS REQUISES POUR RECEVOIR VALIDEMENT L'ABSOLUTION COLLECTIVE
À l'intérieur de la célébration, on devra insister sur deux attitudes essentielles à la réception valide et fructueuse du
Sacrement:
a) l'absolution collective ne remet les péchés qu'en autant que ceux qui la reçoivent ont les dispositions de ferme propos, de
conversion vraie, de regret, et de volonté sincère de réparer tout scandale (comme c'est le cas dans l'absolution privée);
b) même si l'absolution collective remet et absout tous les péchés, les fidèles doivent être invités à rencontrer un prêtre de
leur choix au moment jugé le plus opportun pour faire un retour sur leur état d'âme, leurs attitudes chrétiennes, et pour
recevoir les orientations spirituelles appropriées. Cette rencontre faite individuellement avec un prêtre est nécessaire pour
assurer le progrès de la vie chrétienne. Elle est en même temps un gage de la sincérité du pénitent dans sa démarche de
conversion et de réconciliation; (6)
c) il importe également de signifier aux pénitents qui participent à une célébration communautaire de la Réconciliation avec
absolution collective la disponibilité où se trouve chaque pasteur de les accueillir en des jours et en des moments mieux
adaptés à une rencontre personnelle.
6. QUELQUES RAPPELS:
a) l'aveu des fautes était et demeure nécessaire «de droit divin» conformément aux dispositions du Concile de Trente (7).
Cependant, l'absolution collective permet d'étaler les actes du pénitent (contrition, confession, satisfaction, absolution) et
d'intervertir dans le temps l'absolution et l'aveu. Sans doute que plusieurs fidèles ne jugeront pas devoir se présenter bientôt
pour un aveu privé: il importe pour nous de les y inviter et d'éclairer de notre mieux leur conscience dans l'espoir d'un
cheminement progressif;
b) en certaines célébrations communautaires, on invite les participants à poser un geste individuel de pénitence, par
exemple, mettre la main sur l'Évangile, se présenter au célébrant en se «déclarant pécheur» d'une façon générale, etc...
Même si à cette occasion on donne une absolution individuelle à chacun, il faut quand même inviter les participants à une
démarche ultérieure privée. Un tel rituel ne diffère pas substantiellement de l'absolution donnée de façon collective, parce
qu'il n'y a pas aveu spécifique des fautes;
c) les normes pastorales autorisent l'absolution sans aveu individuel lorsqu'il «n'y a pas suffisaient de confesseurs à
disposition pour entendre comme il faut la confession de chacun dans des limites de temps convenables». Ces deux
critères de temps et de qualité dans la démarche doivent s'évaluer en fonction du nouveau Rituel pour la réconciliation
individuelle: le nouveau rite exige les éléments suivants: accueil, lecture de la Parole de Dieu, confession, réception de la
satisfaction, absolution, acte de louange et renvoi. La démarche en forme brève de jadis n'est plus acceptable à l'avenir sauf
s'il y a «nécessité pastorale»; (8)
d) le précepte de la confession «auriculaire» annuelle édictée par le Concile de Latran demeure en vigueur sauf en cas
d'impossibilité morale; (9)
e) «ceux dont les péchés graves ont été remis par une absolution collective doivent accéder à la confession «auriculaire»
avant de recevoir à nouveau une absolution collective, à moins d'en être empêchés par une juste cause». (10)
+ Gilles Ouellet, archevêque de Rimouski Rimouski, le 19 mars 1982
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NOTES:
(1) Normes de la S.C. pour la Doctrine de la Foi, 16 juin 1972, no 1. (Retour au texte, à la note 1)
(2) Ibidem. (Retour au texte, à la note 2)
(3) «Il revient aux évoques de juger s'il y a nécessité ou urgence autorisant l'absolution générale (n. V; cf. LG 26). Ce
jugement ne semble pas tant concerner les cas singuliers et transitoires que les conditions habituelles dans un lieu ou à un
moment spécial, comme le Carême. Il peut être, en effet, à propos d'admettre certains groupes ou des paroisses entières à
la Communion pascale après les avoir purifiés par l'absolution générale, en reportant leur confession individuelle à des
moments de l'année plus favorables, alors qu'une préparation pastorale, pour ainsi dire nécessaire, faite en dehors de toute
urgence de temps, leur vaudrait une confession individuelle plus fructueuse». (M. Zalba, S.J., dans Notitiae S.
Congregationis pro Cultu divino, no 77, novembre 1972, pp. 317 ss.) (Retour au texte, à la note 3)
(4) Dans le cas de messes de petits groupes, il faut revenir aux principes généraux de la morale: personne n'est obligé de
«s'incriminer» dans l'opinion des autres participants en refusant de communier. Par ailleurs, en ces occasions, il est parfois
difficile d'assurer la confession auriculaire des participants. (Retour au texte, à la note 4)
(5) «L'aveu onéreux d'une défaillance ou d'un souci grave a un pouvoir libérateur indéniable sur le plan psychologique;
l'aveu brise l'isolement, éclaire la situation vitale. Pour un chrétien, l'aveu des péchés, par la prise de conscience qu'il suscite
en exprimant le revers de la vie que nous menons et l'échec ou l'insuffisance de nos désirs ou projets, provoque une remise
en question et un renouvellement de l'option fondamentale de vie face au Seigneur. Une verbalisation non stéréotypée
semble même fortement liée au progrès de la vie spirituelle». (Jean-Denis Lescault, psychologue) (Retour au texte, à la note 5)
(6) «La célébration avec confession et absolution collectives appelle comme complément pastoral très utile (et même
nécessaire en cas de péché grave) cette rencontre plus personnelle avec le prêtre (sans nouvelle absolution) en vue de
rechercher la meilleure façon de concrétiser la conversion au Christ et de préciser la nouvelle orientation de la vie. Dans
cette rencontre, il ne s'agit pas de recourir à une nouvelle absolution: les fautes ont été pardonnées par l'absolution
collective». (Célébrer la Pénitence et la Réconciliation, nouveau Rituel, p. 74) (Retour au texte, à la note 6)
(7) Normes pastorales de la S.C. pour la Doctrine de la Foi, no 1. (Retour au texte, à la note 7)
(8) Célébration de la pénitence et de la réconciliation (1979), pp. 11-19. (Retour au texte, à la note 8)
(9) Ibidem, no 7. (Retour au texte, à la note 9)
(10) Ibidem, no 7. (Retour au texte, à la note 10)
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