Mémoire du Conseil presbytéral du Diocèse de Rimouski
présenté à la Commission du Chantier diocésain

Trois-Pistoles, le 5 mars 2002

Préambule

Les membres du Conseil presbytéral de Rimouski (CPR), lors des rencontres du 15 octobre, 19 novembre et 10 décembre 2001, ont échangé sur les trois thèmes proposés par le Chantier diocésain. Une partie de la réunion du 28 janvier 2002 a ensuite été consacrée au vécu des prêtres du diocèse. Il s'est avéré que cette réflexion cadrait bien avec le thème du Chantier portant sur la vie des communautés chrétiennes et les réaménagements pastoraux. Le CPR a donc exprimé le désir qu'un mémoire soit présenté à la Commission du Chantier, traduisant le point de vue particulier qui est le sien quant à ses préoccupations relatives au vécu des prêtres.

Quelques préoccupations

Les réflexions des membres du CPR ont été amorcées par un compte-rendu de l'abbé Gérald Roy, lequel a rencontré individuellement presque tous les prêtres du diocèse depuis son entrée en fonction comme vicaire général. Il appert que, malgré un surcroît de travail et des temps difficiles, ces derniers sont relativement heureux et toujours soucieux de bien servir l'Église, ce qu'ils font avec générosité et dévouement. Mais l'abbé Roy relève aussi de l'inquiétude, de la souffrance et de la détresse chez certains prêtres dans le ministère. Les membres du CPR ont adhéré d'emblée à ce bilan, positif sous bien des aspects, mais négatif sous plusieurs autres. Certaines des préoccupations et des conclusions de ce rapport, plus importantes en raison de leur pertinence et de leur acuité, ont donc été intégrées à ce mémoire.

1. Les prêtres dans le ministère actif doivent adapter et changer leur mode de fonctionnement, leur façon de faire la pastorale. De nos jours, le ministère est trop exigeant pour les prêtres qui sont généralement âgés et dont plusieurs sont affectés par la maladie. Certains prennent peu ou pas de vacances, de journées de congé, de périodes de ressourcement personnel ou professionnel. Les responsabilités administratives croissantes épuisent les énergies de plusieurs au détriment de la pastorale. Il y a donc une réflexion à faire rapidement sur ce sujet, avant qu'il ne soit trop tard. Il faut prévoir dès aujourd'hui l'organisation de demain, car le prêtre sera certainement appelé à être de plus en plus missionnaire.

Ainsi, il pourrait être utile que les autorités diocésaines organisent une rencontre, une sorte de colloque, de congrès pour les prêtres engagés dans le ministère actif. Ceci afin de redéfinir le rôle et les tâches du prêtre en tant que missionnaire ad intra confronté aux réaménagements pastoraux d'aujourd'hui et de demain. Il serait également opportun que les autorités diocésaines, en collaboration avec l'École de formation et de perfectionnement en pastorale et avec l'Université Saint-Paul, par exemple, mettent sur pied un programme de formation pour habiliter les prêtres à ce nouveau rôle de missionnaire ad intra.

De même, en collaboration avec l'École de formation et de perfectionnement en pastorale et quelques spécialistes, on pourrait offrir aux prêtres, quelques fois durant l'année, une journée de formation sur la spiritualité du prêtre d'aujourd'hui et sur les grandes questions qui les préoccupent.

2. On estime que les prêtres engagés dans le ministère actif manquent de ressources à l'encadrement. Plusieurs sont seuls et il faudrait trouver des moyens pour contrer l'isolement et le découragement de certains d'entre eux, pour développer davantage la fraternité sacerdotale et le support mutuel.

Aussi, il serait souhaitable que les autorités diocésaines mette en place des mécanismes pour évaluer le travail des prêtres. L'évaluation fait normalement partie de l'organisation. Elle ne devrait pas avoir pour objectif de porter un jugement sur les pasteurs eux-mêmes. Elle devrait plutôt les aider à cerner les exigences imposées par leur travail, ses contraintes, son ampleur, son impact sur leur vie personnelle et professionnelle. Ceci en vue de protéger les prêtres et de les aider à corriger le tir si nécessaire, à réévaluer leurs priorités en fonction des besoins du Peuple de Dieu et de leur capacité à y répondre adéquatement ou non. Le ministère doit être vivable pour les prêtres, tout en offrant un service de qualité aux communautés, mais adapté à la situation actuelle.

3. Les changements sont toujours difficiles à effectuer, car les mentalités ne changent pas facilement. Il faudrait apporter des modifications à la manière d'exercer le ministère pastoral, ce que les fidèles ne sont pas prêts à accepter, car il y a encore beaucoup de prêtres pour répondre à leurs attentes. Les prêtres dans le ministère actif maintiennent à bout de bras l'institution actuelle et tous les services traditionnels. Ainsi, par exemple, afin d'éviter que le ministère des funérailles absorbe une trop grande partie des énergies des pasteurs, il faudrait, particulièrement dans les paroisses plus populeuses, que ce ministère soit dès maintenant confié à des laïcs préparés à cette fin et convenablement rémunérés à partir des revenus générés par les funérailles. Ils devront accompagner les familles en deuil, du décès à l'après funérailles. On pourrait proposer plus souvent à ces familles une célébration de la parole.

En ce sens, on voudrait bien inverser la vapeur, changer les mentalités, mais on ne sait pas comment faire. Et on constate parfois même un douloureux manque de solidarité presbytérale.

4. Par contre, on souffre de devoir couper dans les services parce qu'on n'arrive plus à les assurer. Plutôt que de les réduire, il faudrait trouver les ressources requises pour les dispenser. Mais on doit constater qu'il manque de relève sacerdotale et qu'il n'y en a pas beaucoup plus chez les laïcs, surtout en milieu rural. Ces derniers ne sont pas encore véritablement prêts à prendre la relève. Ce sont généralement des bénévoles âgés et fatigués par plusieurs années d'engagement. Mais vers qui se tourner, car les jeunes adultes ne sont généralement pas intéressés par nos "affaires" d'Église?

Une recommandation

Suite à l'expression de ces préoccupations, le CPR fait donc la recommandation suivante:

Nous recommandons aux autorités diocésaines d'organiser, quelques fois par année, une rencontre des prêtres engagés dans le ministère actif, afin de réfléchir à ces questions, plus particulièrement les besoins de formation et de ressourcement des prêtres, la nécessité d'une concertation et d'une solidarité presbytérale, les habilités à développer pour être missionnaire ad intra aujourd'hui.

Yves-Marie Mélançon, prêtre
secrétaire du CPR

Retour à ÉCHOS DU CPR 2001-2002



VIE DIOCÉSAINE | RECHERCHER | INDEX | ACCUEIL