Archidiocèse de Rimouski
Mgr GEORGES COURCHESNE (1880-1950)
de Noël Bélanger (1)
Noël Bélanger, historien, avec la collaboration de Nive Voisine, professeur émérite de l'Université Laval, vient de faire paraître un ouvrage intitulé : Mgr Georges Courchesne (1880-1950), qui a été lancé au Salon du livre de Rimouski, le 4 novembre 2000. Cette biographie vient apporter un complément substantiel aux deux monographies publiées depuis peu : Le Diocèse de Rimouski (1867-1992), paru en 1994, et Cinq prêtres, cinq charismes, publié en mai 2000. L'objectif demeure toujours le même : parfaire la connaissance de notre passé diocésain.
Avec le cinquantième anniversaire du décès du quatrième évêque de Rimouski et son premier archevêque, ce livre de plus de 300 pages, judicieusement illustré, arrive à point nommé pour répondre aux vœux maintes fois exprimés d'un texte, qui soit rigoureux mais de lecture aisée, en mesure de rendre justice à une personnalité à la fois admirée et controversée, et de présenter l'ensemble d'une œuvre marquée par les traits les plus caractéristiques de l'idéologie dominante au Québec dans la première moitié du XXe siècle.
Résumé :
L'année 1950 fut, pour le diocèse de Rimouski, une année de souffrances et de peines. Au début de mai, le feu ravageait une grande partie de la ville Rimouski; trois jours plus tard, le même malheur s'abattait sur une autre paroisse du diocèse, Cabano.
Et les diocésains, solidaires de leurs compatriotes éprouvés, se relevaient à peine de ces malheurs qu'ils apprenaient l'hospitalisation de leur évêque, Mgr Georges Courchesne, et sa mort survenue le soir du 14 novembre. L'année se terminait donc dans le deuil et le chagrin.
Cinquante ans ont passé. Le moment nous semble venu de faire mémoire de celui qui fut le quatrième évêque de Rimouski et son premier archevêque. Il ne laissa personne indifférent; il a eu des admirateurs aussi bien que des détracteurs. Ce livre vent évoquer les traits les plus marquants de sa personnalité, à la fois complexe et riche en nuances, avec sa part de contradictions; il veut aussi décrire son oeuvre, encore bien visible dans le paysage diocésain, ou subtilement perceptible dans la vie religieuse, intellectuelle et sociale d'un milieu qu'il a aimé et où il a beaucoup travaillé.
Présentation du livre faite par l'abbé Raynald Brillant, v.g.:
Les gens de ma génération se souviennent bien de la mort de Mgr Georges Courchesne. Rimouski ne s'était pas encore relevé de l'incendie qui avait détruit presque le tiers de la ville le 6 mai 1950. Et voilà que nous apprenons la maladie grave de l'archevêque et, quelques jours plus tard, sa mort survenue le 14 novembre. Dans un milieu de chrétienté comme l'était Rimouski en ce début des années 50, la nouvelle ne pouvait pas passer inaperçue. La riche personnalité de Mgr Courchesne avait tellement marqué la région du Bas-Saint-Laurent tout au long de ses vingt-deux ans d'épiscopat que nous étions tous convaincus que nous perdions un leader hors du commun.
Le 14 novembre 2000 marque le cinquantenaire de sa mort. L'Église de Rimouski veut rappeler cet événement et se souvenir de ce pasteur dont l'influence a été déterminante non seulement dans le milieu rimouskois, mais aussi dans tout le Québec. Le volume Mgr Georges Courchesne (1880-1950), que vient de publier notre confrère Noël Bélanger, ne pouvait arriver à un meilleur moment. Nous y trouvons tous les éléments pour connaître la personnalité et l'oeuvre de Mgr Courchesne. Noël Bélanger connaît bien celui dont il trace le portrait. Il s'est intéressé particulièrement, dans ses années d'études en histoire, au rôle qu'a joué Mgr Courchesne dans l'implantation des mouvements d'Action catholique, et de ses prises de position contre les centrales nationales qui ont suscité dans les années 40 des vagues et des remous. Cette étude a d'ailleurs été le sujet de sa thèse de doctorat. Depuis longtemps, Noël Bélanger rêvait d'écrire la vie de Mgr Courchesne. Il a consacré les premières années de sa retraite à cette oeuvre et il en fait cadeau à son Église diocésaine. Nous lui en sommes très reconnaissants.
Mgr Georges Courchesne (1880-1950) est un ouvrage bien documenté et de lecture facile. Les trois premiers chapitres décrivent les années qui ont précédé son épiscopat: son enfance au Chenal Tardif et son cours classique à Nicolet où, «dès sa syntaxe latine, il s'était entendu, en toute discrétion, avec un élève de réthorique pour lui composer des discours et des dissertations exigés par le professeur de français» (p. 10); ses années de formation à Rome et à Fribourg où il suivit «un programme d'études susceptibles d'asseoir solidement la carrière d'un professeur de collège classique» (p. 14); et enfin ses vingt ans de professorat au Séminaire de Nicolet et à l'École normale de la même ville. Le troisième chapitre aborde un aspect de sa personnalité souvent ignorée: le chanoine Courchesne, professeur au Séminaire de Nicolet, faisait partie du groupe de maîtres à penser du Québec au cours de l'entre-deux-guerres, et son influence parmi eux a été importante. «Ce fut la période la plus féconde de sa production littéraire et de sa plus grande visibilité sur la scène nationale» (p. 38).
La partie la plus importante du volume, cela va de soi, est consacrée à ses vingt-deux ans d'épiscopat. Le chapitre 5 nous présente l'évêque de Rimouski bien inséré dans le milieu qui fonde des paroisses de colonisation pour donner du travail à toute une jeunesse qui subit les contre-coups de la dépression, qui appuie également les syndicats naissants et le mouvement coopératif et qui s'engage dans des luttes importantes pour la sauvegarde de la forêt. Les trois derniers chapitres traitent de certains traits de sa personnalité que les prêtres du temps de Mgr Courchesne aimaient bien rappeler. Un homme d'une grande austérité, mais «lui-même se l'imposait d'abord avant de la demander à son clergé et à ses fidèles» (p. 160); un évêque qui a pu être sévère envers certains qui se permettaient de résister passivement à ses directives, mais qui savait être tendre et compatissant envers ceux qui vivaient des situations pénibles (p. 182); un pasteur qui a pris des décisions qui ont fait mal à certains, le plus bel exemple est sans doute l'orientation donnée à l'Action catholique dans le diocèse en 1942, mais ces décisions, aimait-il dire, avaient pour but d'attacher les jeunes à la paroisse, centre vital qui devait rester étroitement soudé au diocèse (p. 151).
Mgr Georges Courchesne (1880-1950) nous fait découvrir un homme d'une intelligence nettement supérieure, un leader doué de charismes exceptionnels, un évêque taillé pour une Église de chrétienté.
Merci à Noël Bélanger de nous faire ce cadeau à l'occasion de l'année jubilaire et bonne lecture!
Raynald Brillant, vicaire général
(D'une semaine à l'autre, 13 novembre 2000)
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