L’intronisation de Mgr Jean Langevin

et la fondation du diocèse de Rimouski

 

Sylvain Gosselin

Archiviste diocésain

 

 

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L’érection du diocèse de Rimouski

 

image001.jpg L’année 2017 marque le 150e anniversaire de fondation du diocèse de Rimouski. C’est en effet le 15 janvier 1867 que le bienheureux pape Pie IX délivre les bulles apostoliques qui annoncent la création du diocèse de Rimouski par démembrement de l’archidiocèse de Québec et la nomination de son premier évêque, Mgr Jean Langevin, alors principal de l’école normale Laval de Québec. Cette décision s’inscrit dans un contexte d’expansion du catholicisme en Amérique du Nord, Rimouski devenant alors la 18e circonscription ecclésiastique à se former en terre canadienne et la 54e à s’établir dans les limites du territoire jadis confié à saint François de Montmorency-Laval, premier évêque du diocèse de Québec. Constitué d’un démembrement de celui-ci, le nouveau diocèse comprend les districts de Rimouski et de Gaspé, le comté de Témiscouata – moins les paroisses de Rivière-du-Loup, de Notre-Dame-du-Portage et de Saint-Antonin – et, sur la Côte-Nord, tout le territoire compris entre la rivière Portneuf et l’anse de Blanc-Sablon. La bulle pontificale créant le nouveau diocèse est promulguée par une lettre pastorale de l’administrateur apostolique de Québec, le 11 avril 1867.

 

La consécration épiscopale

 

Quatre mois s’écoulent entre la nomination de Mgr Langevin et son installation à Rimouski, le siège du nouveau diocèse. Il fallait bien tenir compte de la difficulté des déplacements durant l’hiver et attendre l’ouverture du fleuve à la navigation. À Québec, pendant ce temps, on s’affaire à organiser les fêtes du sacre du nouvel évêque avec toute la pompe requise, tandis qu’à Rimouski, on se prépare à le recevoir le plus dignement possible. Fixée le premier jour du mois de mai, la consécration épiscopale est présidée par Mgr Charles-François Baillargeon, assisté de Mgr Edward John Horan, évêque de Kingston, et de Mgr Louis-François Laflèche, coadjuteur de l’évêque de Trois-Rivières. Le même jour, dans l’église de Rimouski désormais cathédrale diocésaine, le curé Pierre-Léon Lahaye prend possession du siège épiscopal au nom de son premier titulaire, Mgr Langevin.

 

Le voyage à Rimouski

 

Il tardait sans doute au nouvel évêque de prendre le chemin de son diocèse. Le mercredi matin 15 mai à dix heures, celui-ci s’embarque avec l’évêque de Kingston et un groupe de dignitaires ecclésiastiques et civils au port de Québec à bord de l’Advance, un bateau à vapeur spécialement affrété pour faire le voyage. Les vents froids mêlés de pluie obligent un mouillage à l’île aux Grues pour y passer la première nuit. Par un temps toujours orageux, le navire reprend sa route le jeudi matin. Après une escale à La Malbaie, il s’arrête à Rivière-du-Loup où une douzaine de prêtres viennent se joindre aux passagers déjà à bord. Bravant la tempête, le bateau poursuit sa route, mais se voit forcé de rebrousser chemin pour passer la nuit à Rivière-du-Loup. À l’aube du vendredi matin 17 mai, le capitaine fait lever l’ancre pour effectuer la dernière étape du voyage. Malgré des vents contraires, il parvient à mener son vaisseau à destination au terme d’une véritable odyssée.

 

Cérémonies d’accueil et de prise de possession du nouvel évêque

 

Il est dix heures et demie du matin lorsque Mgr Langevin et sa suite parviennent à bon port. Encore affectés par les effets du tangage, les dignitaires se dirigent vers la cathédrale, croisant sur leur parcours de nombreux arcs de verdure mis à mal par la pluie torrentielle. Le témoignage du chroniqueur Charles Guay laisse à penser que le mauvais temps a bousculé quelque peu l’horaire prévu pour la cérémonie d’accueil. Il semble également que les retards ainsi provoqués aient démobilisé une partie des fidèles qui entendaient assister à la cérémonie de prise de possession canonique. C’est du moins ce que suggèrent les ratures observées dans le procès-verbal rédigé à cette occasion par le notaire Pierre-Louis Gauvreau. Réglée selon les prescriptions du cérémonial des évêques, l’intronisation du nouvel évêque est décrite par l’écrivain Faucher de Saint-Maurice qui accompagne Mgr Langevin dans son périple rimouskois. Le rituel de cette cérémonie s’amorce dans le vestibule de la cathédrale où le nouvel évêque, revêtu des insignes épiscopaux, est accueilli par les fidèles et le clergé :

 

image002.jpg[...] le premier acte de Monseigneur Langevin, en mettant le pied dans le vestibule de sa cathédrale, fut de s’agenouiller sur le seuil de la porte principale, pour exprimer officiellement et sacerdotalement son entrée dans le diocèse de St-Germain de Rimouski. Là, le curé de la paroisse, M. l’abbé [Pierre-Léon] Lahaye, lui présenta le crucifix à baiser, et, lecture ayant été donnée de la bulle du Souverain Pontife érigeant cette portion du diocèse de Québec en évêché et en confiant la direction à la vigilance du nouveau pasteur, Monseigneur, accompagné de l’Évêque de Kingston, reçut l’eau bénite et l’encens, et fit son entrée triomphale, annoncée par les sublimes accords du Te Deum, bénissant solennellement son peuple et entouré de son chapitre et de son clergé. Arrivé au pied de l’autel, il s’y agenouilla pour y faire une seconde prière, puis, l’ayant embrassé respectueusement, il fut conduit à son trône épiscopal par Sa Grandeur Monseigneur [Edward John] Horan, et là, comme dit naïvement l’acte notarié de prise de possession, « personne ne s’y étant opposé, [il fut] reconnu joyeusement pour père en Dieu et évêque de St-Germain de Rimouski, par le baiser de la main », que les prêtres s’en vinrent lui donner deux par deux (Charles Guay, Chronique de Rimouski, Québec, P.-G. Delisle, 1873, p. 209-210).

 

Derniers hommages et premiers écrits

 

image003.jpgAu sortir de la cathédrale, les notables de Rimouski se dirigent en grand nombre au collège de Rimouski, rejoindre leur évêque pour entendre les hommages des représentants des divers ordres de la société, les élèves du collège de Rimouski concluant le concert d’éloges auquel Mgr Langevin répond avec la modestie d’usage et sa bénédiction. Pendant que s’échangent les mots de félicitations, l’heure du départ ayant sonné, les membres de l’escorte de Mgr Langevin regagnent le bateau à vapeur qui doit les ramener chez eux. Profitant des vents favorables, le navire atteint Québec en 20 heures, en incluant l’escale de Rivière-du-Loup. Le voyage inverse avait pris plus de 48 heures! Si la journée du 17 mai 1867 demeure dans les annales comme étant celle où Mgr Langevin a été mis en possession de son siège de Rimouski, elle demeure également mémorable en raison du fait que c’est en ce jour que le nouvel évêque s’est adressé pour la première fois à son clergé ainsi qu’aux fidèles de son diocèse par le biais d’une lettre circulaire et d’un mandement d’entrée.

 

Rimouski, 1er février 2017

 


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