5. Mgr Charles-Eugène Parent (1951-1967)



La nouvelle de la mort subite de Monseigneur Charles-Eugène Parent à l'Archevêché de Rimouski, le 2 juin 1982, a consterné non seulement les gens qui vivaient dans son entourage et qui s'étaient habitués à la régularité de ses déplacements, mais aussi d'innombrables parents et amis du dehors qui étaient toujours émerveillés de le voir si bien portant. Nous avions tous oublié qu'il avait atteint l'âge "des plus vigoureux" (Psaume 89) : 80 ans et 1 mois. Des funérailles imposantes, présidées par Monseigneur Gilles Ouellet, son deuxième successeur, lui ont été faites en la cathédrale de Rimouski, le 7 juin, avec le concours de douze évêques et archevêques, dont le cardinal Maurice Roy, et d'environ 175 prêtres venus de toutes les régions du diocèse et de l'extérieur. Une foule compacte et recueillie remplissait entièrement l'église. Le corps de l'illustre défunt a été inhumé au cimetière de Saint-Germain, dans le lot réservé aux évêques et archevêques de Rimouski.

Né aux Trois-Pistoles le 22 avril 1902, Mgr Parent était le deuxième des douze enfants de Louis Parent, menuisier, et de Marie Lavoie qui s'établirent sur la terre paternelle des Parent à Saint-Mathieu, en 1911. Il fit ses études classiques au Séminaire de Rimouski (1914-1920), ses études en théologie aux Grands Séminaires de Québec et de Rimouski (1920-1924) et fut ordonné prêtre dans la chapelle du Séminaire de Rimouski par Mgr R. Léonard, le 7 mars 1925, avant même d'atteindre ses 23 ans.

Le jeune abbé Parent fut d'abord nommé vicaire à Price. Après trois ans de ministère dans cette paroisse, Mgr Georges Courchesne, nouvellement arrivé comme évêque de Rimouski, le choisit comme secrétaire et maître des cérémonies. En 1929, il l'envoya à Rome pour deux années d'études théologiques. À son retour en 1931, l'abbé Parent, désormais docteur en Théologie, fut nommé professeur au Grand Séminaire de Rimouski et chargé en même temps de l'aumônerie de l'Hôpital Saint-Joseph de la ville. En 1941, il devenait curé de la paroisse Saint-Germain de la cathédrale et vicaire urbain. Il était là, le 18 mars 1944, quand Pie XII le nomma évêque titulaire de Diana et auxiliaire de Mgr Courchesne qui lui conféra lui-même l'épiscopat dans la cathédrale, le 24 mai suivant. Mgr Parent demeura encore une année à la cure de Saint-Germain avant de se transporter à l'évêché de Rimouski.

Après le décès de Mgr Courchesne, en 1950, Mgr Parent fut élu vicaire capitulaire et, le 2 mars 1951, il était promu archevêque de Rimouski. Il a été intronisé le 1er mai suivant. Le 20 septembre de la même année, Mgr Ildebrando Antoniutti, délégué apostolique, lui remit le Pallium. Pendant les seize années qu'il passa ensuite à la tête de l'administration diocésaine, il a été le fidèle continuateur de l'oeuvre de Mgr Courchesne. Comme lui, il s'est battu d'abord pour conserver au diocèse l'intégrité de son territoire agricole, puis il a entouré les classes laborieuses d'une particulière attention, il a fait porter sa sollicitude sur la stabilité de la famille, la culture des vocations, le goût de l'étude, la pratique de la tempérance, l'amour de l'économie, etc. Mgr Parent n'a pu assister qu'à la première session du concile Vatican II. Il s'est encore rendu à Rome en 1963, mais son état de santé l'obligea à revenir prématurément. Depuis lors, il n'a cessé d'être aux prises avec la maladie qui le contraignit à demander l'aide d'un coadjuteur en 1964, et à prendre définitivement sa retraite le 25 février 1967.

C'est à l'Archevêché de Rimouski qu'il continua de résider, y menant une vie bien réglementée, centrée particulièrement sur la prière et sur l'apostolat auprès des malades. Il aura sûrement été un bon paratonnerre dans la vie de l'Église diocésaine pendant ses années de retraite. Jamais on ne l'a vu s'immiscer dans les affaires administratives et la pastorale du diocèse : pour lui, c'était comme un chapitre terminé dont il avait tourné la page. En plus d'être un grand priant, Mgr Parent s'est révélé un croyant authentique qui voit et juge tout à la lumière supérieure de la foi. Ainsi, dans tout son comportement comme dans ses conversations, il recherchait et affectionnait d'abord les réalités d'en haut. C'est sans doute ce qui explique la remarquable sérénité d'âme et la belle confiance qu'il a manifestées en se préparant journellement sans trouble et sans angoisse à l'appel suprême du Seigneur.

Celui dont la devise épiscopale "Ut unum sint" était de rassembler en Dieu tous ceux qui lui avaient été donnés comme diocésains, jouit maintenant de l'unité éternelle avec la Trinité Sainte. Nous pouvons espérer qu'il continuera d'intercéder pour que notre unité entre nous et avec Dieu soit parfaite.

Léo Bérubé, prêtre, Archiviste
D'une semaine... à l'autre, no 563 (23 juin 1982), annexe.

ARMOIRIES : L'étoile, c'est l'image de la Très Sainte Vierge, sous la protection de laquelle se place Mgr Parent. Les feuilles d'érable ont un sens typiquement canadien. La gerbe de blé : symbole d'unité et d'attachement au sol. DEVISE : Ut sint unum est tirée de la prière sacerdotale de Jésus, après la dernière Cène : "Pour qu'ils soient un" (Jean 17, 11).




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