Diocèse de Rimouski

Jubilé extraordinaire de la Miséricorde

Année sainte, du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016


LE DON DE L'INDULGENCE

Note de la Pénitencerie apostolique sur l'indulgence

(Texte original italien dans l'Osservatore Romano du 10 février 2000.
Traduction de La Documentation Catholique, no 2224 (16 avril 2000) p. 392-393

NOTE :

Ce document a été rédigé à l'occasion du Grand jubilé de l'An 2000, mais il est toujours d'actualité pour le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde. On peut s'y référer en l'adaptant à cette année sainte 2015-2016, ce que nous avons fait pour les textes situés entre [ ].


La célébration de l'Année jubilaire n'est pas seulement une circonstance singulière pour profiter du grand don des indulgences, que le Seigneur nous fait par l'intermédiaire de l'Église, mais aussi une heureuse occasion de rappeler aux fidèles, par une catéchèse, ce que sont les indulgences. Aussi la Pénitencerie apostolique publie-t-elle cette Note, pour le plus grand bien de ceux qui effectuent les visites jubilaires.

Rappels, de caractère général, sur les indulgences

1. Le Code de droit canonique (canon 992) et le Catéchisme de l'Église catholique (n. 1471) définissent en ces termes ce qu'est l'indulgence : « L'indulgence est la remise devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, que le fidèle bien disposé, et à certaines conditions définies, obtient par le secours de l'Église qui, en tant que ministre de la Rédemption, distribue et applique avec autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints ».

2. Généralement, l'acquisition des indulgences exige des conditions définies (ci-dessous, n. 3-4) et l'accomplissement d'oeuvres déterminées (on indique aux n. 8, 9 et 10 celles qui sont propres à l'Année sainte).

3. Pour obtenir les indulgences, tant plénières que partielles, il faut que, au moins avant d'avoir complètement accompli l'oeuvre indulgenciée, le fidèle soit en état de grâce.

4. On ne peut obtenir l'indulgence plénière qu'une fois par jour. Mais, pour l'obtenir, outre l'état de grâce, il est nécessaire que le fidèle :

- ait pour disposition intérieure un complet renoncement au péché, même simplement véniel ;
- confesse sacramentellement ses péchés ;
- reçoive la sainte Eucharistie (il est certainement meilleur de la recevoir en participant à la sainte messe, mais seule la communion est nécessaire pour obtenir l'indulgence) ;
- prie aux intentions du Souverain Pontife.

5. Il convient, mais cela n'est pas une nécessité, que la confession sacramentelle, et spécialement la sainte communion et la prière aux intentions du Pape aient lieu le jour même où est accomplie l'oeuvre à laquelle est accordée une indulgence. Mais il suffit que ces rites et prières soient accomplis quelques jours (environ 20 jours) avant ou après l'acte indulgencié. La prière aux intentions du Pape est laissée au libre choix du fidèle, mais on suggère la récitation d'un « Notre Père » et d'un « Je vous salue, Marie ». Pour diverses indulgences plénières, il suffit d'une confession sacramentelle, mais une communion distincte ainsi qu'une prière spéciale aux intentions du Pape sont exigées pour toute indulgence plénière.

6. Les confesseurs peuvent changer, en faveur de ceux qui sont légitimement empêchés, aussi bien l'oeuvre prescrite que les conditions requises (à l'exception, évidemment, du renoncement au péché, même véniel).

7. Les indulgences sont toujours applicables à soi-même ou aux âmes des défunts, mais elles ne sont pas applicables à d'autres personnes vivant ici-bas.

Aspects propres à l'Année jubilaire

Les conditions nécessaires ayant été décrites aux n. 3 et 4, les fidèles peuvent acquérir l'indulgence jubilaire en accomplissant une des oeuvres suivantes, rassemblées ci-dessous selon trois catégories :

8. Oeuvres de piété ou de religion

- Ou effectuer un pèlerinage à un sanctuaire ou à un lieu jubilaire [...] et participer en ce lieu à la messe ou à une autre célébration liturgique (Laudes ou Vêpres) ou à un exercice de piété (Chemin de Croix, chapelet, récitation de l'Hymne acathiste, etc.);

- Ou bien effectuer une pieuse visite, en groupe ou isolément, à l'un de ces lieux jubilaires, en s'y adonnant à l'adoration eucharistique et à la méditation, que l'on terminera par la récitation du « Notre Père », du « Credo » et une invocation à la Vierge Marie.

9. Oeuvres de miséricorde ou de charité

- Ou rendre visite, pendant un laps de temps approprié, à des frères dans le besoin ou en difficulté (malades, prisonniers, personnes âgées vivant seules, handicapés, etc. ), comme si l'on accomplissait un pèlerinage vers le Christ qui est présent en eux ;

- ou bien soutenir, par une contribution significative, des oeuvres à caractère religieux ou social (en faveur de l'enfance abandonnée, de la jeunesse en difficulté, des personnes âgées qui se trouvent dans le besoin, des étrangers en divers pays qui recherchent de meilleures conditions de vie) ;

- ou encore : consacrer une partie convenable de son temps libre à des activités utiles à la communauté, ou d'autres formes semblables de sacrifice personnel.

10. Oeuvres de pénitence

Au moins pendant une journée :

- ou s'abstenir de consommations superflues (tabac, boissons alcoolisées, etc.);

- ou bien jeûner;

- ou encore s'abstenir de manger de la viande (ou d'autres aliments, selon les indications données par les épiscopats), et donner aux pauvres une somme proportionnée.

Donné à Rome, au Siège de la Pénitencerie apostolique, le 29 janvier 2000.

William Wakefield card. BAUM,
Grand Pénitencier
Luigi de MAGISTRIS
Évêque titulaire de Nova, Régent


ACCUEILLIR LE PARDON DE DIEU

L'indulgence du Jubilé

Éditorial de Mgr Raymond Bouchex,
archevêque d'Avignon,
sur l'indulgence jubilaire

(Texte reproduit dans Église d'Albi du 9 mars 2000.
Sous-titre de La Documentation Catholique, no 2224 (16 avril 2000) p. 395-396.)

Certains catholiques sont choqués qu'il soit toujours question, à propos du Jubilé, des indulgences. Ils voient en elles une conception commerciale et comptable du salut. Il faut pourtant en parler, car elles sont un élément fondamental du Jubilé. [...] Trois données de la foi chrétienne nous permettent d'en comprendre le sens véritable.

- L'indulgence de Dieu. Parler de l'indulgence du Jubilé, c'est parler de l'indulgence de Dieu c'est-à-dire de sa miséricorde, dont la caractéristique est d'être gratuite. L'indulgence est quelque chose qu'il n'est pas possible de payer ni d'acheter. Il est donc impropre de dire que nous gagnons l'indulgence. Nous l'accueillons. Mais cet accueil demande un certain nombre de dispositions de notre part.

- La peine temporelle (par opposition à la peine éternelle) du péché. Commettre un péché, c'est poser un acte concret de refus d'aimer Dieu, soit directement (négation consciente et libre de Dieu ; blasphème ; refus de prier, etc.), soit à travers ce que Dieu nous a confié pour réaliser notre vocation d'hommes et de femmes (notre intelligence, notre coeur, notre corps, la santé, l'argent, l'univers matériel, etc). L'indulgence ne remplace pas le sacrement de pénitence. Le pardon de nos actes de péché (qui peuvent être des omissions) ne peut être donné que dans le sacrement de réconciliation.

Mais le péché même pardonné laisse des conséquences en nous, dans les autres, dans l'univers : augmentation de notre difficulté à aimer, aggravation de notre égoïsme foncier et de notre inclination au mal; renforcement des mauvaises habitudes; déséquilibre dans notre psychisme et dans notre inconscient; blessures durables en nous et chez les autres, détérioration des relations sociales, propension à la violence entre personnes, groupes, peuples; désordre dans l'univers et destruction de la création. Tout péché cause des atteintes durables plus ou moins graves à la dignité humaine, à la vie, à la création.

Le sacrement de pénitence ne supprime pas ces conséquences et la nécessité de les réparer. Quel que soit le péché que je commets, même caché, si je m'en repens vraiment et en demande pardon dans le sacrement, il est remis. Mais après le pardon reçu, il reste ses conséquences. Aucun péché n'est purement individuel. Nous sommes solidaires des autres, même inconnus, et de l'univers. Il y a une mystérieuse solidarité dans les conséquences du péché. Mon péché ne me laisse pas intact, il ne laisse pas intacts les autres, au-delà même de ce qu'il a remis directement en cause. Il ne laisse pas intact l'univers (cf Rm 8, 18-25).

Quand le pardon de Dieu m'est accordé, je dois réparer les conséquences, rétablir l'équilibre, exclure le désordre créé, en moi, dans l'humanité, dans l'univers. Pour que le pardon me soit accordé, il faut que je regrette mon péché, que j'en reconnaisse les conséquences et que j'aie la volonté de les réparer.

Tel est le sens de la pénitence (« porter la peine ») ou satisfaction (faire assez pour réparer la blessure) qui est donnée dans la confession. Ces conséquences, je ne puis pas, laissé à moi-même, les réparer totalement. Elles me dépassent, au point que souvent je ne les connais pas. J'ai besoin que d'autres m'aident à les réparer, à me guérir moi-même, à guérir les autres, à restaurer l'univers. J'ai besoin qu'intervienne la communion des saints pour m'aider à réparer le désordre et les souffrances causés.

La communion des saints. La communion des saints est la solidarité dans la grâce qui vient du Père par le Christ dans le Saint-Esprit. Il y a une solidarité dans le premier Adam. Il y a une solidarité plus étroite dans le deuxième et dernier Adam, le Christ (Col 15, 45-49). La communion des saints est la mise en commun de tout ce qui est amour dans les saints. La grâce de Dieu est si puissante qu'elle donne la possibilité aux autres membres de l'Église, si nous le demandons et nous nous ouvrons à leur aide, de nous aider par leur amour à réparer les blessures faites, par nos péchés, à nous-mêmes, aux autres, à l'univers.

Réparer les conséquences du péché en nous

Résumons ce qu'est l'indulgence du Jubilé. Nous ne payons pas l'Église pour qu'elle assume à notre place la peine temporelle de nos péchés. Jamais de nous-mêmes nous ne pourrons réparer les ruines que nous avons causées en nous, dans l'humanité et dans le monde. L'indulgence demandée et accueillie nous aide à réparer les conséquences du péché en nous, en l'humanité, dans l'univers grâce à la communion des saints. La communion dans la grâce et la sainteté, venant de Dieu par le Christ sauveur, est plus efficace que la solidarité dans les conséquences du péché. En certaines occasions, l'Église, le Pape, permet aux pécheurs que nous sommes de bénéficier de la sainteté de nos frères et soeurs pour restaurer ce que nous avons détruit. C'est le sens de la formule : « puiser dans le trésor de l'Église ». Le Jubilé, spécialement le grand Jubilé de l'Incarnation du Christ qui est la révélation et la source de l'indulgence de Dieu et de la communion des saints, est une de ces occasions privilégiées.

Cette indulgence, nous pouvons l'appliquer à ceux de nos frères qui sont morts. Ils font partie de l'Église. La communion des saints les rejoint eux aussi. Ils ne peuvent pas s'appliquer à eux-mêmes cette grâce. Mais nous pouvons la demander pour eux, puisqu'ils sont membres de l'Église sur laquelle nous nous appuyons.

Nous comprenons les conditions demandées, non pour gagner l'indulgence, mais pour nous mettre dans les dispositions de l'accueillir. Ces dispositions sont :

- La reconnaissance de nos péchés, leur aveu personnel et la demande qu'ils soient pardonnés dans le sacrement de réconciliation;
- La participation à l'Eucharistie qui est la présence du Christ mort et ressuscité et qui nous plonge dans la réalité de la communion des saints;
- Une démarche de pèlerinage à un lieu fixé, signe de notre volonté de donner à notre vie une autre direction;
- Une prière aux intentions du Pape, manifestant notre communion à l'Église;
- Tout cela fait avec amour, et un amour particulier en cette année où d'une façon plus intense nous renouvelons notre foi au Christ sauveur, qui nous a révélé l'amour du Père et nous le donne par l'Esprit Saint.

L'indulgence n'a rien d'automatique, encore moins de magique. Nous ne pouvons l'accueillir qu'en étant ouverts à son amour par notre propre volonté d'aimer.

Conclusion

L'indulgence met en lumière et nous révèle quelque chose qui ne nous est pas naturel, à savoir que nous sommes reliés, par le plus profond de nous-mêmes et plus encore par la grâce du Christ, aux autres et à l'univers.

Refuser, plus encore, mépriser l'offre qui nous est faite de l'indulgence, serait le signe que nous nous considérons dans l'humanité et dans l'univers comme des individus isolés, et surtout que nous nous séparons de la communion des saints. Cela indiquerait que nous comptons uniquement sur nous pour nous sauver et pour réparer les dégâts faits par nos péchés. Ce serait exactement le péché de pharisaïsme, nous faisant dire : « je me suffis à moi-même pour réparer les ruines causées par mes péchés », ou peut-être même : « je suis sans péché, je n'ai donc rien à réparer ».

L'indulgence est une grâce !

Elle s'inscrit dans la ligne du Jubilé [extraordinaire de la Miséricorde], qui célèbre le Fils de Dieu devenu homme pour faire de l'humanité issue du premier Adam l'humanité nouvelle fondée par le second Adam.


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