Abbé ERNEST SIMARD
(1920-1999)

L'abbé Ernest Simard est décédé au Centre hospitalier régional de Rimouski le mardi 26 janvier 1999 à l'âge de 78 ans et dix mois. Il avait été admis dans cette institution en décembre 1998 pour le traitement d'un cancer diagnostiqué en début d'année. Cette maladie l'avait d'ailleurs obligé à mettre un terme à ses activités et à prendre une retraite anticipée à l'Archevêché de Rimouski en juin 1998.

La dépouille mortelle a été exposée à la Résidence Lionel-Roy le 28 janvier. Les funérailles ont donné lieu à deux concélébrations eucharistiques. La première, présidée par Mgr Bertrand Blanchet, fut célébrée en l'église de Saint-Robert-Bellarmin de Rimouski le 29 janvier. La seconde, célébrée le lendemain en l'église de Saint-Jérôme de Matane, fut présidée par l'abbé Philibert Dionne, curé de Saint-Luc de Matane. À l'issue du second service religieux, la dépouille mortelle a été transportée au cimetière de Saint-Luc de Matane pour y être inhumée.

Fils de Guillaume Simard et de Justine Gauthier, l'abbé Ernest Simard est né à Saint-Luc de Matane le 22 mars 1920. Orphelin de père à quatre ans et de mère à quatorze ans, il fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski (1935-1942) et ses études théologiques au Grand Séminaire de Rimouski (1942-1946). Il est ordonné prêtre par Mgr Charles-Eugène Parent le 29 juin l946 en l'église de Saint-Luc de Matane.

Désigné pour le ministère de l'enseignement, il est aussitôt nommé professeur au Séminaire de Rimouski, poste qu'il occupe jusqu'en 1953. Durant cette période, il profite de ses vacances annuelles (1948-1951) et d'un congé d'enseignement (1951-1952) pour compléter des études en bibliothéconomie, en histoire et en littérature à l'Université Laval de Québec, pour lesquelles il obtient des diplômes en bibliothéconomie et en lettres. De 1950 à 1951, il offre également ses services à l'Institut Mgr Courchesne de Rimouski à titre d'aumônier.

En 1953, il est nommé vicaire à Saint-Robert-Bellarmin de Rimouski , à laquelle fonction s'ajoute, dès 1954, et ce jusqu'en 1958, celle d'aumônier des syndicats nationaux catholiques de la ville de Rimouski et de tout le diocèse. Et, c'est sans doute pour son engagement auprès des ouvriers, qu'il est choisi à la même époque comme répondant diocésain aux affaires sociales de la Conférence catholique canadienne (1954-1965).

Entre 1958 et 1960, il est autorisé à s'absenter pour un congé d'études en sociologie à l'Université grégorienne de Rome. Profitant de ses périodes de vacances (1959-1960), il s'inscrit également à l'Institut catholique de Paris pour y étudier les lettres françaises.

De retour au pays, il reprend son poste d'aumônier auprès des syndicats nationaux catholiques (1960-1968) et assume un ministère analogue auprès de l'Association diocésaine des commissions scolaires (1960-1968). Il revient également à son ministère à l'Institut Mgr Courchesne, pour lequel il accepte un poste d'aumônier adjoint (1960-1961) et s'emploie aussi comme responsable diocésain de la censure du film et du Service d'orientation des foyers (1960-1961) et comme aumônier du cercle Saint-Germain des Filles d'Isabelle (1961-1968) et de la Maison Domrémy de Rimouski (1965-1968). Son travail auprès de cet organisme destiné aux personnes alcooliques explique sans doute l'intérêt qu'il démontre pour les études en toxicologie qu'il poursuit durant les vacances de 1967 et de 1968.

Pourtant, toutes ces nouvelles fonctions n'ont pas mis un terme définitif à ses activités d'enseignement. Déjà, entre 1956 et 1958, il avait donné des cours à l'Institut Mondor de Rimouski. Après son retour d'Europe, il enseigne au Grand Séminaire de Rimouski (1960-1964) et aux écoles normales de la ville (1960-1968). Par la suite, il est également principal de l'École normale des Ursulines de Rimouski (1961-1965) et professeur au Séminaire de Rimouski (1965-1967) et au Cégep de Rimouski (1967-1968).

Mais désireux de renouveler ses connaissances, il demande, en 1968, à s'inscrire à l'Institut de Pastorale de Montréal où il obtient un baccalauréat en théologie pastorale par l'accréditation de ses études antérieures et l'année d'études passée dans cette institution.

À son retour à Rimouski, en 1969, il est désigné comme directeur général du Synode diocésain et aumônier au Centre d'apprentissage de Rimouski. Un an plus tard, il est nommé curé de Saint-Octave. Et c'est à ce titre qu'il signe, le 27 septembre 1970, avec dix-huit autres prêtres, le manifeste des curés en colère qu'il a lui-même rédigé. Écrit en réaction au mouvement de fermeture des paroisses déclarées marginales par le Bureau d'aménagement de l'Est du Québec, ce manifeste établissait la prise de position du clergé local devant la situation économique de la région et la réaction de la population devant cette conjoncture. Toutefois, après un an seulement de ministère à Saint-Octave, il est amené à prendre en charge la paroisse de Saint-Fabien pour laquelle il demeure en service jusqu'en 1980. De par cette nouvelle situation, il est choisi à deux reprises comme président de la zone rurale de Rimouski (1974-1978).

En 1980, il accède à de nouvelles fonctions au sein des services diocésains. Sur une période de trois ans, il assume solidairement les postes de vicaire épiscopal à l'administration financière du diocèse et des paroisses, de procureur du Grand Séminaire de Rimouski et de responsable de la pastorale sociale diocésaine. Ce dernier emploi lui est sans doute confié en appréciation de sa longue expérience dans ce domaine et, plus certainement encore, à cause de son implication au sein du comité des affaires sociales de l'Assemblée de évêques du Québec (1976-1980).

Toujours soucieux d'élargir ses connaissances, il obtient, en 1983, un congé de deux ans pour compléter des études de droit canonique à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Avant même d'avoir complété cette formation, qui lui confère le titre de licencié et maître en droit canonique (grade civil), il est nommé, en 1984, avocat au Tribunal ecclésiastique de Québec pour un terme de trois ans. Toutefois, dès l'année suivante, il est promu juge au sein de ce Tribunal. Le mandat qu'il reçoit alors est assorti d'un terme de cinq ans, et sera renouvelé à deux reprises (1990 et 1995) par la suite.

Au cours de l'année 1985, l'abbé Simard renoue avec sa première profession en acceptant d'aller enseigner au Grand Séminaire de Morona au Cameroun. De retour au pays l'année suivante, il est nommé desservant à Rivière-Trois-Pistoles, puis, sans préjudice de cette fonction, il devient aumônier au Centre hospitalier de Trois-Pistoles en 1994. Il assume conjointement ces deux ministères jusqu'en 1998, où il est forcé de démissionner pour des raisons de santé.

À toutes ces activités, il faudrait encore ajouter la présence de l'abbé Simard à plusieurs conseils d'administration, la participation active aux Opérations-Dignités, la coopération soutenue aux projets provinciaux de pastorale (les opérations « Chantiers »), l'implication dans la Société nationale de l'Est du Québec (dont il est médaillé de bronze en 1982) et l'Ordre de Jacques-Cartier, la générosité dont il fit preuve à l'égard de la Fondation de l'Université du Québec à Rimouski, l'Association du cancer de l'Est du Québec et la fondation qu'il a lui-même instituée (et qui devrait porter son nom) pour veiller à l'éducation et à la santé des jeunes du monde rural d'ici.

Faisant référence à la lettre de saint Paul à Timothée, Mgr Blanchet, dans son homélie, a mis en relief la foi sincère de l'abbé Simard, sa force intérieure, son esprit d'amour et de service. On ne peut que constater que cet esprit de service était très développé chez-lui, comme en fait foi le témoignage qu'il nous a laissé :

Il y a une notion qu'on ne connaît pas, ou qu'on oublie trop souvent : c'est la notion du Bien Commun, qui est supérieure à toutes (S. Thomas). C'est ainsi que, dans le domaine social et politique, il est plus important et plus urgent de bâtir son pays, ou seront respectées la liberté, la justice et la dignité humaine, que d'assurer son bien-être personnel ou ses garanties de bonheur; de même sur le plan chrétien, pour bâtir une Église et une communauté fraternelle, je peux (je dois?) renoncer à certains de mes aises, comme à la retraite à 65 ans. (Curriculum vitae de l'abbé Ernest Simard)
Sylvain Gosselin, Archiviste
D'une semaine... à l'autre, vol. 35, no 3 (24 février 1999), annexe.



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