Mgr PHILIPPE SAINTONGE, p.d.,
Prévôt du chapitre
(1913-1983)

Après six jours de lutte intense contre le nouvel infarctus qui l'avait terrassé, Mgr Philippe Saintonge s'est éteint au Centre Hospitalier Régional de Rimouski, le 22 octobre 1983. Il n'a pas été une proie facile pour la mort parce qu'il n'avait cessé depuis longtemps d'aguerrir son organisme. Ce grand cardiaque vivait depuis plus de vingt ans en effet sous l'empire d'une discipline rigoureuse et raisonnée qui lui permettait de remplir presque normalement toutes ses fonctions. Son médecin fut le premier à s'étonner de lui voir atteindre et dépasser même l'âge de 70 ans.

Né au Val-Brillant, le 2 août 1913, Mgr Saintonge était le deuxième des quatre enfants de feu Ernest Saintonge et de feu Alice Beaulieu. Il fit ses études classiques au Petit Séminaire de Rimouski, de 1928 à 1935. En 1938, après une troisième année de théologie au Grand Séminaire de Rimouski, alors qu'il était diacre, il s'embarqua, à la demande de Mgr Georges Courchesne, pour un voyage d'études en Europe. Il était inscrit à l'Angelicum de Rome en vue d'une licence en théologie, le 8 avril 1939, quand il fut ordonné prêtre à Saint-Jean-de-Latran. Mais par suite de la déclaration de la seconde Grande Guerre cette année-là, il dut renoncer à son projet d'études supérieures et revenir en hâte au pays.

De retour à Rimouski, en novembre 1939, l'abbé Saintonge fut adjoint d'abord aux prêtres du Petit Séminaire, puis moins d'un an plus tard, il fut nommé vicaire à Saint-Donat. En avril 1941, il devenait l'aumônier régional de l'A.C.J.C., avec résidence à l'École Normale de Sainte-Rose-du-Dégelis. Cette fonction lui donnait mandat dans les mouvements spécialisés d'action catholique, comme la J.A.C., la J.E.C., la J.O.C., etc. À l'occasion du tournant imprimé à l'Action Catholique diocésaine, en 1942, il cessa d'être aumônier et redevint vicaire. Il le fut à Sainte-Rose, aujourd'hui Ville Dégelis, de 1942 à 1944 et à Causapscal de 1944 à 1948. Par la suite et jusqu'en 1952, il oeuvra encore à Ville Dégelis, mais cette fois comme principal de l'École Normale. Pendant les vacances de son principal, il a préparé un baccalauréat en Pédagogie à l'Université Laval.

Une nouvelle vie commence pour l'abbé Saintonge en 1952. Mgr Charles-Eugène Parent l'appelle à résider à l'Archevêché et fait de lui le Directeur diocésain de l'Action Catholique. Du coup, il est chargé de la direction et de l'administration de la revue "Le Centre Saint-Germain" ainsi que de la rédaction du bulletin sacerdotal "In corde et in labiis". Il est en outre aumônier diocésain des "Messagères de Notre-Dame", des cercles de l'A.J.C. et de la Fédération des Commissions scolaires. Tâche écrasante et complexe que la sienne, mais il s'y atèle avec une étonnante ténacité et surtout il sait s'entourer d'auxiliaires qui le secondent à merveille dans son labeur.

En 1956, l'abbé Saintonge est nommé Chanoine du Chapitre cathédral de Saint-Germain de Rimouski. On le verra succéder à Mgr Louis Martin comme Prévôt du Chapitre en 1960. Le chanoine Saintonge est élevé à la dignité de Prélat, en 1959, et nommé Vicaire Général du diocèse. Comme tel, il a oeuvré sous la direction de trois archevêques, soit avec Mgr Charles-Eugène Parent pendant huit ans, avec Mgr Louis Levesque pendant six ans et pendant quelques mois avec Mgr Gilles Ouellet. Il fut pendant dix ans l'aumônier du Centre de détention de Rimouski et pendant un mois, en 1973, il a agi comme vicaire capitulaire du diocèse.

Cette année-là, Mgr Saintonge est nommé curé de Saint-Éloi. Il s'y rend et se donne corps et âme à son nouveau ministère. Mais au bout d'un an, ses forces sont épuisées et il doit se résigner à la retraite. Il revient donc à l'Archevêché en 1974, et c'est là que s'écouleront ses dernières années. Mais gardons-nous de croire que celles-ci se sont dépensées dans l'oisiveté. Pendant quatre ou cinq ans, il fait encore du ministère soit chez les Soeurs Missionnaires de l'Immaculée-Conception de Rimouski, soit auprès des personnes âgées du Domaine Charles-Eugène-Parent. Dans sa solitude, il écrit. Il a légué aux siens l'histoire de sa famille et à nous tous, un témoignage authentique et éclairant sur un quart de siècle au moins de vie diocésaine.

Mgr Philippe Saintonge occupait une place éminente dans l'appréciation unanime du Clergé diocésain. C'était le prêtre qu'on ne pouvait s'empêcher d'admirer, d'aimer et de respecter à cause de ses rares qualités de coeur et d'intelligence. On l'avait en vénération surtout pour la sincérité et l'élévation de ses sentiments, pour la distinction de sa personne, pour la bienveillante fermeté de son caractère, pour l'exquise cordialité de ses rapports, pour la sagesse de ses conseils et pour la précision de ses avis. Son souvenir devrait demeurer comme un phare sur notre route.

Ses funérailles, présidées par Mgr Louis Levesque, ont été célébrées en la Cathédrale de Rimouski, le 24 octobre 1983. Il a été inhumé le même jour dans le cimetière de Saint-Germain.

Léo Bérubé, prêtre, Archiviste
D'une semaine... à l'autre, no 591 (7 novembre 1983), annexe.

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