Abbé LÉONARD PARENT
(1920-1996)

«Je trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et ce qui manque aux détresses du Christ, je l'achève en faveur de son corps qui est l'Église» (Colossien 1, 24).

L'abbé Léonard Parent est décédé au centre hospitalier régional du Rimouski, le 13 mars 1996, à l'âge de soixante-quinze ans et neuf mois. L'abbé Parent était bénéficiaire de cette institution depuis près de 50 ans. Mgr Bertrand Blanchet, archevêque de Rimouski, a présidé le service religieux le 16 mars dernier en la cathédrale de Rimouski, qui rassemblait pour l'occasion une foule nombreuse composée de parents et d'amis du défunt. Mgr Gilles Ouellet, archevêque émérite de Rimouski, ainsi que plusieurs prêtres de ce diocèse assistaient le président d'assemblée dans la concélébration des funérailles. À l'issue de la cérémonie religieuse, la dépouille mortelle a été transportée au cimetière paroissial de Saint-Mathieu pour y être inhumée. L'abbé Léonard Parent était le frère de feu Mgr Charles-Eugène Parent, ancien archevêque de Rimouski. Il laisse dans le deuil sa soeur Irène, de la communauté des Soeurs de la Charité de Québec, ses frères Victor et Louis, sa belles-soeur Bernadette Bérubé ainsi que plusieurs neveux et nièces.

Fils de feu Louis Parent et feu dame Marie Lavoie, Léonard Parent est né à Saint-Mathieu le 10 juin 1920. Il a complété ses études classiques (1934-42) et théologiques (1942-46) au Séminaire de Rimouski. Le 30 juin 1946, en l'église de Saint-Mathieu, il recevait l'ordination sacerdotale de son frère, Mgr Charles-Eugène Parent, alors évêque auxiliaire à Rimouski.

Nommé professeur au Séminaire de Rimouski le 8 juillet 1946, il y enseigna l'instruction religieuse aux classes d'éléments latins et fut régent chez les plus grands. En avril 1947, des problèmes de santé l'obligèrent à quitter le Séminaire. Souffrant de rhumatismes aigus, il se retira alors dans sa famille pour y refaire ses forces durant l'été. Mais à la reprise de ses cours, son acuité visuelle déclina graduellement, tant et si bien qu'il dût se résigner à quitter l'enseignement. Il emménagea alors à l'archevêché de Rimouski pour quelque temps. Comme son malaise durait encore au printemps suivant, il se rendit à Québec consulter un médecin, qui lui prescrivit un régime sévère qui n'améliora pourtant pas son état. Finalement, sur le conseil du docteur, il décida de consulter un spécialiste de Montréal. C'est à ce moment qu'on diagnostiqua le mal incurable dont il souffrait : la sclérose en plaques.

De retour à Rimouski, après un pèlerinage à Notre-Dame-du-Cap, l'abbé Parent se rendit à l'hôpital Saint-Joseph où il s'est occupé des malades à titre d'aumônier-adjoint. Après l'incendie de l'hôpital le 7 mai 1950, il logea pour un certain temps à l'archevêché de Rimouski. En cette Année sainte, il se rendit à Lourdes et à Rome en compagnie de son frère, l'évêque auxiliaire de Rimouski. Après avoir assisté à la proclamation du dogme de l'Assomption et à la béatification de la bienheureuse Marguerite Bourgeois, il quitta la Ville éternelle pour Paris, où il subit une série de traitements qui s'avérèrent par la suite tout à fait inefficaces.

De retour au Canada, il reprit son ministère auprès des malades de l'hôpital Saint-Joseph de Rimouski, ministère qu'il exerça durant près de 25 ans, de jour comme de nuit, en se déplaçant péniblement. Depuis 1973, il était pratiquement confiné à sa chambre. Paralysé de la tête aux pieds, ne voyant plus et s'exprimant avec difficulté, il demeurait malgré tout présent et accessible aux personnes malades ou en santé qui lui rendaient visite pour trouver réconfort. Il représentait pour tous un modèle d'acceptation et d'abandon de soi. Pourtant, il reconnaissait lui-même que cet état d'esprit n'avait pas été facile à atteindre. Et ce n'est qu'après plusieurs pèlerinages à Notre-Dame-du-Cap (1947, 1954 et 1962) et en Europe (1950) qu'il avait pu y arriver. Une audience privée accordée par le pape Pie XII avait été particulièrement déterminante dans son cheminement. À cette occasion, le Saint-Père lui avait confié qu'il voyait dans sa maladie l'oeuvre du Seigneur qui ferait de lui, pour son diocèse, un prêtre souffrant comme Lui et collaborant par ses souffrances avec le Christ au salut des âmes. Il ajoutait également que son charisme serait la souffrance, la prière et l'accueil.

La célébration de l'Eucharistie et la récitation du rosaire était pour lui un véritable apostolat. Par sa messe et sa prière, il était porteur des aspirations et des souffrances des personnes qui se recommandaient à lui, des personnes qui l'entouraient de leurs soins, sans parler des nombreux visiteurs, dont le plus fidèle fut certainement Mgr Parent, qui se rendait chaque soir auprès de lui, et ce, jusqu'à son décès survenu en 1982.

Par sa prière et son Eucharistie, l'abbé Léonard Parent a offert à notre Église diocésaine une véritable présence qui ne s'est démentie en aucun moment de sa vie. Nous prierons pour lui, mais nous le prierons aussi de continuer d'intercéder pour nous...

Sylvain Gosselin, Archiviste
D'une semaine... à l'autre, vol. 34, no 2 (2 février 1998), annexe.



© 1999-, Archidiocèse de Rimouski. Tous droits réservés. Reproduction interdite.